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Les témoins présents décrivent une scène symptomatique des tensions croissantes. « On ne peut pas faire passer tout le monde en même temps, il y a forcément des horaires et un temps à respecter », expliquait un premier patient interrogé par CNews. Un autre ajoutait : « Ils ne veulent plus attendre. Ils veulent tout dès maintenant comme si tout leur était acquis. C’est ça le souci. »
« Ces situations se multiplient »
Pour Florent Jendrzejewski, président de SOS Médecins Beauvais, ces scènes deviennent presque quotidiennes. À Ici Picardie, il explique : « Un patient est venu nous solliciter pour la prolongation de son arrêt de travail vers 11 heures. Un rendez-vous lui a été proposé dès 14 heures, ce qui, rappelons-le, est assez exceptionnel dans le climat sanitaire actuel et témoigne de la réactivité de notre structure. Mais cette solution ne lui convenait pas, il exigeait d’être reçu immédiatement. Et devant ce refus, il s’est montré très vindicatif à l’égard de nos secrétaires en allant jusqu’à briser notre porte de sécurité. »
Il souligne une hausse inquiétante de ces comportements : « Ces situations sont loin d’être isolées, se multiplient et on constate dans les structures médicales une hausse inquiétante des violences, qu’elles soient verbales ou physiques. Il y a certains patients qui ne supportent plus la frustration de ne pas être reçu à l’instant où ils le souhaitent. »
Les secrétaires en première ligne
Le président insiste sur la vulnérabilité des personnels administratifs : « Ça devient assez quotidien, notamment pour nos secrétaires. Elles sont en première ligne face à des centaines de demandes quotidiennes et sont particulièrement exposées. Elles subissent insultes, comportements agressifs, parfois même des menaces de mort qui nécessitent l’intervention de la police. Les arrêts de travail notamment cristallisent de nombreuses tensions à cet égard. Les patients arrivent avec une idée préconçue sur le nombre de jours qu’il leur faut pour leur pathologie, alors que la réalité peut être tout autre. Ou alors, ils viennent avec des médicaments définis dans leur esprit sur leur possible pathologie, alors que la réalité sera toute autre aussi. Et devant ce constat et ce refus médical, le ton monte. »
Une mobilisation maintenue malgré tout
Face à ces violences, la structure a renforcé ses dispositifs de sécurité mais Florent Jendrzejewski reconnaît que ces mesures ne suffisent pas toujours à dissuader : « Nous avons installé des caméras de surveillance et un double sas d’entrée de sécurité. Mais parfois, rien ne semble dissuader certains comportements. En tout cas, dans notre structure comme dans les autres, on l’affirme clairement : les patients qui font preuve d’agressivité seront interdits de consultation et chaque fois que cela est nécessaire, des poursuites judiciaires sont engagées. »
Et de conclure en rappelant la mission de SOS Médecins Beauvais : « Au-delà de ces comportements qui sont inacceptables, l’équipe de SOS Médecins Beauvais va rester mobilisée 24 heures sur 24, sept jours sur sept. C’est notre vocation, c’est notre cœur de métier et nous continuerons à l’exercer avec humanité et dévouement, malgré ces épreuves difficiles. »
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