Une fac de médecine surprise à Montargis !

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Sans prévenir la faculté de Tours ni l’Ordre des médecins, la région Centre-Val de Loire a annoncé l’ouverture d’une première année de médecine en périphérie de Montargis dès 2027. Un projet justifié par la lutte contre les déserts médicaux, mais encore loin d’être validé par le ministère. Une drôle d'affaire...

Une fac de médecine surprise à Montargis !

© Midjourney x What's up Doc

Une annonce sans concertation

Lundi 10 octobre, au centre hospitalier d’Amilly (CHAM), le président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau, a dévoilé la création d’une première année de médecine dans le Loiret, en présence du recteur Jean-Philippe Agresti, de la préfète Sophie Brocas et du président de l’université d’Orléans, Éric Blond. Une révélation surprise : ni la faculté de médecine de Tours, ni le Conseil de l’Ordre régional n’avaient été informés.

« Je n’étais pas au courant. Cela n’a pas été discuté avec moi », a réagi le doyen de la faculté de médecine de Tours, Denis Angoulvant, joint par France 3 Centre Val de Loire. Même réaction du président du Conseil de l’Ordre des médecins Centre-Val de Loire, Patrick Petit : « Je ne l’étais pas non plus, et je pense que nous avons d’autres priorités pour l’instant. »

Aujourd’hui, la faculté de Tours assure près de 75 % des enseignements de première année dans la région, y compris pour les étudiants d’Orléans, qui suivent déjà une partie des cours en visioconférence. Si le projet d’Amilly se concrétise, les étudiants y assisteront eux aussi à distance, depuis le nouvel IFSI du CHAM, qui pourrait accueillir entre 30 et 50 étudiants.

Le doyen de Tours s’interroge : « Je ne vois pas comment Orléans peut ouvrir une première année sans nous consulter, puisque nous assurons la majorité des cours. »

Former au plus près des territoires

Pour François Bonneau, l’objectif est de renforcer l’attractivité des territoires en tension. « 60% des médecins s’installent sur leur territoire d’origine. Or, le Montargois, avec près de 200 000 habitants, souffre d’un grave déficit de médecins de ville », a-t-il expliqué.

Le projet s’inscrit dans le Pacte de lutte contre les déserts médicaux présenté au printemps 2025 par le gouvernement de François Bayrou. Ce plan vise à créer une première année d’accès aux études de santé dans chaque département d’ici 2026. Trois propositions doivent être transmises au ministère : Blois, Chartres et Amilly.

Selon la DRESS, le Montargois ne compte en moyenne que 2,7 rendez-vous médicaux annuels par habitant, contre 4 à Tours. Une statistique qui illustre la pénurie locale mais ne garantit pas, à elle seule, l’efficacité du dispositif.

Des professionnels partagés

L’intention est saluée, mais la méthode et la faisabilité interrogent. « C’est positif si cela permet à des jeunes d’étudier sans quitter leur territoire, mais il ne faut pas disperser les moyens : on manque déjà d’enseignants », souligne Patrick Petit.

Du côté de Tours, on redoute des inégalités entre étudiants. « Le risque est que les étudiants de petites structures comme Montargis soient défavorisés, notamment avec le manque de tutorat », alerte Denis Angoulvant.

François Bonneau se veut rassurant : « Des externes et internes exercent déjà à Montargis. Leurs compétences serviront à accompagner les futurs étudiants. Ils auront du tutorat. » Mais pour l’heure, le doyen reste dans l’incertitude : « Nous n’avons pas été associés, et nous ignorons quel modèle sera retenu. Le système PASS/LAS pourrait évoluer d’ici à 2027. »

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/fin-du-concours-de-premiere-annee-des-etudes-plus-courtes-de-deux-ans-les-propositions

Un projet encore fragile

Le président de la région se montre confiant : « La candidature du Montargois est solide. Nous ne retirons rien aux sites existants de Tours ou d’Orléans. Nous voulons simplement rapprocher les jeunes de leurs études et répondre à la pénurie de médecins. »

Reste que le ministère de l’Enseignement supérieur n’a pas encore validé le projet. Pour l’instant, il ne s’agit que d’une proposition. Selon l’Insee, la moitié des nouveaux médecins s’installent à moins de 43 kilomètres de leur université d’origine. Un argument qui soutient l’idée d’une implantation locale…

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