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Tout part d’un chiffre avancé par la ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin, le 26 juillet dans Le Monde : « Pour 50 % des arrêts maladie de plus de dix-huit mois, les contrôles ont montré qu’ils n’étaient plus justifiés. » Une affirmation également reprise par d'autres membres du gouvernement, dans le sillage des annonces du Premier ministre sur les mesures d’économie à l’horizon 2026.
Problème : ce chiffre ne reflète pas la réalité des arrêts longs dans leur ensemble, rappelle MG France. Il est tiré du dernier rapport Charges et produits de l’Assurance maladie, mais ne concerne qu’un échantillon restreint et ciblé d’arrêts, choisis précisément pour leur caractère atypique ou litigieux. Selon le syndicat, le chiffre a été « repris sans nuance » et généralisé à tort à l’ensemble des arrêts longs.
Invalidité, reclassement… des décisions hors du champ des généralistes
Autre élément de contexte passé sous silence : les arrêts qualifiés d’« injustifiés » recouvrent souvent des situations qui relèvent d’une autre logique de prise en charge, comme l’entrée en invalidité ou le reclassement professionnel. « Or, ni l’une ni l’autre ne relèvent du médecin généraliste, mais du médecin-conseil de l’Assurance maladie ou de la médecine du travail », rappelle MG France — deux interlocuteurs notoirement difficiles à joindre, selon le syndicat.
Délégitimation et soupçon généralisé sur les médecins
En brandissant ce chiffre, « le Gouvernement jette le discrédit sur les médecins généralistes et leurs patients », déplore MG France. Pour les praticiens, ces affirmations alimentent une défiance injustifiée envers les malades, déjà fragilisés par leur pathologie. « Ils subissent désormais une double peine : celle de la souffrance, et celle du soupçon », dénonce encore le syndicat.
Un appel à la rigueur et au débat
Pour MG France, le débat sur les arrêts de travail ne peut se réduire à des déclarations « à l’emporte-pièce », d’autant plus dans un contexte où les généralistes doivent faire face à des conditions d’exercice de plus en plus dégradées : surcharge de travail, déserts médicaux, complexité administrative.
Le syndicat appelle donc à « un débat responsable, fondé sur des données rigoureuses », et rappelle que les arrêts de travail ne sont pas des outils budgétaires, mais des prescriptions médicales à part entière, reposant sur une expertise clinique.