
© Midjourney X What's up Doc
Dans son plan qui vise à lutter contre la fraude sociale, estimée à 13 milliards d’euros, Catherine Vautrin cible une « prescription abusive » d’arrêts de travail. Une position qui a fait jaser parmi les médecins. Yohan Saynac veut « sortir de cette ère du soupçon ». Pour lui, il faut davantage se pencher sur les agissements des entreprises. Et, pourquoi pas appliquer un système de bonus-malus pour inciter les entreprises à investir dans le bien-être au travail.
« Parmi les arrêts de longue durée, ceux qui coûtent le plus cher à l’État, il y a beaucoup de personnes en burn-out ou en dépression, liés à un management inapproprié », affirme le généraliste.
De même, ne pas faciliter une reprise adaptée pour le salarié après un arrêt maladie longue durée causerait un prolongement de celui-ci.
Le système de bonus-malus est déjà appliqué aux entreprises pour les accidents de travail, rappelle le vice-président de MG France. Pas choquant donc de l’étendre aux arrêts de travail. Yohan Saynac a bon espoir puisque dans son rapport « Charges et Produits 2026 » publié le 24 juin dernier, l’Assurance maladie reprend sa proposition. « J’espère qu’ils garderont cette idée pour le prochain PLFSS », confie le généraliste.
Revaloriser la médecine du travail
En complément, interrogé par 20 minutes, Frédéric Bizard, professeur d’économie à l’ESCP et président de l’Institut de santé, ajoute : « Le gouvernement ne peut pas dire que la santé mentale est la grande cause nationale de cette année tout en s’insurgeant de l’augmentation du nombre d’arrêts maladie »
L’économiste n’est pas tout à fait aligné avec un système de bonus-malus favorisant les grosses entreprises avec plus de moyens qui peuvent facilement mettre en place ces politiques de bien-être au travail.
Selon lui, c’est l’État qui doit donner les moyens aux employeurs de garantir un cadre de travail bienveillant.
Autre piste ? « Faire de la médecine du travail un élément constitutif de la prise en charge des pathologies chroniques et de la prévention en faisant du dépistage en entreprise. » Fréderic Bizard dénonce un mépris de cette spécialité délaissée par le système de santé, bien qu’essentielle.