Reprendre confiance après un burn-out : à Mulhouse, un lieu unique en France pour se reconstruire

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À Mulhouse, la Maison du mieux-être accompagne des personnes en burn-out vers la reconstruction. Un programme gratuit et pluridisciplinaire unique en France, mêlant thérapies, ateliers et soutien collectif pour retrouver estime de soi, énergie et perspective professionnelle.

Reprendre confiance après un burn-out : à Mulhouse, un lieu unique en France pour se reconstruire

© Midjourney X What's up Doc

« Ce qui m'est arrivé, c'est un épuisement professionnel », témoigne Dominique, 59 ans. « J'étais amené à faire le boulot de plusieurs personnes à la fois », avec une hiérarchie « pas toujours bienveillante », raconte ce commercial. « Je me suis crashé, jusqu'à une tentative de suicide ».

En arrêt maladie depuis deux ans, le quinquagénaire est accompagné à la Maison du mieux-être, structure hébergée par le centre de réadaptation de Mulhouse (CRM). Il bénéficie d'un suivi psychologique individuel et participe à des ateliers dans un groupe de huit personnes.

Sophrologie, art-thérapie, sport, diététique, groupes de paroles : tout un programme est prévu pendant neuf semaines, en trois phases.

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« La première, c'est la déconnexion. On laisse son travail, son entreprise, ses soucis derrière et on s'occupe de soi », explique Tom Cardoso, président de la Maison du mieux-être et directeur général du CRM, à l'initiative de ce projet.

La seconde est « la reconquête du pouvoir d'agir. On va mobiliser les personnes, les valoriser pour qu'elles reprennent confiance ».

Enfin, une dernière étape vise à « se diriger vers la suite » : reprise du travail ou d'une formation, par exemple.

À l'heure où la santé mentale est désignée grande cause nationale en 2025, « il semblerait qu'on soit les premiers à faire cette prise en charge qui est pluridisciplinaire, coordonnée », souligne Tom Cardoso. Il ajoute qu'elle est « entièrement gratuite pour les bénéficiaires », financée par l'Agence régionale de santé, le Régime local, la CPAM 68, la Région Grand Est et AG2R.

Un groupe où tout le monde se comprend

Ce matin-là, Dominique suit un atelier sur l'image de soi, apprenant à choisir vêtements et couleurs selon sa morphologie.

« Ils vont bientôt retourner en entreprise et donc il faut qu'ils reprennent confiance en eux par, d'abord, leur apparence », estime la formatrice, Elena Ichtertz.

Trois hommes et trois femmes participent à cette matinée, chacun donne son avis, plaisante.

« On a été tout de suite très soudés parce qu'on vit la même chose. C'est un groupe où on se comprend dès le départ », décrit Dominique.

En moyenne, les bénéficiaires sont en arrêt depuis 13 mois. La moyenne d'âge est de 49 ans et près des trois-quarts sont des femmes.

Administration publique, santé, commerce, industrie... « Toutes les catégories professionnelles » sont représentées, remarque Tom Cardoso.

Soixante-deux personnes ont intégré le dispositif depuis sa mise en place fin 2023, et 30 sont sur liste d'attente. Face à cette demande, la Maison du mieux-être a augmenté le nombre de groupes reçus, pour en accueillir cinq par an contre quatre initialement prévus.

Sortir de la culpabilité

« Les bénéficiaires, quand ils arrivent, sont dans une situation très dégradée avec une estime de soi complètement explosée, des doutes sur tout, la peur de la relation à l'autre, une notion de honte, très souvent, et d'isolement », énumère Tom Cardoso.

Les premiers résultats sont « très impressionnants », souligne-t-il. À leur entrée, 97 % des bénéficiaires sont en arrêt maladie, contre 13 % à leur sortie, compare-t-il, signe que « ça marche » et que les gens « reprennent confiance ».

Cet accompagnement « ça nous permet de mettre des mots sur ce qui nous arrive, et de tenter de l'accepter mieux, pour pouvoir aller vers l'avant », explique Marie (prénom d'emprunt), 45 ans, qui travaillait dans le domaine de la santé.

« C'est difficile de dire qu'on a failli, qu'on n'y arrivait plus. J'ai culpabilisé pendant des mois », témoigne-t-elle.

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Dominique, lui aussi, n'assumait pas ce burn-out : « Je n'osais même pas le dire, j'avais un peu honte. Je disais que j'avais un problème de santé, puis ça s'arrêtait là ».

Aujourd'hui, il se sent « toujours très fatigué » mais « la confiance en soi, ça va mieux ».

Il envisage de reprendre son travail en mi-temps thérapeutique. « Je sais qu'il va falloir que je me limite, que je fixe des règles, et surtout que je m'y tienne, que je ne retombe pas dans les travers de vouloir tout faire à tout prix, tout seul ».

Dans le groupe, « on appréhende tous la fin » de cet accompagnement, confie-t-il.

« Tout doucement se construit un projet pour la suite », dit aussi Marie. « En tout cas, on aspire tous à retrouver un environnement professionnel plus serein, plus bienveillant où on pourra à nouveau s'épanouir. »

Avec AFP

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