C’est d’abord la « classe de la blouse médicale » et la fascination pour le cerveau qui ont poussé Claudia Pouypoudat, oncologue radiothérapeute depuis 7 ans au CHU de Bordeaux, à vouloir devenir médecin. Déçue par des études de médecine qu’elle n’a pas trouvées « palpitantes », elle décide finalement de continuer après avoir compris « dès ses premiers stages » qu’elle aimait le contact avec les patients. C’est aussi lors de ces stages, qu’elle se rend compte que la neurologie, première vocation, ne sera finalement pas pour elle. « Je trouvais que la neurologie était très triste. Les gens faisaient des accidents vasculaires-cérébraux dont ils ne récupéraient pas forcément et on n’avait pas tant de pouvoir que ça sur leur récupération… Heureusement la cancérologie s’est vite montrée », raconte-t-elle.
« Je sais que ça peut paraître bizarre que je dise que la neurologie est triste car pour les gens il n’y a pas plus triste que la cancérologie comme spécialité », plaisante-t-elle. « Comparé aux cancérologues d’il y a 20 ou 30 ans, nous avons aujourd’hui plein de choses à proposer à nos patients donc cette spécialité a une visée beaucoup moins triste que ce qu’on peut penser », affirme-t-elle. C’est donc bien décidée à combattre la « belle saloperie » qu’est le cancer, que Claudia Pouypoudat se lance dans cette spécialité qui était à l’époque « la plus en expansion ».
Allier le clinique et le technique
Quant à la radiothérapie, elle a conquis Claudia Pouypoudat car elle combine un côté clinique, « avec des patients », et un côté technique « qui plaisait bien à la Claudia mathématicienne de l’époque ». « Le rapport à la dégradation du corps des patients, c’est aussi une des raisons qui m'ont poussée à être radiothérapeute parce que les voir en bon état au début et se dégrader jusqu’à la fin, j'ai bien vu que psychologiquement ça allait trop impacter ma vie privée », explique celle qui se définit comme une « médecin qui pense à ses patients le soir ou le week-end ».
C’est avec énormément de bonne humeur, de pédagogie et d’humour qu’elle reçoit ses patients en consultation. Il arrive parfois qu’avec certains d’entre eux la barrière entre le professionnel et le personnel « s’effondre », concède-t-elle. Claudia Pouypoudat affirme, en revanche, ne jamais avoir été « traumatisée » par la mort d’un patient, ce qui est, selon elle, lié à sa spécialité, dans laquelle « on voit beaucoup de gens mourir ». « Étonnamment la fin de vie en cancérologie se passe plutôt bien. Les choses sont préparées et les proches aussi ».
« Les patients parlent assez ouvertement de la mort en cancérologie. Ils se marient avant, font leurs papiers… Ils savent vers où ils vont et nous on essaye de faire en sorte que les symptômes ne les embêtent pas. Parfois, cela se passe presque dans la sérénité. »
La radiothérapie anti-douleur, qui soulage les patients atteints d’un cancer de leurs douleurs chroniques causées par les métastases, est un des côtés « les plus beaux » de son métier. « Les gens ont mal et ils s’en foutent qu’on ne leur guérisse pas leur cancer. Leur plainte à eux, c'est d'avoir mal à l'épaule car le reste ils ne le ressentent pas toujours, ça se voit surtout au scanner. Alors quand on peut les soulager avec une séance de radio, c'est génial ! » L’autre plaisir de Claudia Pouypoudat c’est le moment où elle confie le suivi de ses patients à d’autres médecins car ils sont en rémission. « Ils me disent souvent "Je vous aime bien, mais je suis contente plus vous voir" donc à chaque fois, je suis hyper contente et je leur réponds que je suis aussi ravie de ne plus les voir ».
Son statut de praticien hospitalier la comble. Il lui permet de faire de la recherche mais aussi « d’être dans la transmission avec les internes ». Claudia Pouypoudat ne se voit pas arrêter. Elle sait, en revanche, qu’elle fera évoluer sa pratique et son temps de travail dans le futur. « On reste aussi pour voir toutes les avancées et en radiothérapie, elles vont être assez folles et ça c’est vraiment cool ».