
D’après un sondage IPSOS, 50% des français ont déjà renoncé à au moins un acte de soin au cours des 5 dernières années à cause des délais d’attente trop importants. Entre 2019 et 2024 les délais d’attente ont augmenté pour chaque spécialité médicale : +6 jours pour le médecin généraliste, +1 semaine pour un rendez-vous chez le pédiatre ou chez le gynécologue, +3 semaines pour un cardiologue ou pour un ORL et enfin +1 mois pour le dermatologue.
En bref, la pénurie de soignants n’est plus à prouver. Pourtant, selon Didier Gosset, « nous n’avons jamais eu autant de médecins en France. » Pour le doyen de la Faculté de médecine de Lille, il faut retourner à la source : les études de médecines.
Les nombreuses réformes des études de médecines seraient « inefficaces et mal réparties dans le temps »
« Les réformes des études médicales se sont succédées à marche rapide, dans le plus grand désordre et sans cohérence chronologique : réforme du troisième cycle (R3C) en 2017, du premier cycle (R1C) en 2020, du baccalauréat en 2021 pour se terminer avec la réforme du second cycle (R2C) et de l’accès au 3ème en 2024. », indique le communiqué de presse.
Pour Didier Gosset, certaines réformes ont eu des apports positifs, mais cela ne suffit pas. En exemple, il évoque les ECOS : « Leur objectif est de juger l’empathie des futurs médecins. Il faut une médecine plus humaine. Mais, juger l’empathie d’une personne dans ces conditions et estimer que ce point est non-améliorable, c’est absurde. On progresse pourtant beaucoup, heureusement, dans sa relation avec l’autre au fil des études médicales. »
Autre point que Didier Gosset aborde : les LAS. Selon lui, ces étudiants provenant de diverses licences avec « le vernis d’un module santé » n’ont pas le niveau nécessaire. « Ils se retrouvent confrontés, s’ils passent en deuxième année de santé, à des étudiants de PASS ayant travaillé toute l’année les fondamentaux de la médecine et ayant acquis une puissance de travail très supérieure. Ceci se traduit par une moyenne générale grossièrement inférieure de 5 points. » Il ajoute que ces étudiants soit abandonneront, soit vivront terriblement mal leurs études et, dans le meilleur des cas, se trouveront en « queue de peloton. »
« Il faut repenser totalement les études médicales en effaçant l’existant et repartant d’une page presque blanche »
Comme évoqué précédemment, les préconisations de Didier Gosset commencent par une suppression de la LAS. Ainsi, « tous les étudiants auront le bagage suffisant et homogène pour entrer en seconde année ».
De même, il recommande de retravailler l’entrée en études de santé. S’il ne dispose pas de solution miracle, il évoque diverses possibilités comme une sélection via Parcoursup. Supprimer le concours à l’issu de la première année permettrait d’éviter les redoublements, vécu comme une injustice par les étudiants. « Notre sélection au bout d'un an est unique au monde, personne ne comprend », souligne l’expert.
Par « page blanche », le doyen exprime une volonté de repenser les programmes des deux premiers cycles « en supprimant l’inutile ou le redondant, déplaçant le mal placé, modernisant l’archaïque reconduit à l’identique depuis 50 ans. »
Il remet en cause des disciplines comme la chimie « utile pour les étudiants en pharmacie » mais peut-être pas pour les apprentis médecins. Les enseignements comme les statistiques et la lecture critique d’article (LCA) seraient « à enseigner conjointement mais à réserver à un tronc commun de début d’internat. »
Enfin, Didier Gosset aimerait revenir à un troisième cycle plus court d’un an, pour toutes les spécialités. Pour se justifier, le professeur explique : « un chirurgien doit-il tout savoir sur la cure de l'hernie ou sur la transplantation hépatique ? C’est le post-internat qui permet des hyperspécialisations, apanage des CHU. » Le besoin de transversalité avec des stages en dehors de sa spécialité ou à l’étranger est aussi évoqué.
Raccourcir les études de médecine de deux ans : une année de préparation (PASS) au premier cycle et une année de spécialité en moins, permettrait rapidement de mettre à disposition jusqu’à 20 000 médecins supplémentaires.
Revenir aux fondamentaux, il faut que cela soit un choix et ce n’est plus le cas avec l.ECN. Réserver l’internat des CHU pour certaines spécialités surtout techniques et recréer des CES pour les autres . Sans limitations pour ces derniers aussi bien dans le temps que dans le nombre.
Il est totalement idiot de dire qu’il faut former X dermatologues en France tous les ans , uniquement en CHU parce que cela correspond au nombre de poste d’interne.