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« Derrière cet objectif louable, méritant, de mener une recherche médicale », l’ex-médecin de 77 ans et ses complices ont « justifié de vicier intégralement la chaîne de soins », a tancé la procureure dans son réquisitoire.
Le principal mis en cause, Michel G., ex-médecin radié de l'Ordre en 2017, a proposé à plusieurs malades un parcours de soins fondé sur l'« endothérapie ». Une technique qu'il a développée mais dont l'efficacité n'a pas été prouvée scientifiquement.
Il est poursuivi notamment pour exercice illégal de la médecine, de la pharmacie et de la biologie, pour fabrication et distribution de médicaments sans autorisation, ainsi que pour pratique commerciale trompeuse.
Deux ans de prison avec sursis ont été requis, pour complicité notamment, à l'encontre de sa femme, Marie-Claire G., et de Pascal T., un confrère bayonnais exerçant en Espagne.
Une peine d'interdiction définitive d'exercer une profession médicale ou paramédicale a été requise contre les trois prévenus.
Le ministère public a également demandé la fermeture définitive de l'établissement d'une association fondée par Michel G. en 1988.
Aucune plainte de patient
Jusqu'en 2019, ce dernier prescrivait à des malades chroniques (sclérose en plaques notamment) un « immunobilan », c'est-à-dire une prise de sang pour analyser leurs anticorps et ainsi poser un diagnostic biologique.
Il leur proposait ensuite un traitement à base de « polycomplexes », pilules dont il avait inventé la composition, conditionnées et commercialisées par une pharmacie italienne.
« Personne n’entend décrier ses qualités de chercheur », a dit la procureure. Ce procès n’est « pas là pour juger l’efficacité de l’endothérapie », mais le fait que Michel G. ait « choisi de ne pas se conformer au cadre légal ».
Elle a également requis une obligation d’affichage et de diffusion de la décision, notamment dans des revues médicales. Une demande qui a indigné la défense.
« Condamnez le praticien, qui a agi par compassion, mais ne condamnez pas la découverte », a exhorté Charles Dufranc, son avocat.
« Ce qui est certain, c’est que ce n’est pas le procès d’un scandale sanitaire », a-t-il plaidé, invoquant le fait qu'aucun patient n'avait porté plainte contre l'ex-médecin.
La défense a également dénoncé « l'absence de recours à l’expertise dans le dossier », ce qui empêche, selon l'avocat, d'évaluer objectivement la qualité des travaux de Michel G.
Jean-François Laigneau, avocat de l’Ordre des pharmaciens qui s'est porté partie civile aux côtés de l’Ordre des médecins, a de son côté dénoncé « une confusion permanente entre le soin et la recherche ».
« C’est un Jean-Claude Job qui a eu de la chance », a-t-il ajouté, en référence à l’un des protagonistes du scandale sanitaire dans lequel plus de 110 jeunes gens étaient morts après avoir été traités dans les années 1980 par une hormone de croissance infectée.
Des malades suivis par Michel G. se sont succédés à la barre le premier jour du procès pour défendre l'ex-médecin. Aucun n'est partie civile. La décision est attendue le 2 septembre.
Avec AFP
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