L’Académie nationale de médecine et le Conseil de l’Ordre s’inquiètent pour les lapins, voici la réponse de la Ministre déléguée des Professions de Santé

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Le constat est accablant, 6 à 10% des patients ne se présentent pas à leurs rendez-vous médicaux. Ces « lapins », prennent du temps médical, alors que la pénurie fait rage. Les médecins s’inquiètent, et la ministre, consciente du problème, cherche déjà des solutions : communiquer d’abord, et faire payer ces « lapins » c’est envisageable ?

L’Académie nationale de médecine et le Conseil de l’Ordre s’inquiètent pour les lapins, voici la réponse de la Ministre déléguée des Professions de Santé

© IStock

Ce matin, l’Académie nationale de médecine et le Conseil national de l’Ordre des médecins se sont fendus d’un communiqué commun pour interpeller le gouvernement sur les rendez-vous « lapins » qui font perdre 2 heures par semaine aux médecins généralistes et spécialistes. Nous avons interrogé la Ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé, Agnès Fimin-Le Bodo, lundi 23 janvier, sur cette question. Elle partage ce constat, envisage de lancer un programme de communication sur le sujet, et réfléchit à la mise en place d’une solution. Mais comme elle nous l’explique, faire payer le patient est compliqué, en l’état, car comment prouver d’une manière ferme que le rendez-vous a bien été réservé ? Comment prouver que le patient n’a pas appelé pour s’excuser ou se dédire ? Ou mettre le curseur ?

 

Voici l’extrait du communiqué de l’Académie de médecine et du Conseil de l’Ordre :

 

« Plusieurs enquêtes suggèrent que chaque semaine 6 à 10 % des patients ne se présentent pas à leur rendez-vous, ce qui correspond à une perte de temps de consultation de près de 2 heures hebdomadaires pour le médecin quelle qu'en soit la discipline et, par extrapolation, près de 27 millions de rendez-vous non honorés par an. Par ailleurs, près de deux tiers de ces défections concerneraient un premier rendez-vous. Ces chiffres sont le reflet d'une regrettable évolution sociétale.

(…)
 Si l'oubli d‘un rendez-vous pris longtemps à l'avance ou une impossibilité de dernière minute peuvent être exceptionnellement invoqués, l'analyse de ces défections souligne la fréquence des rendez-vous pris en double chez plusieurs praticiens en fonction de la convenance du patient et témoigne d'une déconsidération pour l'acte médical considéré comme un bien de consommation.
 Face à ce véritable problème de santé publique, l'Académie nationale de médecine et le Conseil national de l'Ordre des médecins demandent aux pouvoirs publics : 
            - de sensibiliser et responsabiliser le public par des campagnes d'information dénonçant cette manifestation d'incivilité hautement préjudiciable à l'offre de soins, 
            - d'amender les propositions de loi sur l'accès aux soins, en cours de discussion, afin que le code de la santé publique permette de responsabiliser les patients sur les rendez-vous non honorés. »

 

Et voici la réponse d’Agnès Firmin-Le Bodo interrogée sur les lapins lundi 23 janvier

 

« C’est un véritable problème. Cela représente plus de 28 millions de consultations annuelles qui ne sont pas honorées… Quand on prend un rendez-vous on l’honore ou l’on s’excuse pour que le médecin puisse offrir ce créneau à un autre patient qui en a besoin. Tout le monde doit prendre conscience qu’il a un rôle à jouer dans ce travail de refondation que nous avons engagé, c’est important. »

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/agnes-firmin-le-bodo-travaille-avec-les-medecins-liberaux-et-pas-contre-eux-mais-il-faut

Et lorsqu’on la relance pour savoir si les gens vont devoir payer pour les lapins, elle répond : « Nous sommes en train de travailler dessus, ce n’est pas si simple que ça. Comment vous faites quand un rendez-vous n’est pas honoré ? Qui est au courant de ce lapin ? Il n’y a que le médecin qui sait, personne d’autre. Donc ça repose encore sur le médecin… Je pense que la première des priorités, c’est de réexpliquer, comme on l’a fait cet été pour les urgences : « Avant de me déplacer aux urgences, j’appelle mon médecin traitant d’abord, puis le 15 ». La prise de conscience de nos concitoyens est une partie de la clé. Nous sommes dans un système où tout est un dû, la santé peut paraitre comme un bien de consommation. Ce n’est pas le cas. »

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