Les règles du parfait médecin sur les réseaux sociaux

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Médecins et réseaux sociaux, un duo dangereux. Qu’est-ce qu’un médecin peut faire et ne peut pas faire ? Que peut-il publier ? Que dit la loi ? Que risque-t-il en cas d’erreur ? Patrick Sergeant, avocat au barreau de Paris, et Valérie Cordonnier, juriste et chef de produit responsabilité professionnelle et Protection juridique à la MACSF, Jimmy Pecheur, responsable des RS du collège des jeunes orthopédistes, nous répondent.

Les règles du parfait médecin sur les réseaux sociaux

© IStock 

Un médecin ne peut pas publier tout et n’importe quoi sur les réseaux sociaux. Il faut avoir en tête un certain nombre de prérequis : ne pas nuire à son employeur, respecter l’obligation de réserve, bien entendu le devoir de co-fraternité, donc ne pas ternir la réputation des confrères, et surtout, surtout : respecter le secret médical !

Le secret médical peut vite être bafoué avec la publication de clichés d’un patient avant/après une opération par exemple. Jimmy Pecheur nous confirme : « il est tentant de publier des clichés radiographiques extraordinaire. Le résultat d’une opération. Mais où mettons-nous la limite de l’anonymat ? ».

Comment rendre une photo inattaquable ? Patrick Sergeant, avocat au barreau de Paris, explique : « Rien n’est inattaquable même si le décret de décembre 2020, assouplie un peu les contraintes de publication.»

Après le code de la santé publique et l’Ordre des médecins sont très clairs :

Il est interdit :

- de publier des photographie avant/après.

  • De partager des avis de patients élogieux qui vantent les méthodes de leur praticien.
  • D’acheter de la publicité payante sur un réseau social ou de payer pour son référencement sur un moteur de recherches tel que Google. Tout comme d’acheter des mots clés #.

« Un médecin peut partager des clichés dans un but scientifique, sans volonté de promotion, auquel cas il s’expose à des poursuites du patient et du conseil de l’ordre ».

Le vrai mot d’ordre à retenir : il ne faut pas être dans la promotion de ses services de ses capacités ou de son exercice. En bref, on ne fait pas sa pub.

Comment préserver sa e-réputation ?

L’avis sur les pages Google est très sensible. « Être noté comme un hôtel ou un restaurant est mal vécu par les praticiens. D’autant plus que le patient n’est pas toujours le plus à même de noter son médecin » exprime Jimmy Pecheur.

Le conseil prodigué par Valérie Cordonnier, est de ne « surtout pas réagir à chaud. La critique est légale tant que cela ne rentre pas dans l’injure ou la diffamation. Nous conseillons à nos adhérents de répondre par des phrases type ou bien ne pas répondre ». Ne jamais répondre sur le fond mais plutôt dire : « j’entends que vous n’êtes pas satisfait vous pouvez revenir si vous le souhaitez ». Il faut surtout être vigilant à ne pas violer le secret professionnel par une justification trop précise qui expliquerait en détail la pathologie, le diagnostic et le traitement choisi.

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Malheureusement les avis Google ne peuvent pas être supprimés. Et ont un effet pervers car il reste dans le temps et peuvent être lus par tous. « Quand nous souhaitons enlever la fiche google, le praticien perd en visibilité ». Les solutions ne sont pas multiples, il faut appeler une société qui fait du nettoyage ou bien avoir recours à la justice. « Les problèmes sont courants, nous avons 700 dossiers par an» précise la juriste de MACSF.

Un praticien peut porter plainte pour diffamation mais l’effet est loin d’être immédiat. L’avis reste en ligne, avec son effet néfaste, alors que la procédure peut prendre jusqu’à 3 ans. Un autre écueil peut survenir : « les avis sont souvent anonymes et Google n’accepte pas toujours de lever l’anonymat. La jurisprudence est encore flottante à ce sujet ».

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