« Padhue, j’ai soigné 6 ans en France comme hémato à l’hôpital et on a rejeté mon dossier, je ne peux plus exercer, c’est incompréhensible ! »

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Personne n’est sans savoir que la pénurie médicale est au plus fort. Pourtant en parallèle certains PADHUE voient leur dossier rejeté. Tel est le cas de Basile*, hématologue, qui a voulu nous raconter son vécu tout en restant anonyme pour ne pas froisser davantage son CHU.

« Padhue, j’ai soigné 6 ans en France comme hémato à l’hôpital et on a rejeté mon dossier, je ne peux plus exercer, c’est incompréhensible ! »

© IStock 

What's up doc : Depuis combien de temps travaillez-vous en France ?

Basile : Je suis venu en France en 2016 dans le cadre d’un DFMS (Diplôme de Formation Médicale Spécialisée). J’ai d’abord travaillé à l’AP-HP pendant 6 semestre puis j’ai effectué un semestre en Normandie et 18 mois de consolidation. Cela fait donc 6 ans que je travaille en France, en tant qu’hématologue avec un salaire au SMIC.

Dans mon pays d’origine j’avais la possibilité de compléter la période d’internat dans un « pays partenaire ». J’ai donc choisi la France. Mon pays a validé mon parcours de formation. Je suis PAA (praticien associé attaché) depuis 2020 et il fallait que je passe par la commission pour être reconnu en tant que praticien à part entière.

Quel problème avez-vous rencontré ?

B : Lors de la première phase, je suis passé par la commission Régionale d’autorisation d’exercice, la commission de régularisation (CRAE). Elle a jugé qu’étant donné que j’avais réalisé 7 semestres, il m’en manquait 3 pour être équivalent à l’internat français et finaliser la maquette. Ce que j’ai fait sur leur conseil : j’ai donc exercé 18 mois supplémentaires.  

Mais quand j’ai représenté mon dossier, la commission du CNG l’a rejeté avec pour motif que je n’avais pas complété certaines démarches administratives dans mon pays, chose qui m’était difficile de faire étant donné la pression sur le système de santé, et le peu de jours dont je disposais pour rentrer là-bas. J’ai dû quitter mon poste à cause de cette décision alors que je travaille en tant que PAA depuis juin 2020. J’ai formulé un recours gracieux mais je n’ai pas eu de réponse.

Ce qui me surprend est l’acceptation de mon dossier par l’ARS en Décembre 2020, sans aucun avertissement que mon dossier serait bloqué à cause de la non-délivrance de mon diplôme de spécialité dans mon pays d’origine.

Je suis persuadé que j’ai été trompé et que la France m’a exploité pendant ces 6 ans de travail.

Tant que l’on travaille comme esclave nous sommes autorisés et aptes à soigner mais dès qu’on demande une reconnaissance, nous ne sommes plus de vrais médecins !

Que comptez-vous faire si la situation ne s’arrange pas ?

B : Je vais saisir le tribunal. Si le tribunal ne me donne pas raison, j’irai dans un autre pays où les médecins sont mieux payés et respectés.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/manif-des-padhue-veut-juste-legaliser-lexercice-de-medecins-qui-soignent-deja-les-francais

 

Nous avons contacté le CNG  qui nous a expliqué que si son dossier avait été rejeté, c’est parce que la commission avait considéré que son dossier n’était pas suffisant pour maîtriser la spécialité, « nous sommes d’autant plus vigilant quand il s’agit de spécialités chirurgicales » explique Philippe Touzy, Chef du département concours, autorisation d'exercice, développement professionnel au Centre National de Gestion . « Toutefois la porte n’est pas fermée. S’il obtient la délivrance de son diplôme dans son pays d’origine, il pourra passer les épreuves de vérification des connaissances. Les rejets sont multifactoriels, les examinateurs se basent sur les diplômes, la pratiques et les appréciations. Le rapporteur mène son enquête. De plus sur un total de 2 300 dossiers de PADHUE, 93 % ont été acceptés.

Par ailleurs, l’avis de la commission régionale n’est pas toujours en adéquation avec celui du CNG. » 

*Le prénom a été changé

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