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Contrairement aux autres contraceptifs masculins en développement, souvent basés sur une inhibition hormonale de la spermatogenèse via des dérivés de testostérone, YCT-529 adopte une approche entièrement différente. Il agit en bloquant spécifiquement le récepteur alpha de l’acide rétinoïque (RAR-α), impliqué dans la signalisation de la vitamine A — un élément indispensable à la maturation des spermatozoïdes.
Ce ciblage permet de bloquer la production spermatique sans perturber l’équilibre hormonal. En théorie, cela signifie l’absence d’effets secondaires tels que troubles de l’humeur, baisse de libido, prise de poids ou altération des paramètres métaboliques. Et les premiers résultats cliniques semblent confirmer cette hypothèse.
Premiers résultats humains : une bonne tolérance
Un premier essai clinique de phase I a été mené au Royaume-Uni sur 16 hommes vasectomisés, âgés de 32 à 59 ans. Objectif : vérifier la sécurité d’emploi et la tolérance du YCT-529. Les résultats publiés dans Communications Medicine (22 juillet 2025) montrent que le médicament est bien toléré, y compris à la dose la plus élevée testée (180 mg/jour), sans effet notable sur la fréquence cardiaque, la testostérone, la libido ou l’humeur.
Autre point notable : les taux plasmatiques visés ont été atteints même en cas de prise à jeun, un paramètre important en termes d’adhérence thérapeutique future.
Vers une efficacité contraceptive validée
Les chercheurs entament désormais une seconde phase d’étude, avec une cinquantaine de participants. L’objectif est de démontrer l’effet du YCT-529 sur la baisse du nombre de spermatozoïdes (spermatogenèse) après 28 jours d’administration quotidienne — une étude prolongée sur 90 jours est d’ores et déjà programmée pour 2025.
Les études précliniques menées sur l’animal ont montré une réversibilité complète de l’effet contraceptif en quelques semaines. Reste à confirmer ces observations chez l’humain.
Une révolution contraceptive à l’horizon 2027–2030 ?
Si les prochaines étapes confirment l’efficacité, l’innocuité à long terme et la réversibilité de YCT-529, sa mise sur le marché pourrait intervenir entre 2027 et 2030. Soutenu par le NIH américain et le Male Contraceptive Initiative, ce candidat-médicament pourrait devenir la première pilule contraceptive masculine non hormonale, orale, réversible et sans effets indésirables majeurs.
Un tel progrès représenterait non seulement une avancée scientifique majeure, mais aussi une évolution sociétale profonde. Jusqu’ici, les hommes n’avaient que deux options de contraception : le préservatif ou la vasectomie. Ce nouvel outil, s’il aboutit, offrirait un troisième choix — simple, réversible, autonome — qui pourrait rebattre les cartes dans la charge contraceptive au sein des couples.