Président de l’Ordre d’Eure et Loire, j’ai créé une plateforme de communication entre confrères, car malgré ses défauts, l’Ordre est indispensable aux médecins

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Julien Cottet, président de l’Ordre des médecins d’Eure et Loire depuis janvier 2020, a lancé, cet été, une plateforme pour mettre en relation les professionnels de santé avec des propositions de stages pour les étudiants, les remplacements, les cabinets... Entretien avec le plus jeune président d’un Ordre départemental qui révolutionne l’institution.

Président de l’Ordre d’Eure et Loire, j’ai créé une plateforme de communication entre confrères, car malgré ses défauts, l’Ordre est indispensable aux médecins

What’s up doc : En quoi consiste la plateforme que vous avez mis en place ?

Julien Cottet : Cette plateforme met en relation les professionnels de santé installés avec des remplaçants, des étudiants ou des futurs installés. On y trouve des offres de successions de cabinet, des offres de remplacements pendant les vacances ou réguliers. Cela permet aussi aux villes de mettre en valeur leur territoire, leurs projets et leurs locaux vacants. Il y a aussi une troisième partie avec tous les hébergements possibles. Nous savons qu’il est parfois difficile pour les internes, les remplaçants ou les stagiaires de se loger. Nous avons donc recensé les hébergements possibles dans le département pour les professionnels de santé. Enfin la quatrième partie est consacrée aux stages. Ils y sont extrêmement bien décrits pour les étudiants en procédure de choix.

Cette plateforme s’adresse aux médecins, aux pharmaciens, aux kinés, aux sages femmes et aux dentistes, les cinq professions ordinales.

Comment vous est venue cette idée ?

J.C. : Je me suis rendu compte depuis 10 ans, que l’information était éparpillée. Elle n’était pas centralisée. Un médecin qui part à la retraite ne sait pas où poster une annonce. La presse médicale n’est plus lue par les jeunes. Une ville ne sait pas comment faire la promo de son territoire. Les jeunes qui arrivent, donnent leurs coordonnées au Conseil de l’Ordre mais personne ne les rappelle. Plein de gens ont besoin de communiquer entre eux et je trouvais cela un peu dommage que tout le monde poste ses annonces dans un coin. Surtout à l’heure où il y a des maisons de santé pluridisciplinaires, que tout le monde travaille ensemble.

Avez-vous vu des améliorations, depuis que cette plateforme existe ?

J.C. : Nous n’avons pas encore de recul. C’est une première ! Cela prend déjà très bien car tous les jours il y a des nouvelles annonces. Il y a donc une attente et une pertinence. Il va falloir qu’on en fasse la promotion et la présente aux étudiants afin qu’ils la connaissent et puissent s’en servir. Donc il y aura un premier temps de remplissage puis un temps de diffusion auprès des intéressés. Nous comptons aussi y apporter des améliorations.

Depuis quand avez-vous des responsabilités au sein de l’Ordre ?

J.C. : J’y suis déjà depuis 2014 et j’ai brigué le poste de président en 2020 pour mettre un coup de jeune et moderniser l’Ordre. J’ai été élu à l’âge de 36 ans, c’est très jeune. J’étais le plus jeune président élu dans l’histoire de l’Ordre.

De plus en plus de médecins ne veulent pas payer la partie nationale de leur cotisation ?

J.C. : Il y a une incompréhension. Il n’y a pas assez de communication de la part de l’Ordre national et de certains Ordres régionaux. C’est pour cela que j’ai décidé de rentrer dans l’Ordre, afin de montrer ce que l’on fait tous les jours. Nous agissons beaucoup. Si l’Ordre n’était pas là, ce serait une catastrophe. Je pense que les médecins ne se rendent pas compte de tout ce que l’on met en place pour eux, pour les protéger et protéger les patients.

Dans mon département, j’ai mis en place beaucoup de communication tous les mois. Ca a beaucoup amélioré les relations avec les médecins.

En ce qui concerne l’Ordre national il y a un fond de vérité et je le partage.  Il y a une différence avec ce que l’on fait au niveau départemental où on siège partout à l’ARS, à la Sécu, nous aidons les confrères et les patients. Nous avons tout un tas d’activités et périmètres de compétences.

L’Ordre national est assez inerte et conservateur avec des prises de positions qui peuvent choquer certains de nos confrères, moi y compris. Il y a une dichotomie entre ce que nous faisons au niveau territorial et national. D’autres part, c’est vrai que 360 euros, ça peut être absorbé pour un médecin libéral mais cela peut faire beaucoup pour un hospitalier ou un remplaçant.

Moi-même, j’ai envoyé un mail dans lequel je refusais d’aller à la réunion du samedi 1er octobre et je n’ai toujours pas de nouvelle. Nous avons un Ordre du jour scandaleux. Ils font venir 100 présidents de toute la France, des secrétaires, des trésoriers dans une salle qui va coûter des centaines de milliers d’euros, sans parler de l’impact carbone. On ne parle ni de désertification, ni de coercition, ni de délégation des tâches, ni de fin de vie. C’est le vide !

Certains sont pour la dissolution pure et simple de l’Ordre, qu’en pensez-vous ?

J.C. : C’est une bêtise ! Ils ne peuvent pas y croire au fond d’eux. S’il n’y a plus d’Ordre, il n’y a plus de déontologie. Il y a forcément quelqu’un qui fera le boulot que l’on fait : l’ARS qui déteste du premier au dernier médecin de France, la sécu ou le ministère. Ils vont déchanter car cela ne va pas être des confrères. Ils ne se rendent pas compte de ce que nous faisons à longueur de journée. Nous pouvons changer pleins de choses au niveau départemental, régional et national. Crier à la dissolution veut dire que l’état prendra en charge les choses. Ceux qui réclament ça, souvent des syndicats, sont les mêmes qui disent que l’état fourre son nez partout, qu’il détruit l’hôpital, qu’il n’y a plus de médecin libéral, qu’il y a trop d’administratif, qu’il y a trop de strates…

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