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What’s up Doc : Qui se cache derrière Falciparum et Bloody Nurse ?
Falciparum : Ma femme est infirmière. Moi, je suis médecin généraliste diplômé de la faculté de Nancy où j'ai fait mon externat puis mon internat. J'ai d’abord exercé en libéral avant de faire essentiellement du salariat en soins palliatifs et en soins de support oncologique. Actuellement, je travaille à Perpignan.
Techniquement, nous sommes facilement identifiables. Mais, ne pas parler en notre nom nous permet plus de liberté par rapport à notre hiérarchie.
Qu’est-ce qui vous a amené vers la réalisation de podcasts et pourquoi se spécialiser en affaires judiciaire ?
F. Le true crime est un style de podcast qu'on apprécie écouter. Nous concernant, tout a commencé pendant la pandémie de Covid. Contrairement à beaucoup d’autres professions, nous étions pas mal occupés. À cette époque, beaucoup de gens s’ennuyaient et ont débuté le podcast. On s’est dit : « Pourquoi pas nous ? » Naturellement, l’idée de traiter d’affaires judiciaire dans le monde médical s’est imposé puisque c’est ce que nous connaissons le mieux.
Aviez-vous des connaissances de base sur le montage audio ?
F. J’ai tout appris en autodidacte. Au début, lorsque nous avons voulu lancer le podcast, nous habitions à La Réunion. Nous avons dû composer avec les moyens du bord parce que c'est un peu plus compliqué d'avoir accès à du matériel là-bas par rapport à l'Hexagone.
Mais, on revendique ce côté amateur parce que ça reste un podcast qu'on fait par plaisir sur notre temps libre.
Vos métiers sont déjà très prenants, comment vous trouvez le temps ?
F. Nous nous y consacrons les weekends ou le soir. On enregistre généralement à partir de 21h et ça nous prend toute la soirée. Idem pour les recherches et l’écriture. Notre rythme de production nous convient pour l’instant. Il y a un épisode toutes les deux semaines, mais on alterne : une fois mon épouse, une fois moi. Ce qui nous fait, finalement, un épisode par mois, donc on s’en sort bien ! Parfois, nous réalisons des collaborations ponctuelles, comme récemment, avec les créateurs du podcast Le scénario du pire qui parle aussi d’affaires judiciaires au sens large.
Les trois épisodes coréalisés portaient sur les mères suspectées d'infanticide. Nous sommes intervenus en tant qu’experts scientifiques, parce que le dossier médical est important dans ce type d’affaires.
« Notre rythme de production nous convient pour l’instant. Il y a un épisode toutes les deux semaines, mais on alterne : une fois mon épouse, une fois moi. »
À quel type d’affaires s’intéresse Med Sins City ?
F. On traite des crimes « classiques », certes commis par des soignants, mais qui n’ont pas de lien avec leur profession. Mais on parle aussi de crimes qui ont tout à voir avec la médecine. Par exemple, le prochain épisode parle du Dr Wouter Basson, médecin cardiologue qui était le chef du programme de guerre chimique et bactériologique de l'Afrique du Sud pendant l’apartheid.
Comment trouve-t-on le bon ton pour parler de sujets aussi sensibles ?
F. Nous essayons de raconter l'histoire telle qu'elle est. On ne fait pas de sensationnalisme. Notre but n’est pas d’être gore ou trash. On relate les faits en mettant en perspective les manquements déontologiques des médecins comme pour Wouter Basson. Mais en ce qui concerne, par exemple, Jean-Claude Roman, à qui nous avons dédié un épisode, c’est comme si nous racontions une histoire. Nous ne donnons pas notre avis dans des cas comme ceux là qui ne relèvent pas d’un débat sur l’éthique du soignant.
Sur quelles sources vous vous appuyez pour réaliser les épisodes ?
F. Pour les éléments « historiques », on consulte la presse, les livres, les ressources en ligne, des documentaires et parfois d'autres podcasts. Pour le côté scientifique et médical, on s’intéresse aux ressources scientifiques classiques en faisant des recherches bibliographiques.
Depuis la création de votre podcast, dans quelle histoire avez-vous préférer vous plonger ?
F. J’ai beaucoup aimé raconter l'histoire du Dr Norbert Bartosek qui s’est déroulée dans les années 30. Au départ, c’est un simple médecin sympathisant anarchiste qui a décidé de diffuser la pratique de la vasectomie afin que les anarchistes et libertaires ne se reproduisent pas. Ces derniers ne voulaient pas avoir d'enfants pour qu’ils ne deviennent pas ouvriers dans les usines d’armement ou ne servent de chair à canon dans l'armée.
Bien qu’il n’ait jamais forcé personne à réaliser de vasectomie, ce médecin a été poursuivi pour crime contre l’État, puis incarcéré en France. C'est une histoire qui m'a permis de me replonger dans cette Europe des années 30 perturbée par des idéologies extrêmes.