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Selon les informations de France 3, la défense a d’emblée contesté la qualification pénale des faits. Me David Cabannes, avocat du prévenu, a déclaré que « si le docteur S. faisait 1m90 et était brun aux yeux bleus, il n’y aurait pas de dossier ».
Le praticien, ancien chef de service, est poursuivi pour des faits qui se seraient déroulés entre 2018 et 2020, au sein du service de gériatrie et de l’Ehpad de l’hôpital de Beaune.
Des gestes répétés
Les parties civiles décrivent des gestes récurrents : le médecin se serait approché par derrière lorsque les infirmières travaillaient sur ordinateur, « collait son torse à leur dos » et « entourait leurs épaules ». Certaines évoquent également des massages de la nuque.
Le médecin aurait lancé à une infirmière « tu as l’air d’être une sacrée coquine », à une autre « c’est pas bien, je vais te mettre une fessée, tu aimes ça la fessée », ou encore « tu commandes de la lingerie ? ».
Les soignantes parlent d’un « regard gluant », « pervers », d’un médecin « obsédé » qui les « dégoûte ».
Neuf autres femmes, entendues dans le cadre de l’enquête, ont décrit un médecin « très tactile » et « craint par les femmes », rapporte France 3.
Plusieurs témoignages indiquent que « dans le service, les recrues sont averties par leurs aînées de ne pas rester seules avec le docteur ».
La directrice des ressources humaines évoque un « contexte de perversité ». Une cadre de santé a recueilli les confidences d’une soignante « en pleurs ». Une autre médecin du service rapporte également cette phrase attribuée au praticien : « elle aime ça la sodomie ! ».
« C’était de l’empathie »
À la barre, selon France 3, le médecin a nié tout comportement déplacé. Il a affirmé « ne pas toucher les épaules ni le dos », évoquant des « gestes d’empathie » ou de « rassurance ». Il a déclaré qu’il « ne pouvait pas dire qu’il soit tactile », mais que certains gestes étaient possibles « dans la précipitation ».
Concernant certaines phrases à connotation sexuelle, il les a qualifiées de « boutades », jugées « malvenues » et qu’il dit regretter, tout en niant « toute pensée à caractère sexuel ».
Présent à l’audience, l’avocat du Conseil de l’Ordre des médecins a qualifié l’affaire d’« archétype », décrivant un schéma opposant « un bon médecin, apprécié par ses pairs » à « des jeunes femmes, moins diplômées, parfois vulnérables ». Il a également dénoncé une médecine « de la vieille garde, sexiste et passéiste », qui « n’a pas vu changer les choses ».
L’avocat du Conseil de l’Ordre a aussi déploré que l’institution n’ait « jamais été informée de cette affaire » avant la tenue du procès.
Les réquisitions du parquet
Le parquet a salué « le courage de plusieurs femmes qui ont bravé l’interdit », rappelant que « trop souvent, entre le harcelé et le harceleur, c’est le harceleur qui gagne ».
Le représentant du ministère public a insisté sur le fait que « l’on n’a pas à imposer à une collègue de la toucher » et que « les mots ont un sens ».
Le parquet a requis 12 mois de prison, dont six mois avec sursis, une interdiction de contact avec les plaignantes et une interdiction d’exercer la médecine.
La décision sera rendue le 29 janvier.
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