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Délais de plusieurs mois, départements sans spécialistes, diagnostics retardés… La pénurie de dermatologues en France pourrait s’aggraver fortement d’ici 2030, avec une baisse projetée de 30 % des effectifs, rappellent le collectif #PlusdeDermatos dans un communiqué.
La France compte actuellement 2 880 dermatologues « actifs réguliers », libéraux et hospitaliers, selon un recensement du CNOM et du CNP de dermatologie, soit une proportion d'environ 3 professionnels pour 100 000 habitants.
Les délais moyens d’accès à une consultation atteignent quatre mois, et jusqu’à 470 jours dans certains territoires, selon le collectif.
Pétition pour interpeller
Une pétition, déposée sur la plateforme officielle de l’Assemblée nationale, réclame en priorité une augmentation des capacités de formation, avec le passage de 100 à 150 internes formés par an, alors même que la spécialité fait partie des plus prisées chaque année.
Les signataires soulignent que les admissions en dermatologie en 2025 sont inférieures à celles de 2024, alors que près de 50 % des praticiens en activité ont 60 ans ou plus.
Les dermatologues alertent également sur les conséquences sanitaires des retards de prise en charge, dans un contexte où les maladies de peau ont été reconnues comme priorité mondiale de santé publique par l’OMS en mai 2025.
Balayant les idées reçues sur la profession, le collectif rappelle que la dermatologie sert avant tout au dépistage et à la prise en charge de dizaines de milliers de cancers de la peau chaque année, de maladies inflammatoires, auto-immunes ou infectieuses.
Ainsi, « la pénurie actuelle de dermatologues n’est pas liée à une supposée fuite vers la médecine esthétique. Cette activité reste marginale et est majoritairement exercée en France par des non-dermatologues », insistent-ils. « Le véritable problème est structurel : nous ne formons pas suffisamment de spécialistes ».
Le collectif met enfin en garde contre la diffusion de dispositifs d’intelligence artificielle de diagnostic dermatologique proposés au public sans validation scientifique ni encadrement médical.
« Ces dispositifs exposent les patients à une fausse sécurité, générant faux diagnostics, surdiagnostics ou, au contraire, retardant la détection de pathologies graves, tout en creusant inutilement le déficit de la Sécurité sociale », estime #PlusdeDermatos.
La mobilisation bénéficie déjà du soutien de plusieurs parlementaires, d’organisations professionnelles du secteur, d’associations de patients, et appelle à une réponse gouvernementale rapide. La pétition, déposée début décembre, a déjà recueilli près de 8 000 signatures.
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