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Parmi les principaux griefs des soignants libéraux, une enveloppe des soins de ville qui ne devrait progresser que de 0,9 % en 2026, soit moins que l’inflation (1,3 %), selon le texte présenté mardi par le gouvernement.
« C’est un budget de récession », s’étrangle le Dr Patrick Gasser, président du syndicat de médecins spécialistes Avenir Spé.
« Cela remet en cause la convention tarifaire » signée en 2024 pour revaloriser les tarifs des médecins, qui prévoyait de nouvelles revalorisations en 2026, estime de son côté le Dr Franck Devulder, président du syndicat CSMF.
Même inquiétude chez les kinés, eux aussi concernés par les revalorisations. « 0,9 %, c’est complètement hors sol. L’État est en train de se construire les moyens pour rogner à nouveau sur les hausses de rémunération prévues dans les conventions », redoute Sébastien Guérard, président de la FFMKR.
En juin dernier, le gouvernement avait déjà reporté au 1er janvier 2026 des revalorisations prévues dans l’année, arguant d’un dérapage des dépenses d’assurance maladie par rapport à l’objectif fixé par le budget 2025.
Baisse de tarifs dans les secteurs « trop rentables »
Plusieurs autres mesures repoussoir pour les médecins figurent dans le texte, comme une surcotisation sur les dépassements d’honoraires pour les praticiens en secteur 2 ou non conventionnés.
« C’est une attaque en règle contre le secteur 2 », et « une taxation de la population », puisque les médecins vont reporter la surcotisation sur leurs tarifs, a estimé Patrick Gasser.
Les médecins dénoncent par ailleurs la possibilité donnée à l’Assurance maladie de procéder unilatéralement à des baisses de tarifs dans des spécialités médicales, quand elle a mis en évidence « une rentabilité manifestement excessive ». Les secteurs visés sont en particulier la radiothérapie, l’imagerie et la néphrologie.
Les soignants dans leur ensemble dénoncent également une nouvelle obligation d’alimentation du dossier médical partagé (DMP). En cas de non-respect, ils seront passibles d’une sanction pouvant aller jusqu’à 2 500 euros.
« Une obligation chronophage, souvent inutile et qui ne tient pas compte du souhait des patients », a estimé MG France, principal syndicat de médecins généralistes.
« Ce PLFSS organise la sanction et la défiance envers les soignants, plutôt que de traiter les causes du chaos sanitaire », a estimé le collectif Médecins pour demain. « Ce texte n’est pas un projet de santé, c’est un outil budgétaire qui fait des médecins des variables d’ajustement ».