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Shi est devenue célèbre en novembre dernier, lorsque son adversaire, sa compatriote chinoise Feng Xiaocan, a dû être évacuée sur une civière, victime d'un coup de pied dévastateur. C'est ce soir-là qu'elle a décroché son contrat avec l'UFC.
Il n'y avait pourtant aucune trace de cette férocité chez la jeune femme discrète, à la voix douce, que l'AFP a rencontrée la semaine dernière juste avant ses débuts à l'UFC.
« Je me retiens un peu », admet la combattante de 30 ans, vêtue de rose pastel et portant de grandes lunettes rondes. « Plusieurs fois, je n'ai pas mis hors combat des adversaires quand j'en avais la possibilité, ce qui leur a permis de se reprendre et de presque inverser le résultat. »
« Je dois m'ajuster mentalement avant chaque match, ne pas trop réfléchir. Avant chaque compétition, je me fais un lavage de cerveau pour rester concentrée sur le combat », raconte-t-elle.
Sa victoire impitoyable contre Feng à Macao l'a propulsée sous les projecteurs des arts martiaux mixtes, et l'a obligée à révéler sa vie secrète à ses parents, qui ne savaient absolument rien de sa carrière dans les cages.
Vendredi, pour sa première à l'UFC dans la catégorie des poids paille, des milliers de fans chinois se sont entassés dans une arène de Shanghai pour la soutenir en hurlant « Allez Dr Shi ». Elle a finalement perdu par décision, mais a quand même reçu une immense ovation lorsqu'elle s'est inclinée pour saluer et remercier ses supporters.
Médecin sous pression
Cette combattante plutôt menue travaille toujours à plein temps dans sa ville natale de Kunming, dans la province du Yunnan au sud-ouest du pays.
Une journée normale commence pour elle à l'hôpital, où elle consulte des patients, prescrit des médicaments et pratique l'acupuncture. « Je continue à donner la priorité à mon travail médical, explique-t-elle, et je ne m'entraîne que lorsque j'ai terminé tout ce que j'avais à faire ».
Enfant, Shi Ming pratiquait le taekwondo et le sanda, un sport de combat chinois, et ne s'est mise au MMA qu'à l'âge adulte. Son physique pourtant, ne semble pas la prédisposer au sport qu'elle a choisi : elle se décrit comme myope, sans grande allonge et petite. Son adversaire de vendredi, la Brésilienne Bruna Brasil, la dépassait de dix centimètres.
Ses parents la soutiennent inconditionnellement. Dans une récente interview à l'UFC, sa mère a rappelé avec émotion les années d'entraînement de Shi à l'adolescence. « Cela n'a pas été facile pour elle de persister jusqu'à maintenant », a-t-elle dit, « je suis incroyablement fière de ce qu'elle a accompli ».
Deux chemins
Shi assure qu'elle ne compte pas abandonner son travail de jour de sitôt. Le revenu stable lui permet de financer son entraînement et son coaching en MMA. « Je ne mets jamais tous mes œufs dans le même panier », sourit-elle. « Je trouve autant de plaisir à pratiquer la médecine qu'à combattre ».
Dans sa famille, soigner est une tradition : deux de ses grands-parents étaient médecins, et elle-même traite souvent ses propres blessures de combat grâce à l'acupuncture. « Quand j'étais jeune, j'aidais dans la clinique de mes grands-parents à toutes les vacances et j'ai voulu devenir médecin depuis cette époque », se souvient-elle.
Elle n'envisage de consacrer plus de temps au MMA que si elle parvient à gravir les échelons du classement UFC. Mais son ambition n'a d'égale que sa fierté : après sa défaite vendredi, elle a affirmé avoir eu l'impression d'avoir « déçu toute la Chine ».
Ses fans sur les réseaux sociaux ne l'ont pas lâchée pour autant. « Dr Shi s'entraîne entre deux injections. Arriver à ce niveau en étant une combattante à temps partiel la place déjà parmi les meilleurs », a vanté un internaute.
Avec AFP
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