CHU de Nantes : les personnels soignants, sous haute pression, sont plus nombreux à vouloir partir

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Sur fond de manque de personnel chronique, les demandes de disponibilités et démissions se sont accélérées en 2021 et 2022 au CHU de Nantes. La CGT tire la sonnette d’alarme ; la direction tente de minimiser.

CHU de Nantes : les personnels soignants, sous haute pression, sont plus nombreux à vouloir partir

© CHU de Nantes

« Un tiers des docteurs juniors urgentistes du CHU se sont mis en dispo en 2021, c’est du jamais-vu ! », pointe un médecin urgentiste présent lors de la conférence de presse organisée par la CGT au CHU le lundi 19 septembre. Les médecins et paramédicaux sont de plus en plus nombreux à prendre des disponibilités ou donner leur démission, rendant les conditions d’exercice encore plus tendues pour ceux qui restent. Signe alarmant : ces départs ne sont plus seulement le fait de professionnels ayant de nombreuses années d’exercice hospitalier derrière eux…

Plusieurs chirurgiens cardiaques ont aussi manifesté leur intention de partir. Ces praticiens expérimentés ne savent plus comment travailler : faute de vacations suffisantes au bloc opératoire, ils ne peuvent pas toujours opérer leurs patients dans des délais raisonnables. Résultat : des interventions reportées pour les patients, avec un risque de perte de chance. En chirurgie cardiaque pédiatrique, les délais d’intervention sont ainsi passés de 3 mois en moyenne à 6 voire 8 mois.

Du côté des paramédicaux, les conditions de travail sont devenues tellement dures qu’elles provoquent des départs. Au cours du seul mois écoulé, trois agressions de personnels par des patients en décompensation se sont produites en psychiatrie, dont l’une à l’arme blanche, témoigne une infirmière du service. L’un des infirmiers agressés a donné sa démission dans les jours qui ont suivi.

La difficile reconnaissance du burn-out au CHU de Nantes

Au total, selon la CGT, 612 départs de professionnels paramédicaux ont été enregistrés en 2021, un chiffre englobant les démissions, demandes de disponibilités et départ en retraite. « Ce chiffre est en forte hausse par rapport à 2015 (avec 436 départs) et les demandes de disponibilité sont devenues plus nombreuses que les départs en retraite, ce qui nous préoccupe beaucoup », a souligné le représentant CGT, Olivier Terrien. Le bilan de santé 2021 de l’établissement montre une forte augmentation des situations d’épuisement professionnel, dont plusieurs ont fait l’objet de demande de reconnaissance en maladie imputable au service. « Mais ensuite, encore faut-il que le taux d’incapacité au travail soit évalué comme supérieur à 25% pour que le travailleur soit indemnisé et là, c’est loin d’être toujours le cas », pointe Olivier Terrien. Or, si ces deux conditions ne sont pas réunies (lien direct entre les troubles et l’activité du travailleur et incapacité de 25%), la personne ne pourra pas être indemnisée pour son arrêt de travail.

Contactée par What’s up Doc, la direction du CHU de Nantes indique que 4 professionnels (trois non médicaux et un médical) « ont été reconnus en épuisement professionnel en 2021 (…) et que leur salaire est maintenu pendant leur arrêt maladie, ainsi que la prise en charge de leurs soins médicaux ».
Par ailleurs, la direction indique avoir enregistré 15 demandes de disponibilité de praticiens hospitaliers en 2022 et 12 en 2021, sur un effectif total de 978 personnels médicaux titulaires. Concernant les personnels non médicaux, elle enregistre en 2022 « une augmentation des départs en disponibilité » : 25 aides-soignantes (sur un effectif total de 1500) et 52 infirmières (sur un effectif de 2300) mais souligne que « ces mises en disponibilité restent modérées au regard de l’effectif total ».

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