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À Patay, petit village de la Beauce de 2 190 habitants situé à 30 kilomètres d'Orléans, l'arrivée de nouveaux soignants a été accueillie comme un « soulagement », se réjouit l'une des patientes, Jacqueline Guignard. Depuis plusieurs années, cette retraitée de 76 ans n'avait plus de médecin traitant.
Dans ce centre de santé, l'un des vingt qui accueillent les 69 professionnels salariés par la région, les rendez-vous s'enchaînent et c'est tout un bourg qui récupère son autonomie, selon Jacqueline Guignard.
Trois médecins ont préféré le salariat au libéral et se relaient pour assurer les consultations, comme Mathilde Pottier, 30 ans, qui y a trouvé la possibilité de ne faire « que du médical ».
« Dans le libéral, les contraintes horaires et du temps consacré à l'administratif étaient une charge », dit-elle. Avec des secrétaires médicales présentes au centre de santé, « j'ai vraiment pu me dégager ce temps-là », avec le sentiment de répondre à un « vrai besoin ».
25% des habitants de la région n'ont pas de médecins traitants
Dans un autre centre à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire), Belkacem Otsmane s'est lui aussi tourné vers le salariat après avoir été « lessivé par la paperasse ».
« L'activité libérale est bien, mais elle m'épuisait. Quand on arrive ici, tout est mis à disposition du médecin pour qu'il puisse exercer : le centre, le secrétariat, le matériel médical », résume-t-il.
Historiquement, « beaucoup de médecins libéraux étaient installés » dans cette ville de la métropole de Tours, mais « beaucoup ont pris leur retraite, donc on a rapidement eu des plannings très chargés » pour répondre aux manques.
En réinstallant des médecins dans des territoires « sous-dotés », Belkacem Otsmane l'assure : « on évite plein d'hospitalisations en permettant aux gens d'être suivis ».
Selon la Région, le Centre-Val de Loire est la dernière en termes de densité médicale de médecins généralistes (101,8 pour 100 000 habitants contre 125,2 en moyenne à l'échelle nationale).
Cinq départements sur six y sont en deçà de la moyenne de la France hexagonale et 25 % des habitants ne disposent pas de médecin traitant.
« Nous avons multiplié les initiatives ces dernières années pour tenter de combler ces manques », assure le président de la Région François Bonneau (PS).
Objectif : 150 médecins salariés
Le Centre-Val de Loire a ainsi été le premier territoire à salarier des professionnels de santé en 2019, sans parvenir toutefois à remplir la promesse de 150 médecins en 2025, pas plus que ne devrait l'être celle des 300 embauches en 2028.
Un rapport de la chambre régionale des comptes en 2023 affirmait par ailleurs que ce modèle n'avait pas encore « démontré sa plus-value ».
« Les objectifs étaient ambitieux, mais tout ceci monte en puissance », veut croire François Bonneau, indiquant que la participation auprès du Groupement d'intérêt public (GIP) régional, qui salarie les médecins, serait inférieure à un million d'euros en 2026.
Un salaire brut de 5 500 euros est proposé pour un médecin en début de carrière.
Tous « les domaines en matière de santé sont aujourd'hui marqués par la difficulté de recrutement, et ce qui compte pour nous, c'est de mettre en avant des conditions de pratique », ajoute-t-il.
« Nous avons été précurseurs : l'Occitanie et la région Auvergne-Rhône-Alpes avancent depuis dans ce sens », « preuve » selon lui de l'intérêt du projet, mais aussi forme de nouvelle concurrence pour attirer de nouveaux profils.
75 000 consultations ont déjà été réalisées en 2025 par les médecins salariés et ce sont plus de 27 000 habitants du Centre-Val de Loire qui disposent désormais d’un médecin traitant grâce à ce dispositif, selon la Région.
« Il reste beaucoup à faire, bien sûr, mais face à une telle préoccupation, c'est assez significatif », conclut François Bonneau.
Avec AFP
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