L’innovation Présence médicale 64 inspire jusqu’au sommet de l’Etat

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Depuis 2019, le dispositif Présence médicale 64, dans les Pyrénées-Atlantiques, suscite l’intérêt des pouvoirs publics nationaux. Son approche innovante, pour accompagner l'installation des médecins généralistes, est de plus en plus citée comme un exemple à suivre.

L’innovation Présence médicale 64 inspire jusqu’au sommet de l’Etat

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À force d’attirer l’attention un peu partout autour de lui, Présence médicale 64 a fini par taper dans l’œil des ministres ou des autorités nationales. En cinq ans, le dispositif des Pyrénées-Atlantiques a été sollicité, entre autres, par le Ministère de la Santé, l’EHESP (École des hautes études en santé publique), la CNAM (Caisse nationale de l’Assurance Maladie), conviée à la Commission des Affaires Sociales du Sénat, ou encore cité en exemple par les syndicats d’internes ou de médecins généralistes ISNAR-IMG et ReAGJIR.

Le modèle développé et ses bons résultats inspirent, à l’heure où les populations réclament plus que jamais un meilleur accès aux soins dans les territoires. Le 6 février dernier, lors de la plénière d’ouverture du Congrès de l’ISNAR-IMG, son Président, Bastien Bailleul, citait Présence médicale 64 comme l’exemple à suivre en termes de guichet unique.

Les Pyrénées-Atlantiques sont devenues un laboratoire à ciel ouvert que tout le monde scrute, à tel point qu’en 2023, lors du Conseil national de la refondation (CNR) Santé, son dispositif a été mis à l’honneur par le ministre de l’époque, François Braun. Présence médicale 64 faisait partie des 3 projets présentés, et a bénéficié ensuite d’importants crédits issus du CNR. L’une des missions qui lui ont alors été confiées, en contrepartie de crédits, consistait à faciliter la transposition de son modèle à d’autres territoires alors que, quelques mois plus tôt, la loi de financement de la sécurité sociale pour 2023 actait, dans le Code de la santé publique, la constitution auprès des ARS de guichets uniques départementaux d’accompagnement à l’installation.

« Ensemble, on est plus fort »

Depuis l’origine de Présence médicale 64, l’Etat observe d’un bon œil l’innovante initiative basco-béarnaise. La mobilisation conjointe Etat-Département remonte à près de huit ans lorsqu’en 2017, lors de la rédaction du premier Schéma Départemental d’Amélioration de l’Accessibilité des Services au Public (SDAASP), la Préfecture des Pyrénées-Atlantiques sollicitait le Département pour qu’il s’associe à l’ARS en vue de co-piloter une initiative sur ce sujet. C’étaient les prémices de Présence médicale 64. « Une de nos spécificités est d’être partis d’une base réglementaire, validée par l’État, pour travailler sur la démographie médicale », observe Thierry Carrère, vice-président du Département, délégué notamment à Présence médicale 64.

Pour l’ARS Nouvelle-Aquitaine, la pertinence et la réussite de Présence médicale 64 ne sont plus à prouver. « Ce dispositif répond au premier sujet d'inquiétude des Français sur la santé, qui est l'accès aux médecins, explique Benoît Elleboode, le Directeur général de l’ARS à Bordeaux. Il s'attaque à la priorité politique en santé et répond parfaitement à une urgence de problématique de service public qui est l'accès aux médecins ».

L’approche ouverte et fédératrice de « PM64 », via ses comités de pilotage dans lesquels le corps médical est partie prenante depuis le début, est en grande partie à l’origine de cette reconnaissance. « Pour être efficace en politique publique, une règle simple existe : ensemble, on est plus fort que tout seul, rappelle Benoît Elleboode. Qu'une collectivité, ici un Conseil départemental, s'occupe du sujet, et qui depuis longtemps a pris l'initiative, ne peut que nous rendre tous plus efficaces. Dès le début, il s'en occupe avec nous, jamais en concurrence, toujours en logique de synergie et de complémentarité. Ils ont fédéré tout le monde, c'est leur grande force ».

L’ARS Nouvelle-Aquitaine s’est ainsi inspirée de l’expérience de Présence médicale 64 pour créer, en 2024, un outil de développement des dispositifs d’accompagnement des internes dans les départements de la région : « Terre d'accueil jeunes médecins ».

Le Département est-il l’échelon idéal ?

L’expérience Présence médicale 64 révèle autre chose : elle montre qu’un département est sans doute l’échelon idéal pour mener des politiques d’accompagnement à l’installation et des guichets uniques. Les Conseils départementaux ont de sérieux atouts à faire valoir : la connaissance des élus, des territoires, de leurs subtilités et de leur histoire. Aucune autre collectivité, ou organisme, ne les maîtrise à ce point.

Pour Jean-Jacques Lasserre, le Président du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, les Départements peuvent être des moteurs. « Par le passé, nous avons été désignés comme désuets, alors que nous remplissons des missions essentielles de solidarité sociale et territoriale, analyse-t-il. Le Département est à la bonne échelle et c’est pour cela qu’il revient à la mode ». Pour Thierry Carrère, le constat est clair : « L’ancrage territorial, c’est nous, le Département, qui l’avons ».

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/installation-de-medecins-presence-medicale-64-une-reussite-transposable-ailleurs

Reste à pérenniser la dynamique, puisque tout ce qui touche à la démographie médicale ne se règle que dans le temps long. « A nous tous de trouver la bonne formule au côté de l’Etat », estime Jean-Jacques Lasserre, pour qui la gouvernance innovante de Présence médicale 64, bâtie autour de ce copilotage ARS-Département et de l’implication de l’ensemble des acteurs de la santé et des territoires, est à préserver coûte que coûte. « C’est cette gouvernance qui a fait le succès d’une démarche qui inspire aujourd’hui de nombreux territoires ! ».

- Un article écrit avec le soutien et l’éclairage des membres du collectif Présence médicale 64.
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