© Midjourney X What's up Doc
Les stages des internes aux urgences ont été suspendus, mais « le service continue d’assurer l’accueil des patients 24H/24 et 7 jours sur 7 », a affirmé la direction de l’établissement, en soulignant qu’elle organisait « des renforts médicaux depuis d’autres services du CHU et de l’extérieur ».
Une situation qui alarme les syndicats, alors que les discussions à l’Assemblée nationale sur le budget de la Sécurité sociale font redouter de nouvelles coupes dans les dépenses de santé.
Aux urgences du CHU de Caen, « il n’y aura plus d’internes pendant 6 mois », a déploré auprès de l’AFP Déborah Le Lièvre, secrétaire générale CGT de l’établissement. « Il s’agit d’une situation dramatique du fait du manque de moyens donnés par les pouvoirs publics », a-t-elle dénoncé.
Selon Déborah Le Lièvre, il y a habituellement aux urgences du CHU « une quarantaine » de soignants, contre « une petite quinzaine aujourd’hui ». Alors que la dégradation « dure depuis plusieurs années », le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 « va encore réduire ce budget », a-t-elle relevé.
La direction de l’établissement n’a pas autorisé lundi les médias à accéder au service.
Interrogée sur BFMTV, la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, a promis des renforts à Caen.
Les renforts arrivent
« J’ai fait mobiliser la réserve sanitaire pour que des médecins en renfort puissent arriver », a-t-elle annoncé, promettant que les urgences du CHU vont fonctionner même « sans interne » et continuer d’accueillir les patients.
« Il y a 612 services d’urgence dans notre pays et on est très vigilants à ce qu’ils fonctionnent correctement », a-t-elle affirmé.
Cependant, les problèmes ne sont pas propres à l’établissement caennais, a fustigé la présidente de l’Intersyndicale nationale des internes (Isni), Mélanie Debarreix.
« C’est partout pareil en France : les internes ont peur de parler, par crainte des répercussions », a-t-elle expliqué à l’AFP.
Les services d’urgence du CHU de Toulouse ont d’ailleurs restreint ce lundi et au moins jusqu’à fin décembre leur capacité d’accueil, faute d’effectifs suffisants.
La direction du centre hospitalier a annoncé une « organisation temporaire des urgences adultes » pour novembre et décembre, avec une activité « recentrée » sur la « prise en charge des patients nécessitant des soins hospitaliers ou une hospitalisation ».
Des internes en souffrance
À Caen, la santé des internes était en jeu. Les conditions d’encadrement « n’étaient pas satisfaisantes, il y a eu des saisines et certains étaient en surcharge émotionnelle », selon l’Isni.
Le doyen de l’UFR Santé de Caen, Paul-Ursmar Milliez, a dit à l’AFP avoir « demandé la suspension de l’agrément après un signalement légitime début septembre ».
Selon lui, il faudra pour lever cette suspension un nouveau projet pédagogique « convaincant » en mai 2026. Parmi les mesures demandées, un senior encadrant pour un interne alors qu’ils sont aujourd’hui un pour deux internes. Il estime ainsi qu’il faudra « embaucher 15 seniors ».
« L’enjeu n’est pas financier mais celui de la ressource médicale », a cependant souligné François Mengin-Lecreulx, directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) Normandie, car « il n’y a pas assez de médecins urgentistes » en France.
Pour le moment, l’ARS et la direction de l’hôpital ont puisé dans « la ressource » de l’établissement avec des médecins d’autres services, « la solidarité territoriale » avec des renforts d’autres hôpitaux et une régulation des urgences renforcée, a-t-il précisé.
La sortie de cette crise « très forte » passe, selon François Mengin-Lecreulx, par une « mutualisation interétablissements » en attendant 2026 et l’arrivée de nouveaux médecins plus nombreux grâce à l’assouplissement du numerus clausus.
Avec AFP
A voir aussi
                                  
                
                                                                  
                          
                      
                                            Dr Tran Thien-An : « Un jour un chef de service raciste m’a appelé Ching Chong »
                  
                
              
                                  
                
                                                                  
                          
                      
                                            « Je suis corvéable 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 » : la cheffe du service de cardiologie de l’hôpital de Riom jette l’éponge