Une tente à l’entrée des Urgences du CHU de Bordeaux en situation critique, « médecine de guerre en temps de paix »

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Une tente provisoire, réservée d'ordinaire aux situations de médecine de catastrophe ou lors de manifestations, est installée depuis mardi 2 février au soir à l'extérieur du CHU de Bordeaux, faute de places pour prendre en charge les patients au sein de l'hôpital "en situation critique", a-t-on appris auprès d'un collectif d'urgentistes et de la direction.

Une tente à l’entrée des Urgences du CHU de Bordeaux en situation critique, « médecine de guerre en temps de paix »

"Durant la nuit, le manque de personnel a directement affecté la disponibilité des soins. On parle de réelles séquelles. Médecine de guerre en temps de paix", a dénoncé jeudi le Collectif Urgences Bordeaux postant une photo de l'une de ces grandes tentes blanches sur les réseaux sociaux.

Ce poste médical avancé, dans le hall d'entrée des urgences accueillant les ambulances, avait déjà été dressé à l'extérieur de l'hôpital en mars 2020 lors de la première vague de Covid-19. Tout comme une construction modulaire située à proximité qui n'était plus utilisée et qui a été réactivée comme autre poste médical avancé en début de semaine.

Un troisième poste médical a été installé à l'intérieur de l'hôpital pour accueillir des patients présentant les cas les plus urgents.

Ce dispositif doit permettre de "garantir les soins urgents pour au moins les 48 prochaines heures et absorber le surplus de patients se présentant aux urgences" alors même que le CHU de Bordeaux "prend en charge un nombre inégalé de patients atteints de Covid-19", explique la direction dans un communiqué de presse.

"Aucun patient n'est reparti à domicile sans soin, ni le 1er ni le 2 février", a-t-elle précisé, ajoutant que la décision de maintenir le dispositif sera évaluée "toutes les 24H".

Selon le CHU, "la saturation de tous les services d'urgences du territoire a entraîné une réorientation de patients vers les urgences" tandis "qu'un nombre important de professionnels sont eux-mêmes touchés par le Covid et donc absents".

Au contraire, pour le Collectif Urgence Bordeaux, "la direction invoque un afflux aux urgences inhabituel. C'est faux ! Et ce n'est pas la situation du Covid qui nous met dans cette situation : c'est le manque de place, le manque de personnel soignant", s'est insurgé Pierre Catoire, médecin urgentiste CHU et membre du collectif, à l'AFP.

Il manquerait aux urgences 25% de personnel, selon lui. "Les urgences du CHU sont faites pour accueillir environ 80 à 100 patients par jour. Or aujourd'hui, avec la croissance démographique de l'agglomération, on est à 180 patients par jour en moyenne ce n'est plus tenable !", assure-t-il.

Le collectif dénonce "des prises en charges dégradées pour plusieurs patients ces dernières heures, dont certains garderont des séquelles à vie, et notamment de jeunes patients".

Avec AFP

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