What’s up doc : Qu’est-ce que Qualidoc ?
Romain Jaillant : C’est une plateforme internet, conçue par des chirurgiens pour informer les patients sur la chirurgie et ceux qui la pratiquent. Il y a deux volets sur Qualidoc, d’une part l’information avec une centaine d’articles rédigés par les chirurgiens de la communauté. Certains sont simples pour être accessibles aux patients, d’autres plus détaillés pour les praticiens. D’autre part c’est aussi un collectif de médecins, réunis autour de valeurs communes qui promeuvent la qualité sous un label : le label Qualidoc.
Comment vous est venue l’idée ?
RJ. : Nous sommes deux ophtalmos, nous discutions pas mal et nous avons fini par faire trois constats dans notre métier : Premièrement, les patients sont de plus en plus connectés. Ils attendent de l’information et de la compréhension de leur maladie. Clairement, internet n’est pas suffisant, l’information est disparate, pas toujours fiable. Deuxièmement, la lisibilité sur qui fait quoi n’est pas toujours évidente. Et trois, la chirurgie, est un exercice très solitaire. L’idée était de transformer l’exercice de la chirurgie en une expérience collective. Ces trois constats sont les trois promesses de Qualidoc : proposer une information fiable et vérifiée, tenir un annuaire à jour avec une description précise des spécialités médicales exercées et la construction d’un collectif qui partage des idées, des projets.
Vous êtes les premiers à avoir créé un label dans ce domaine ?
RJ. : Oui nous sommes les premiers à en avoir créé un dans cet esprit. Il y avait des initiatives comparables comme le classement du Point, Qualiscope, ou Maternys. Mais nous sommes différents. Eux font des classements, nous, notre objectif est de créer une communauté, donner des outils pour partager un savoir-faire.
Ce n’est pas anodin si nous ne laissons pas apparaitre le volume d’activité de chaque chirurgien, l’activité, le nombre d’opérations, est très important quand il est perçu comme un seuil minimum, mais il n’est pas affiché pour ne pas inciter à la comparaison. D’autre part, la course au volume n‘a pas de sens.
Nous évaluons des individus, pas des établissements à la différence de tout ce qui existe car cela créerait des écueils et ne favoriserait pas un maillage du territoire homogène.
Comment fait-on pour obtenir ce label et entrer dans cette communauté ?
RJ. : Il est ouvert à tous les chirurgiens, même si pour le moment nous ne sommes que des ophtalmos. C’est une candidature libre que l’on fait sur notre site. Pour attribuer le label nous nous appuyons sur le respect des bonnes pratiques que doit satisfaire un chirurgien qui sont basés sur des critères vérifiables, mesurables, et objectifs. Il y a des critères conventionnels de formation, des critères de publication, et le volume d’activité. La crédibilité d’un chirurgien est aussi corrélée à son volume d’activité. La procédure est déclarative avec une signature et un engagement sur l’honneur. Nous effectuons des contrôles aléatoires.
Ce label est-il reconnu par la société savante, l’Ordre des médecins ou l’ARS ?
RJ. : Il n’est pas reconnu par l’Ordre des médecins. Il engage les gens qui y adhérent. J’ai sollicité tout le monde, toutes ces instances savent que nous existons et le trouvent intéressant mais sa reconnaissance officielle est plus compliquée. Il y a des enjeux qui se superposent. Nous avons le droit d’être un label non reconnu.
Côté patient, avez-vous eu des retours ?
RJ. : Il y a une bonne fréquentation du site. Nous avons moins d’un an d’existence et nous comptons 60 000 visiteurs uniques mensuels donc entre 1 000 et 2 000 visites par jour pour 50 praticiens actuellement inscrits.
https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/ophtalmologie-parce-que-cest-performant-0
Avez quantifié la visibilité qu’offre Qualidoc ?
RJ. : Je ne le fais pas pour la visibilité mais par conviction avant tout. La réelle intention est de valoriser les praticiens qui ont la même vision que nous et de mettre un outil qui puissent donner une information au patient.
Quels sont vos objectifs futurs ?
RJ. : Il y en a deux. Dans un premier temps, se faire accepter par les ophtalmos, convaincre du bien fondée de notre démarche. Si nous arrivons à faire ce pas avec succès ce sera bien. Ensuite être connu par l’ensemble des chirurgiens. Notre objectif est de tirer le système de santé vers le haut grâce à des indicateurs de qualité, défendre une médecine de qualité. Je trouverai ça top que les gens aient le réflexe Qualidoc avant toute action chirurgicale pour essayer de comprendre à quelle sauce ils vont être mangés.