Louise Valette, première année d’internat, se souviendra longtemps du week-end d’accueil des internes de Bordeaux organisé à Lescun, en septembre 2022, par « PM64 », comme on surnomme ici le dispositif cocréé par le Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques et l’ARS Nouvelle-Aquitaine en 2019. « C’était magnifique, en plein milieu des Pyrénées », se souvient-elle. Mais au-delà de la beauté du site et des activités proposées, ce qui l’a marquée d’emblée était le soin accordé au relationnel et aux liens humains. Avec l’équipe du dispositif, les habitants, producteurs locaux, médecins du territoire ou élus rencontrés à l’occasion. Un signe qui ne trompe pas, c’est à cette occasion que la néo-interne rencontrera sa colocataire, mais aussi plusieurs membres du Simga (Syndicat des internes en médecine générale d'Aquitaine), jusqu’à l’intégrer et en devenir chargée de mission.
« Il ne s'agissait pas juste d'aller boire un verre ou de se promener »
Adrien Kienlen, lui, a vécu son premier contact avec l’univers Présence médicale 64 lors d’un week-end organisé en décembre 2022 à Crouseilles, dans le Madiranais. Au programme : vendanges tardives et rencontres, là aussi, avec des producteurs et des habitants. Tout juste élu secrétaire général du Simga, l’interne tombe sous le charme et s’étonne : « Il ne s'agissait pas juste d'aller boire un verre ou de se promener, nous avons vraiment pu échanger avec des habitants, ils n’avaient rien à voir avec la médecine mais nous livraient leur vision et leurs attentes », confie celui qui a effectué son stage de premier semestre chez plusieurs praticiens, entre Pau et Mourenx. Signataire d’un Contrat d'engagement de service public (CESP), Adrien Kienlen applaudit la méthode : « Avec PM64, nous ne sommes pas vus comme de futurs docteurs, l’équipe ne nous met aucune pression pour une installation future, c'est tellement agréable. »
Même sentiment de surprise rencontré chez Sacha Benichou. Impliqué lui aussi au Simga en tant que chargé de mission événementiel, le Lyonnais d’origine évoque ce week-end d’intégration des néo-internes de médecine générale, organisé chaque année, en septembre, dans les Pyrénées-Atlantiques. « Dès les premiers échanges, l’équipe de Présence médicale 64 s’intéresse d’abord à qui nous sommes, à nos passions, notre contexte de vie… De telles rencontres humaines bienveillantes et déconnectées de la sphère professionnelle sont extrêmement précieuses quand on débarque en terre inconnue ». Sacha Benichou et sa compagne, interne en cardiologie, cherchaient « une périphérie attrayante, à proximité de la montagne et de l’océan ». Le 64 leur a tapé dans l’œil. « Sorti de l'externat, je me retrouvais soudain accueilli à bras ouvert par PM64 ou des élus locaux, comme si j’étais un héros ! Ce respect et ce désir de construction dans la durée étaient totalement nouveaux pour moi ».
Une adéquation de valeurs
Nadine Hiale, directrice du dispositif, opine : « Nous croyons profondément dans la jeunesse, ce qui fait que nous voulons que les internes accueillis se sentent pour le mieux dans notre département, comme chez eux, et s'approprient nos projets, nos territoires et un peu de notre identité ». PM64 s’intéresse depuis sa fondation aux nouvelles aspirations de ces futurs médecins et nombreux sont ces derniers qui notent une sincère adéquation entre leurs attentes et l’approche portée par le dispositif. « Notre rôle est de défendre une vision de la médecine générale au cœur du système de soins, affirme Quentin Verne, en 2e année d’internat et président du Simga depuis novembre 2022. Nos valeurs entrent en résonnance et leur guichet unique personnalisé en est le meilleur exemple : puisque nous y croyons aussi, nous en faisons la promotion. »
Et dans des études de médecine qui se résument souvent à des choix à faire, Sacha Benichou constate que PM64 est l’une des rares structures rencontrées « à s'adapter à notre génération, ne pas limiter notre vie à la médecine, prendre en compte l'humain, la famille ou encore les questions de charge mentale. Sa vision, c'est sa grande force », estime-t-il. Nadia Azaou, originaire de Lyon, actuellement en 4e semestre d’internat mais aussi chargée de mission événementiel au Simga, évoque même l’impression d’y avoir presque trouvé une « famille ».
« Un relationnel hyper-chaleureux qui donne envie de rester »
En misant sur la qualité de la relation humaine, PM64 réussit à insuffler un début de sentiment d’appartenance. « Présenter des habitants qui aiment leur terre à des étudiants qui arrivent produit inévitablement des souvenirs et des liens forts, constate ainsi Quentin Verne. PM64 développe une approche, un regard moderne, un relationnel hyper-chaleureux qui donnent envie de rester et de s'investir ici. » Cette philosophie se décline dans toutes les facettes du projet, depuis les relations tissées avec les élus et médecins locaux, mais aussi les dynamiques de collaboration lors des comités de pilotage ou la disponibilité des membres de l’équipe au quotidien.
« Le lien humain est capital pour qu'un guichet unique fonctionne », confirme Raphaël Presneau, président de l’Isnar-IMG, intersyndicale nationale des internes de médecine générale dont fait partie le Simga. « La qualité du lien humain permet à une équipe comme celle de Présence médicale 64 de s’adapter au projet de vie de l’interne ou du jeune médecin, mais aussi de nourrir une connaissance exhaustive du territoire et des gens qui le font. » Ce n’est donc pas un hasard si l’Isnar-IMG suit de près les initiatives menées par PM64, mais aussi d’autres dispositifs de ce type, audités en vue de promouvoir cette approche partout en France. « Nous nous intéressons aux structures départementales, à nos yeux la bonne échelle de réponse aux besoins des internes. Les meilleurs guichets uniques sont ceux qui portent une forte attention à l'accueil des internes et des stagiaires, et PM64 le fait particulièrement bien. Un étudiant ne peut se projeter que dans un endroit qu’il connaît et où il se sent bien entouré, avec des services à sa disposition. Le pivot est totalement dans l'accompagnement et le guichet unique. »
Transmission et esprit de compagnonnage
Pionnière dans son approche, Présence médicale 64 croit enfin dur comme fer dans les vertus de la transmission. Lors du week-end organisé à Lescun, ce petit bijou de la Vallée d’Aspe, Louise Valette a ainsi pu échanger avec un couple de généralistes installés dans les environs, l’occasion pour elle de discuter de ses appréhensions et pour eux de leur épanouissement sur place. « Au fond, PM64 cherche à faire en sorte que chacun s'approprie le territoire à sa manière, analyse l’interne. Et puis l’équipe veille à tisser des liens entre promotions. En tant qu’interne, on arrive souvent seul et déboussolé dans une nouvelle région. Face à cela, ils répondent avec un esprit de compagnonnage intergénérationnel. »
Accueillis avec chaleur, compris et accompagnés de bout en bout, les internes de passage dans les Pyrénées-Atlantiques y trouvent finalement une vraie terre d’accueil. Consciente de l’urgence de mieux écouter et valoriser les étudiants en médecine, Présence médicale 64 réussit son pari. Et si, à la fin de l’internat, cela suscite des vocations territoriales, alors ce n’est que du bonus. « J'ai eu un vrai coup de cœur et je sais déjà que les Pyrénées-Atlantiques vont rester dans un coin de ma tête », glisse Adrien Kienlen. « J’ai l'impression que c’est déjà un peu chez moi… sûrement l’effet de toute cette bienveillance, d’avoir été autant chouchoutée ! », confie de son côté Louise Valette.