Alexandre Gefen, Réparer le monde

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Alexandre Gefen a récemment publié un essai intitulé Réparer le monde – La Littérature francaise face au XXIe siècle. Il y montre que la littérature contemporaine se donne souvent pour finalité d’apaiser des souffrances individuelles ou nationales.

Alexandre Gefen, Réparer le monde

Le livre d’Alexandre Gefen met en évidence une caractéristique prégnante de la littérature du début du XXIe siècle : elle aspire, de façon modeste et tenace, à une participation à la vie en soignant, en consolant. L’ouvrage révèle une forme de convergence entre certaines pratiques médicales et cette ambition thérapeutique de la littérature. Ainsi, la bibliothérapie soigne en aidant les patients à se ressaisir de leur histoire personnelle. Alexandre Gefen ne rend pas seulement compte d’une recherche de guérison par les mots, il dresse une histoire littéraire de notre temps, un panorama du paysage littéraire d’aujourd’hui. Il en choisit des extraits savoureux, comme cette citation d’Éric Chevillard : « Je n’ai pas souvenir que la lecture du Grand Meaulnes m’ait débarrassé de mon acné polymorphe juvénile. L’écrivain comme guérisseur ou sorcier, ne serait-ce pas encore une de ces illusions enfantées par notre rêve d’une littérature performative, réellement capable de mordre dans le réel avec le mot mâchoire ? ». Il se fait donc aussi l’écho de doutes sur la capacité de la littérature à avoir réellement prise sur le réel, mais sans exprimer son avis sur ses vertus thérapeutiques. C’est sans doute là une réserve sage et prudente de critique littéraire sérieux. Mais pour que la littérature soigne, il faut sans doute y croire (et cette phrase reste certainement pertinente si on l’applique non plus à la littérature, mais à la médecine). Reste donc à lire encore et à nous faire une idée par nous-mêmes.

 

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Alexandre Gefen, Réparer le monde – La Littérature française face au XXIe siècle, Corti, 2017. Sur le roman de Maylis de Kerangal, Réparer les vivants, qui a inspiré son titre à A. Gefen, voir What’s up Doc n° 13 – avril 2014.

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