Médecins libéraux : la colère gronde contre le gel des revalorisations tarifaires

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Face à la décision brutale du gouvernement de geler les augmentations prévues au 1er juillet, les syndicats de médecins libéraux dénoncent un mépris du dialogue et appellent à une mobilisation massive. La Place des Invalides sera leur tribune, le 1er juillet prochain.

 Médecins libéraux : la colère gronde contre le gel des revalorisations tarifaires

© Midjourney x What's up Doc

Le feu couvait depuis plusieurs mois. Il vient d’être ravivé par la publication du rapport « Charges et produits 2026 » de la CNAM, et surtout par la décision gouvernementale de geler les revalorisations tarifaires prévues pour les médecins libéraux au 1er juillet 2025. Pour l’Assurance Maladie, les finances publiques dérapent à cause des dépenses médicamenteuses, des arrêts de travail et du Ségur de la santé… mais ce sont les libéraux qui vont payer le plus lourd tribut.

Non les spécialistes libéraux ne sont pas d’abjects profiteurs

Le syndicat Avenir Spé dénonce une gestion erratique et punitive : « La gestion des finances publiques dans le domaine de la santé est une calamité (…) la CNAM refuse d’ouvrir les yeux sur les causes réelles des dérapages ». En annulant les revalorisations actées en 2024, la CNAM efface selon le syndicat les efforts de négociation de ces derniers mois « d’un simple revers de la main ». Avenir Spé rejette la rhétorique du « juste soin au juste prix » et s’indigne d’une politique « dogmatique et démagogique » : « Non, les spécialistes libéraux ne sont pas d’abjects profiteurs à but lucratif d’un modèle qu’ils portent à bout de bras ».

Un soutien juridique aux médecins qui appliqueraient les nouveaux tarifs

Du côté de la CSMF, le ton est encore plus offensif. Elle dénonce une trahison : « Le Gouvernement a fait le choix de geler les avancées tarifaires prévues au 1er juillet 2025 par la convention médicale. C’est une trahison inacceptable ! ». Le syndicat appelle dès lors à des actions concrètes, immédiates et inédites :

  • Boycott des commissions paritaires et des travaux de l’ACI MSP,
  • Retour aux feuilles de soins papier pour les arrêts de travail,
  • Soutien juridique aux médecins poursuivis pour application des nouveaux tarifs.

Le même syndicat, dans un deuxième communiqué signé sous la bannière #SoignantsTrahis, renchérit : « Le gel des revalorisations est une provocation d’autant plus inacceptable que le gouvernement s’apprête à déléguer quelque 33 Mds d’euros aux établissements ». La CSMF y appelle à une manifestation massive le mardi 1er juillet à 10h, Place des Invalides à Paris. Pour les médecins libéraux, c’est le moment d’envoyer un « message fort et déterminé au Gouvernement : le blocage des tarifs, c’est NON ! »

Pédiatrie, gynécologie, psychiatrie, endocrinologie, les spécialités les plus en souffrance

Le SML ne mâche pas non plus ses mots. Pour ce syndicat, la CNAM agit sans concertation, et sacrifie les spécialités déjà en souffrance : « La caisse fait stagner les tarifs des spécialités pourtant identifiées comme les plus en souffrance que sont la pédiatrie, la gynécologie, la psychiatrie et l’endocrinologie ». Le SML recommande aux médecins de secteur 2 de quitter les dispositifs OPTAM / OPTAM-CO, et annonce des formations pour les médecins de secteur 1 afin d’optimiser les cotations. Il propose même des mentions à ajouter sur les documents médicaux, telle que « Document administratif soumis à l’approbation du médecin conseil » ou encore « Votre médecin fait au mieux compte tenu de la pénurie des médicaments dont il n’est pas responsable ». Le syndicat menace également : « Le SML se réserve la possibilité d’appeler à l’arrêt de toute télétransmission des consultations ».

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/deficit-41-milliards-ce-que-lassurance-maladie-envisage-et-ce-que-ca-va-changer-pour-les

Au-delà des divergences d’approche, une ligne commune unit aujourd’hui les syndicats libéraux : l’exigence du respect des engagements tarifaires, et la volonté de défendre un système conventionnel menacé. Comme le rappelle la CSMF : « En piétinant les accords conventionnels signés par les syndicats représentatifs, le Gouvernement bafoue délibérément les fondements même du dialogue conventionnel ».

Le 1er juillet, c’est à la Place des Invalides que se concentrera cette colère. Une colère nourrie de frustration, de fatigue… mais aussi d’une détermination intacte à faire entendre la voix des médecins libéraux.

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