Wistim, la petite révolution digitale du parcours de PMA

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Avec leur appli Wistim, Alexandra Mesner et Sarah Peyrelevade digitalisent le parcours de soins en AMP afin de le simplifier. Côté patientes comme côté médecin.

Wistim, la petite révolution digitale du parcours de PMA

L’histoire débute il y a plus de 10 ans dans les couloirs du service d’AMP (assistance médicale à la procréation) de l’hôpital Antoine-Béclère, à Clamart. Alexandra Mesner et Sarah Peyrelevade sont internes, la première en biologie médicale, la seconde en gynécologie-obstétrique, mais très vite, confient-elles, « une forte entente clinique les rapproche ». Après l’internat, leurs routes se séparent : laboratoire d’analyses médicales pour l’une, centre AMP pour l’autre.

« Je me suis retrouvée plongée dans l’opérationnel, à appeler et rappeler des patientes pour m’assurer du bon suivi de leur protocole », se souvient Sarah Peyrelevade, aujourd’hui encore en poste à l’hôpital Foch (Suresnes). La biologiste du duo, elle, « affine son regard sur les process de biologie en ville qui peuvent laisser à désirer ». Au cœur de leurs expériences, un même constat : la galère des patientes et la lourdeur du suivi pour les équipes médicales.

Complications, paperasse et anxiété

Car le parcours de l’AMP, traversé par près de 60 000 femmes chaque année en France, est lourd. Analyses quotidiennes avant prélèvement, échographies, dosage voire méthode d’injection à ajuster au dernier moment selon les résultats de biologie… L’AMP est un soin sur mesure, « source de complications, de paperasse et parfois d’anxiété », estiment les deux entrepreneuses. Pour les médecins, ce n’est guère mieux : « Il faut joindre les patientes sans arrêt, le plus souvent des femmes actives prise dans leurs contraintes professionnelles ou familiales, témoigne Sarah Peyrelevade. C’est beaucoup de temps et d'énergie »

Et si on pouvait fluidifier tout ça ? En 2015, une énième discussion finit comme un tilt : un outil capable de simplifier le suivi et les échanges entre patientes et médecins s’impose. « C’était évident qu’il fallait digitaliser ces questions », soutient Alexandra Mesner. « On voyait bien que les patientes sortaient presque toutes leur smartphone en consultation pour indiquer leurs dates de règles. Nous avons donc commencé à réfléchir à une petite application mobile, mais sans imaginer que cela nous mènerait si loin », avoue Sarah Peyrelevade. Résultat : 6 ans plus tard, en 2021, leur appli Wistim a franchi la barre des 100 000 patientes utilisatrices, pour 600 médecins et professionnels de santé connectés.

Résultats d’analyses décryptés

Wistim se présente sous la forme d’une application mobile tout-en-un, espace d’échanges dématérialisés entre patiente, gynécologue mais aussi laboratoire d’analyses. Son leitmotiv : mieux accompagner les femmes entre deux consultations. L’appli permet de transmettre les derniers résultats d’analyses automatiquement décryptés, de recevoir les consignes de traitement actualisés, d’échanger des documents réglementaires ou encore d’accéder à des tutoriels. Coté médecin, la plateforme permet de « piloter » et de fluidifier la communication, et bien sûr de centraliser les échanges avec la patiente. De quoi améliorer la traçabilité.

Pour le corps médical, il y a là la promesse de gains de temps substantiels, grâce à l’automatisation de tâches et communications. « Un vrai progrès quand on sait que 30 % de notre temps est habituellement consacré à l’administratif », glisse Alexandra Mesner. 

Bientôt remboursée par la Sécu ?

Avec son appli, Wistim vise aussi in fine à améliorer les chances de réussite de la grossesse, via la réduction du risque d’erreur et de mauvaise compréhension des consignes. Et pour cause, il y a quelques années, les cofondatrices ont mené leur petite enquête sur 365 patientes et découvert que 22 % d’entre elles commettaient des erreurs, dans 42 % des cas pour ne pas avoir compris la marche à suivre.

« La façon dont nous avons créé l'application fait qu'elle est aujourd’hui souvent prescrite par les médecins eux-mêmes », affirment les cofondatrices. Pour l’heure, l'application n'est toujours pas remboursée par la Sécurité sociale, mais Wistim a entamé des démarches en ce sens. L’abonnement (15 € par mois) est à la charge de la patiente, mais plusieurs services hospitaliers le prennent en charge, conscients que Wistim peut augmenter les chances de réussite du protocole. 

Aujourd’hui, 4 ans après son lancement, Wistim va s’enrichir de nouvelles fonctionnalités. Et avec une dizaine de salariés dans ses rangs, la start-up vise même un développement au Royaume-Uni dès cette année. Mais pour Sarah Peyrelevade et Alexandra Mesner, pas question pour autant de raccrocher la blouse, même si le pilotage d’une entreprise est « un boulot à part entière ». « Notre plateforme est en continuité totale avec notre clinique, elle nous permet d’aider tous les jours des milliers de patientes dans leur parcours », se réjouissent-elles.

Double bio express

Sarah Peyrelevade 

2011 : Diplôme de gynécologue obstétricienne

2011-2014 : Cheffe de clinique dans le service d'AMP du Pr René Frydman, hôpital Antoine-Béclère (Clamart)

2014 : Responsable clinique du service d'AMP du Pr Ayoubi, hôpital Foch, Suresnes

Alexandra Mesner

2008 : Diplôme de médecin biologiste de la reproduction

2008-2011 : AHU dans le service d'AMP du Pr René Frydman, hôpital Antoine-Béclère (Clamart)

2011- 2019 : Directrice du département de Biologie de la reproduction du groupe de laboratoires Biolobab

Ensemble

2016 : Création de la start-up Wistim

2020 : Création de l'Institut médical de la fertilité et de la femme

 

 

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