
Les agresseurs ont expulsé les patients présents avant d’insulter et de frapper le praticien. La victime, en état de sidération, a été secourue par un confrère qui a mis en fuite les assaillants. Une enquête pour violences sur un professionnel de santé et menaces de mort a été ouverte par le parquet de Lille.
« C’est une véritable expédition punitive. Le confrère s’est vu mourir », a déclaré Jean-Philippe Platel, président du conseil départemental de l’Ordre des médecins du Nord. Il alerte sur une augmentation continue des agressions : plus de 200 incidents ont été signalés au 30 juin 2025, contre 168 sur l’ensemble de l’année précédente.
« Pendant 3 mois, j’avais peur quand le bruit était trop fort en salle d’attente »
Le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a exprimé son soutien et rappelé les dispositions de la loi Pradal, adoptée fin juin : des peines renforcées en cas de violences contre les soignants, jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende. Il a aussi souligné que les employeurs peuvent désormais porter plainte au nom des soignants victimes.
« On a l’impression d’être salis et humiliés », témoigne le docteur Sébastien Chopin, vice-président de SOS Médecins France. Il a lui-même été agressé en octobre 2022 à Melun par une patiente qui jugeait la prise en charge de son enfant trop tardive. Elle lui a assené une dizaine de coups de poing. « Pendant trois mois, j’avais peur quand le bruit était fort dans la salle d’attente », raconte-t-il.
« Les collaborateurs se font insulter quotidiennement »
Mais la violence ne commence pas toujours dans les cabinets. « Ça commence bien avant, au niveau des standards », déplore-t-il. Les centres d’appel, où sont filtrées les demandes avant qu’un médecin soit dépêché, sont devenus des lieux d’exaspération verbale. « Les collaborateurs se font insulter quotidiennement », confirme Philippe Paranque, président de SOS Médecins France.
Le motif d’exaspération le plus fréquent : les arrêts de travail. L’organisation s’impose une règle stricte : ne pas délivrer plus de trois jours d’arrêt. Pour tout renouvellement, le patient doit consulter son médecin traitant. Cette limite, pourtant encadrée, déclenche parfois des situations explosives. « Certains ne l’acceptent pas, ce qui peut mener à des situations comme à Lille », explique Philippe Paranque.
Protéger sans compliquer le contact médecin-malade
Pour prévenir les récidives, SOS Médecins a mis en place une procédure d’exclusion. « On interdit l’accès aux brebis galeuses qui pourrissent le système », affirme le président. L’article 47 du Code de santé publique autorise, hors cas d’urgence, un médecin à refuser ses soins pour des motifs professionnels ou personnels.
Du côté de la sécurité, certains cabinets ont pris les devants. À Melun, à la suite de son agression, Sébastien Chopin a installé des caméras à l’intérieur et à l’extérieur, un double sas d’entrée et un bouton d’alerte sous son bureau. Ces dispositifs se multiplient, mais restent localisés. « Les dispositifs de signalement sont encore à l’échelle d’expérimentations et doivent être généralisés », regrette Philippe Paranque. Il insiste toutefois : « Cela ne doit pas compliquer le contact entre patient et médecin, et éviter de bunkériser les structures ».
Enfin, malgré les lois, malgré les procédures, le sentiment d’impunité demeure. « Il n’y a que la justice qui peut agir », s’agace Sébastien Chopin. Il rappelle que son agresseuse avait déjà été condamnée à trois reprises. « Trop souvent, la justice se contente d’une tape sur la main », conclut-il.
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