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Une annonce sans concertation
Lundi 10 octobre, au centre hospitalier d’Amilly (CHAM), le président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau, a dévoilé la création d’une première année de médecine dans le Loiret, en présence du recteur Jean-Philippe Agresti, de la préfète Sophie Brocas et du président de l’université d’Orléans, Éric Blond. Une révélation surprise : ni la faculté de médecine de Tours, ni le Conseil de l’Ordre régional n’avaient été informés.
« Je n’étais pas au courant. Cela n’a pas été discuté avec moi », a réagi le doyen de la faculté de médecine de Tours, Denis Angoulvant, joint par France 3 Centre Val de Loire. Même réaction du président du Conseil de l’Ordre des médecins Centre-Val de Loire, Patrick Petit : « Je ne l’étais pas non plus, et je pense que nous avons d’autres priorités pour l’instant. »
Aujourd’hui, la faculté de Tours assure près de 75 % des enseignements de première année dans la région, y compris pour les étudiants d’Orléans, qui suivent déjà une partie des cours en visioconférence. Si le projet d’Amilly se concrétise, les étudiants y assisteront eux aussi à distance, depuis le nouvel IFSI du CHAM, qui pourrait accueillir entre 30 et 50 étudiants.
Le doyen de Tours s’interroge : « Je ne vois pas comment Orléans peut ouvrir une première année sans nous consulter, puisque nous assurons la majorité des cours. »
Former au plus près des territoires
Pour François Bonneau, l’objectif est de renforcer l’attractivité des territoires en tension. « 60% des médecins s’installent sur leur territoire d’origine. Or, le Montargois, avec près de 200 000 habitants, souffre d’un grave déficit de médecins de ville », a-t-il expliqué.
Le projet s’inscrit dans le Pacte de lutte contre les déserts médicaux présenté au printemps 2025 par le gouvernement de François Bayrou. Ce plan vise à créer une première année d’accès aux études de santé dans chaque département d’ici 2026. Trois propositions doivent être transmises au ministère : Blois, Chartres et Amilly.
Selon la DRESS, le Montargois ne compte en moyenne que 2,7 rendez-vous médicaux annuels par habitant, contre 4 à Tours. Une statistique qui illustre la pénurie locale mais ne garantit pas, à elle seule, l’efficacité du dispositif.
Des professionnels partagés
L’intention est saluée, mais la méthode et la faisabilité interrogent. « C’est positif si cela permet à des jeunes d’étudier sans quitter leur territoire, mais il ne faut pas disperser les moyens : on manque déjà d’enseignants », souligne Patrick Petit.
Du côté de Tours, on redoute des inégalités entre étudiants. « Le risque est que les étudiants de petites structures comme Montargis soient défavorisés, notamment avec le manque de tutorat », alerte Denis Angoulvant.
François Bonneau se veut rassurant : « Des externes et internes exercent déjà à Montargis. Leurs compétences serviront à accompagner les futurs étudiants. Ils auront du tutorat. » Mais pour l’heure, le doyen reste dans l’incertitude : « Nous n’avons pas été associés, et nous ignorons quel modèle sera retenu. Le système PASS/LAS pourrait évoluer d’ici à 2027. »
Un projet encore fragile
Le président de la région se montre confiant : « La candidature du Montargois est solide. Nous ne retirons rien aux sites existants de Tours ou d’Orléans. Nous voulons simplement rapprocher les jeunes de leurs études et répondre à la pénurie de médecins. »
Reste que le ministère de l’Enseignement supérieur n’a pas encore validé le projet. Pour l’instant, il ne s’agit que d’une proposition. Selon l’Insee, la moitié des nouveaux médecins s’installent à moins de 43 kilomètres de leur université d’origine. Un argument qui soutient l’idée d’une implantation locale…