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« La sécurité des mères et des nouveau-nés sera-t-elle sacrifiée sur l’autel de la démagogie ? », fustigent le CNGOF, la SFMP, la SFAR et la CARO. Dans un communiqué, le 4 syndicats rappellent un principe fondamental de la médecine : « elle ne doit pas être pratiquée comme un commerce. »
Or, l’existence même de cette prime viendrait perturber la décision des futures mamans à choisir la sécurité plutôt que la proximité.
En effet, la maternité de Bourges, située à 45 km de la commune, est parfois privilégiée car elle dispose des moyens nécessaires pour « faire face de façon sécurisée aux complications imprévisibles, maternelles et néonatales. »
Les syndicats dénoncent le fait que les familles les plus défavorisées y seront davantage sensible, et renomment ce cachet : « prime de risques. »
Silence pour l’instant de l’ARS Centre-Val-de-Loire, qui aurait pourtant dû demander la fermeture de la maternité conformément aux décrets de périnatalité de 1998.
La maternité de Saint-Amand-Montrond réalise moins de 300 accouchements par an et pratique donc « trop peu de gestes obstétricaux, de réanimation maternelle et néonatale pour pouvoir assurer la sécurité des soins », rappellent les syndicats.
Silence également du côté de l’Ordre.
Les syndicats insistent aussi sur les chiffres en hausse de la mortalité infantile, néonatale et maternelle. Inciter les femmes à donner naissance dans des établissements qui ne peuvent pas garantir une sécurité des soins optimale serait loin d'améliorer ce constat, au contraire.
Un plan d'action ?
Lors des questions au gouvernement du 9 décembre, Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée des Personnes handicapées de France, a affirmé que : « la ministre dévoilera dans les prochaines semaines un plan d’action complet pour les maternités, visant à concilier la qualité des soins et l’accès aux soins. »
Le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargis (SNPHARE) exprime sa vive inquiétude après cette annonce, dévoilé sans concertation préalable avec les professionnels concernés. Alors que la révision du décret de périnatalité de 1998 est annoncée depuis 2018 et en suspens depuis 2020, le syndicat déplore une nouvelle fois d’être tenu à l’écart des décisions.
Pour le SNPHARE, l’urgence est réelle. Mais, elle ne doit pas conduire à un plan « déjà écrit » sans dialogue avec le terrain. Les professionnels alertent depuis plusieurs années sur la dégradation des conditions de travail en salles de naissance, le manque chronique de moyens humains et la persistance de morts maternelles évitables liées à des soins sub-optimaux.
https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/la-fermeture-des-petites-maternites-fait-presque-lunanimite
Pour le syndicat, l'avis des professionnels de santé est plus qu'essentiel, notamment pour le débat sur la fermeture des petites maternités, comme à Saint-Amand-Montrond.
Le SNPHARE affirme disposer de propositions concrètes, élaborées par des professionnels exerçant en zones urbaines et rurales, pour renforcer la sécurité des soins. Il attend désormais, comme convenu avec le précédent ministre, une reprise des concertations.
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