Au Tigré les livraisons d’aides humanitaires restent dans le collimateur du gouvernement

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Le gouvernement éthiopien a appelé à renforcer les contrôles de l'aide acheminée au Tigré, accusant les organisations humanitaires d'y livrer plus de carburant qu'autorisé ainsi que du matériel interdit, susceptible d'être utilisé par les forces de cette région septentrionale théâtre d'un conflit armé avec les autorités fédérales.

Au Tigré les livraisons d’aides humanitaires restent dans le collimateur du gouvernement

A la faveur d'une trêve en vigueur depuis la fin mars, le gouvernement fédéral éthiopien a à nouveau autorisé le 1er avril, après trois mois d'interruption, l'acheminement par voie terrestre de l'aide humanitaire vers le Tigré, une aide encore loin de répondre aux immenses besoins de la région, longtemps soumise à ce que l'ONU a qualifié de "blocus humanitaire de fait".

Lors de l'acheminement de l'aide au Tigré, "une attention particulière doit être portée à empêcher que certains équipements soient transférés au TPLF", a déclaré samedi le vice-Premier ministre éthiopien et ministre des Affaires étrangères Demeke Mekonen, en référence au Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti qui gouvernait la région jusqu'à une offensive de l'armée fédérale en novembre 2020 et qui a repris militairement le contrôle de l'essentiel de la région courant 2021.

"J'ai remarqué des tentatives de transporter plus de carburant qu'autorisé et des équipements non autorisés pouvant être utilisés pour servir les visées du groupe terroriste", a-t-il ajouté, cité par la radio-télévision FanaBC liée au gouvernement, lors d'une visite dans la région de l'Afar (nord-ouest) d'où partent les convois humanitaires à destination du Tigré voisin.

L'ONU  estime que "bien que les acteurs humanitaires ont pu livrer du carburant au Tigré ces deux derniers mois, le volume acheminé reste insuffisant"

Il n'a pas précisé la nature des équipements en cause.

"De tels actes violent les lois sur la fourniture de l'aide humanitaire et le gouvernement prévoit d'en discuter avec les agences humanitaires (...) Les Douanes et autres entités doivent renforcer les mesures de contrôle et de surveillance des équipements non autorisées", a-t-il estimé.

Dans son dernier état des lieux de la situation humanitaire dans le nord de l'Ethiopie, publié vendredi, l'agence humanitaire de l'ONU (Ocha) estime que "bien que les acteurs humanitaires ont pu livrer du carburant au Tigré ces deux derniers mois, le volume acheminé reste insuffisant et le niveau des réserves de carburant est bas, entravant sévèrement les opérations humanitaires".

"Les partenaires chargés de la nutrition, par exemple, ont besoin d'environ 24 000 litres de carburant pour distribuer les vivres disponibles, dont du lait thérapeutique et des compléments alimentaires thérapeutiques d'importance vitale, dans environ 240 structures de santé à travers la région", précise Ocha.

Avec AFP

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