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La médecine aime les certitudes. Les recommandations, les référentiels, les scores, les algorithmes. Ils structurent nos décisions, sécurisent nos pratiques et protègent, autant que possible, patients et soignants. Mais l’exercice médical réel, celui du quotidien, s’inscrit rarement dans des certitudes absolues. Il se déploie dans des zones grises, là où la clinique rassure mais où le risque persiste, là où les décisions sont justes… sans jamais être garanties.
« L'Ordre cristallise souvent des frustrations qui dépassent largement son champ réel d’intervention »
Dans ce contexte, la tentation est grande, lorsque survient une complication, un échec ou une incompréhension, de chercher des responsables, voire des coupables. Les institutions, et en particulier l’Ordre des médecins, deviennent alors des cibles faciles. Accusé d’inaction par les uns, de sévérité ou de manigances par les autres, ce dernier cristallise souvent des frustrations qui dépassent largement son champ réel d’intervention.
Pourtant, il faut le rappeler avec force : dans une médecine de plus en plus complexe, exposée, à haut risque médico-légal, les institutions ne sont pas des adversaires du soin. Elles en sont l’ossature. L’Ordre n’est ni parfait ni figé – et il doit, comme toute institution, continuer à évoluer –, toujours est-il que son rôle demeure fondamental : garantir un cadre, rappeler les règles, protéger les patients autant que les médecins, et maintenir un socle éthique commun lorsque les repères vacillent.
« Dans ces périodes difficiles, nous avons plus que jamais besoin d’institutions solides, perfectibles certes, mais présentes »
Ce numéro de What’s up Doc invite justement à sortir des postures simplistes. À comprendre plutôt qu’à dénoncer. À analyser plutôt qu’à opposer. Il explore les tensions actuelles de l’exercice médical, donne la parole à celles et ceux qui innovent, qui s’engagent, qui assument les risques inhérents à notre métier sans renoncer à l’exigence ni à l’humanité.
Car exercer la médecine aujourd’hui, ce n’est pas seulement appliquer des recommandations. C’est décider dans l’incertitude, accepter la part de risque, expliquer, réexpliquer, parfois se justifier, toujours assumer. Dans ces périodes difficiles, nous avons plus que jamais besoin d’institutions solides, perfectibles certes, mais présentes. Les fragiliser systématiquement, c’est fragiliser l’ensemble de la profession.
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À l’heure où l’année s’achève, au nom de toute la rédaction de What’s up Doc, nous souhaitons rappeler cette conviction : c’est collectivement – soignants, institutions, patients – que nous ferons évoluer notre système de santé, sans céder à la défiance ni au repli.
Nous vous souhaitons une fin 2025 la plus apaisée possible, et une année à venir faite de lucidité, de solidarité et de confiance retrouvée dans notre métier et ses fondations.
Très belles Fêtes à toutes et à tous, et rendez-vous en 2026 pour continuer à penser, débattre et exercer ensemble.