Thomas Cantaloup.
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Thomas Cantaloup a 31 ans. Quand on lui demande qui il est, il répond d'abord : médecin psychiatre. Le reste vient après. Une journée par semaine, il consulte en CSAPA – un centre de soins en addictologie – où il reçoit des patients aux prises avec l'alcool, le cannabis, les jeux, les écrans. C'est son ancrage. Le reste de son temps, il le partage entre plusieurs projets entrepreneuriaux, mais il tient à cette journée-là comme à un fil qui le rattache à ce pourquoi il a fait médecine : être au plus proche des autres.
Il choisit la psychiatrie...
Il le dit sans détour : s'il a choisi cette voie, c'est pour la proximité humaine. Et aussi, avec un sourire en coin, pour éviter les matières qui ne lui parlaient pas. Très vite, pendant ses études, il a compris ce que signifiait annoncer un diagnostic lourd. En oncologie, face aux patients, il a mesuré le poids de l'écoute, la fragilité d'un mot de trop ou de trop peu. Cette expérience l'a orienté vers la psychiatrie plutôt que vers une spécialité plus technique. Il voulait soigner autrement.
Il crée Psychopharma, alors qu'il est encore interne
Dès l'internat, il s'est lancé dans l’entreprenariat : Psychopharma, sa première création, est née d'une frustration clinique : prescrire des psychotropes est complexe, les recommandations sont éparpillées, les erreurs fréquentes. Alors il a développé une plateforme d'aide à la prescription, financée avec 15 000 euros – une somme qui a couvert le développement, le juridique, les statuts. Le projet a pris la forme d'une association. « Les médecins ne sont pas de bons entrepreneurs », concède-t-il. « On a peur de l'argent. L'association permet de garder un cadre déontologique. »
Avec Neoflo il développe une ceinture de cohérence cardiaque
Avec Neoflo, cofondée plus récemment, aux côtés de Philippe-Antoine Cortès, il change de registre. La start-up développe une ceinture de cohérence cardiaque – un dispositif médical qui aide à gérer le stress par le toucher et la respiration. C'est du hardware, un domaine encore rare dans la santé numérique. Comme directeur médical, Thomas définit les indications, structure les usages – bien-être, stress à visée médicale, performance sportive – et dialogue avec les utilisateurs pour que le produit garde une cohérence clinique. Il ne fabrique pas, mais il veille à ce que l'outil fasse sens.
Chez Stane, il veut libérer la recherche clinique en ville
Chez Stane, où il occupe également le poste de directeur médical, il travaille sur un autre chantier : redonner de la réalité médicale et sociale à la recherche clinique. L'entreprise construit un entrepôt de données de santé dédié à la recherche observationnelle en médecine de ville, autorisé par la CNIL. L'objectif : sortir la recherche de l'hôpital, là où elle s'est concentrée, pour la rapprocher du terrain. Thomas fait le lien entre les équipes techniques, les médecins de ville et les enjeux réglementaires. Il apporte le regard médical là où les ingénieurs et les data scientists auraient tendance à l'oublier.
Le portrait qui se dessine est celui d'un médecin qui n'a pas quitté le soin, mais qui a choisi d'élargir son champ d'action. À la croisée de la psychiatrie, de la technologie et de l'entrepreneuriat, Thomas Cantaloup incarne une génération de soignants qui transforment leurs frustrations cliniques en outils concrets, sans renoncer ni à l'exigence de sens ni à une pratique médicale ancrée dans le réel.
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