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Cet été, le gouvernement qui préparait une cure d'austérité budgétaire pour la Sécurité sociale a multiplié les déclarations sur les « dérives » des dépenses liées aux arrêts maladie. L'ex-Premier ministre François Bayrou puis le ministre (aujourd'hui démissionnaire) chargé de la Santé Yannick Neuder ont notamment laissé entendre que 50% des arrêts de plus de 18 mois n'étaient « plus justifiés ».
« C'est totalement faux. D'où vient ce chiffre ? D'une extrapolation sur un contrôle de 18 000 arrêts de patients, sélectionnés parce que justement, (...) il y avait des doutes. C'est moins de 2 pour 1 000 de l'ensemble des arrêts », a dit la présidente de MG France Agnès Giannotti lors d'une conférence de presse.
Dans Le Parisien, fin juillet, l'Assurance maladie confirmait qu'il s'agissait de contrôles « ciblés », précisant par ailleurs qu'une majorité des patients concernés ne pouvaient pas reprendre le travail mais devraient relever de « l'invalidité ».
« La vie ne rentre pas dans les tableaux Excel »
« Cet amalgame entretenu pendant tout l'été par les politiques pour justifier la politique mise en place de répression, de ciblage et de stigmatisation, ce n'est pas admissible », a critiqué Agnès Giannotti.
Par ailleurs, « l'Assurance maladie ne sait repérer que ce qu'elle rembourse » mais « la vie ne rentre pas dans des tableaux Excel », a poursuivi Agnès Giannotti.
Ainsi, de nombreux malades en arrêt long « ne consomment pas de soins parce qu'ils n'y ont pas accès », a-t-elle argué, donnant l'exemple d'une patiente en attente de rendez-vous chez un rhumatologue depuis six mois.
Elle a fustigé les contrôles et procédures administratives engagées cet été - comme chaque année - contre de nombreux médecins soupçonnés de délivrer trop d'arrêts, à partir d'un algorithme de ciblage qui « reste un mystère ». Sur 43 médecins défendus par le syndicat qui ont répondu à un questionnaire, « 32,5% des procédures ont été abandonnées », a-t-elle dit, critiquant cette procédure qui « rate sa cible une fois sur trois ».
La médiatisation « irresponsable » de ces contrôles « fait passer les patients pour des fraudeurs » et vise à "faire peur à l'ensemble" des médecins pour qu'ils diminuent globalement leurs prescriptions, a-t-elle déploré.
L'Assurance maladie doit enregistrer un déficit de 16 milliards d'euros en 2025, selon ses dernières prévisions.
Avec AFP