Burn-out en jungle hospitalière : éviter l’épuisement de l’aventurier

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Plus de la moitié des jeunes médecins est concernée par le burn-out. Comment éviter le syndrome d’épuisement professionnel en jungle hospitalière ? Réponses.
 

Burn-out en jungle hospitalière : éviter l’épuisement de l’aventurier

C’est une réalité. Le burn-out est deux à trois fois plus fréquent chez les médecins que chez les autres professionnels. D'après une étude publiée par deux psychiatres de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) dans le Journal of affective disorders, le burn-out touche près d’un médecin sur deux (49%). Et ce sont les urgentistes (57%) et les jeunes médecins (52 %) qui sont les plus concernés. Derniers arrivés dans le service, ils se voient confier les tâches ingrates, les patients « difficiles » et des gardes de façon plus fréquente. La loi de la jungle, en somme. Pour le Dr Guillaume Fond, l’un des chercheurs de l’étude, « les jeunes médecins, moins expérimentés, sont en général plus stressés et dans l’incapacité de refuser les tâches qui leur sont confiées ». L’épuisement professionnel du jeune PH est toutefois évitable.

Un observatoire pour aider les PH à éviter l’épuisement 

Pour mieux repérer et aider les praticiens hospitaliers touchés par le burn-out, Action praticiens hôpital (APH), qui regroupe une dizaine de syndicats, a lancé fin 2017 son observatoire de la souffrance au travail (OSAT)
A travers un formulaire de déclaration accessible en ligne, l’organisation souhaite identifier les raisons du mal-être ressenti par les praticiens (médecins, dentistes, pharmaciens) et dresser une cartographie régionale et nationale de situations jugées indésirables et évitables.  « Un personnel médical peut signaler et évaluer son degré de souffrance en toute quiétude puisque l’anonymat est garanti et les bénévoles d’APH ne prennent contact avec lui que s’il le désire », précise APH. Et d’ajouter : « Outre la possibilité d’aider personnellement les jeunes médecins, nous pourrons ainsi réagir plus efficacement en cas de signalements de cas en proportion inquiétante sur un territoire donné (hôpital ou région), ou si les causes de cette souffrance semblent justifier une intervention syndicale rapide ».

Mettre des « MOTS » sur les maux

Elle intervient à Paris, Montpellier, Marseille, Toulouse, Bordeaux, et bien d’autres villes. L’association MOTS – pour « Organisation du travail et santé du Médecin » - accompagne les praticiens en difficulté dans l’organisation de leur travail ainsi que la prévention et la gestion de leur santé.  Gérée par des médecins pour des médecins, qu’ils soient libéraux, salariés ou en formation, MOTS aide les praticiens rencontrant des difficultés liées à un épuisement professionnel. Cette initiative n’est pas sans rappeler celle du Conseil de l’Ordre des médecins qui a créé le 1er janvier 2018 un numéro unique et gratuit d’écoute et d’assistance aux médecins en difficulté, dans le respect de la confidentialité et du secret professionnel. « Trop régulièrement, des drames viennent nous rappeler la souffrance à laquelle font face, aujourd’hui en France, un trop grand nombre de médecins », rappelle l’Ordre. Disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, le 0800 800 854 est accessible aux médecins, internes et étudiants en médecine en difficulté entre autres. Enfin, une commission ordinale coordonne toutes les initiatives d'aide confraternelle mise à disposition des médecins.

La commission de vie hospitalière

Autre instance : la commission de vie hospitalière dont la principale mission est d'instruire les dossiers relatifs aux conditions de vie, de travail et d’accueil des praticiens hospitaliers. La commission de vie hospitalière (CVH) est une sous-instance de la CME. Son objectif est d’améliorer le signalement et le traitement des situations conflictuelles. En effet, selon Action praticien hospitalier (APH) « 90 % des causes de souffrance déclarée ont pour point commun des conflits avec la hiérarchie, médicale ou administrative, la surcharge de travail étant une cause fréquente mais pas systématique ». Le but de la CVH, de façon plus générale, est également de prévenir en jungle hospitalièreles situations de risques psycho-sociaux et les conséquences négatives sur les praticiens et l’ensemble des équipes. « Nous avons des missions d’élaboration (prévention et conditions de travail), de réflexion (études des discriminations, de l’égalité homme/femme), d’appui et de médiation. Ainsi, dans les affaires de souffrance professionnelle, de conflit ou de harcèlement, tous les praticiens peuvent contacter la CVH », tient à souligner le Dr Christian Guy-Coichard, praticien hospitalier à l’Hôpital Saint Antoine AP-HP et président de CVH. 
À l’origine, les commissions de vie hospitalière ont vu le jour à l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris. Mais en 2014, après avoir fait un état des lieux des dispositifs de prévention des risques psycho-sociaux des médecins hospitaliers, au niveau national et régional, un groupe de travail composé de présidents de CME, de directeurs d’établissement, de médecins du travail, de psychiatres, de représentants syndicaux et d’internes, a préconisé la mise en place de CVH dans chaque établissement public de santé. 
D'autre part, cet été a marqué la publication d'un décret sur la création d'une médiation dans les établissements publics de santé dans le Journal Officiel du 30 août dernier. Dix médiateurs régionaux ou inter-régionaux, auront pour mission de résoudre les conflits interpersonnels, lorsque ceux-ci n'auront pu être réglés en interne. Ces "agents du savoir-être à l'hôpital" seront chapeautés par Édouard Couty, médiateur national de ce nouveau dispositif.

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