
Dr Agnès Giannotti, présidente de MG France.
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L’Ondam « impossible à tenir »
Agnès Giannotti dénonce un Ondam de ville fixé à 0,88 %, jugé irréaliste au regard de l’inflation et des besoins de santé. Selon elle, il est volontairement conçu pour déclencher un comité d’alerte et bloquer toute revalorisation conventionnelle.
« On sait dès le départ qu’il est impossible à tenir. Est-ce que ce n’est pas fait pour ? Fixer un Ondam pareil, c’est programmer le mur. »
Elle y voit une atteinte au dialogue social entre le gouvernement et les syndicats médicaux :
« Si de comité d’alerte en comité d’alerte plus rien n’est respecté, quel sens donner encore au dialogue social ? »
Le doublement des franchises : « une taxe sur les malades »
La présidente de MG France s’oppose fermement à la hausse des franchises médicales que le gouvernement présente comme un « forfait de responsabilité ».
« Oser parler de forfait de responsabilité, c’est inadmissible. Moi, j’y vois un forfait d’irresponsabilité politique. »
Elle rappelle que la dépense de santé n’est déjà pas gratuite pour les Français :
« Il y a 20 milliards d’euros de reste à charge direct, sans compter les mutuelles. Ce n’est pas vrai que la santé est gratuite. »
Et elle dénonce l’impact social de la mesure :
« C’est une taxe sur les plus malades et les plus modestes, ceux qui sont juste au-dessus des minima sociaux. »
Elle souligne aussi le risque de désengagement de l’État au profit des complémentaires santé :
« Il n’y a pas d’argent magique : les 400 millions pris aux complémentaires seront payés par les patients, sous forme de hausse de cotisation. »
Mais pour Agnès Giannotti, la mesure franchit un nouveau seuil d’absurdité en voulant faire des médecins les collecteurs eux-mêmes de ces franchises :
« Le gouvernement veut que nous prélevions les 4 euros sur chaque consultation, y compris pour les patients en ALD. C’est une charge administrative ingérable. Il faudrait tenir une double comptabilité et savoir si les plafonds sont atteints ou non. »
Elle y voit une attaque directe contre le tiers payant :
« Les médecins qui ne font pas le tiers payant seront dispensés de ce rôle de percepteur. Cela veut dire que ceux qui continueront à le pratiquer seront pénalisés. Au final, les plus modestes paieront plus cher et perdront le bénéfice du tiers payant. Bravo la politique sociale ! »
L’article 19 du PLFSS : « un faux discours de prévention »
Sous couvert de prévention, l’article 19 introduit selon elle une restriction d’accès au statut d’affection de longue durée (ALD).
« C’est une mesure pas franche, un article joliment intitulé pour faire passer une restriction comme une avancée. »
Elle y voit une tentative de modification des critères d’admission en ALD, notamment pour les diabétiques :
« Ce n’est pas écrit, mais c’est pensé très fort. Derrière le parcours coordonné renforcé, c’est la remise en cause du droit aux soins pour les malades chroniques. »
Et elle avertit :
« Si un diabétique n’est plus reconnu en ALD avant les complications, c’est la fin de la prévention secondaire. On aura des parcours dégradés. »
Le DMP : « une usine à gaz technocratique »
L’article 31 du PLFSS impose aux médecins de renseigner le DMP (Dossier Médical Partagé) sous peine d’amendes jusqu’à 10 000 €. Agnès Giannotti s’en moque ouvertement :
« Lisez-le, c’est du jargon technocratique. Ils n’ont même pas les outils pour le faire. »
Elle dénonce un outil mal conçu :
« Le DMP n’est pas fait pour nous. On ne gagne pas du temps, on en perd. Ils n’ont jamais essayé de s’y connecter. »
Et interpelle directement les décideurs :
« Qu’ils viennent dans nos cabinets voir combien de temps il faut pour ouvrir un DMP ! »
Les centres de soins non programmés : « la financiarisation des soins primaires »
Concernant l’article 21 sur les structures de soins non programmés, elle alerte sur la dérive de leur développement.
« On voit l’arrivée massive de la financiarisation sur les soins primaires. Ces centres trient les patients et ne prennent que les actes faciles. »
Elle critique le manque de régulation et la complaisance des autorités :
« Ces centres ne sont ni identifiés ni contrôlés. Et parfois, on les inaugure en grande pompe avec l’ARS et le maire ! »
MG France se montre très vigilante quant au risque d’un système à deux vitesses :
« Est-ce qu’on veut les encadrer ou les favoriser ? C’est l’avenir qui nous le dira. »
Limitation des arrêts de travail : « une atteinte à la médecine du réel »
L’article 28 vise à limiter la durée initiale des arrêts de travail à 15 jours en ville et 30 jours à l’hôpital. Agnès Giannotti y voit une méconnaissance du terrain :
« Ce qu’on a en face, ce n’est pas des tableaux Excel, ce sont des patients. »
Elle rappelle que l’arrêt de travail est un acte thérapeutique à part entière :
« Les arrêts font partie du traitement, au même titre que les médicaments. »
Et souligne l’absurdité du dispositif :
« Un arrêt limité à 30 jours pour une jambe cassée ? On va juste multiplier les consultations inutiles. »
Absence de mesures sur les conditions de travail : « une occasion manquée »
La présidente regrette que le facteur travail soit ignoré dans le PLFSS, alors qu’il pèse lourd dans les arrêts maladie.
« Les troubles musculosquelettiques et la souffrance morale sont des causes majeures. Et pourtant, rien pour inciter les employeurs à améliorer les conditions de travail. »
Elle plaide pour un système de cotisation modulée selon la sinistralité, à l’image des maladies professionnelles :
« Si on faisait varier la cotisation maladie des employeurs selon le nombre de journées indemnisées, on verrait les arrêts baisser. »
Campagnes de ciblage des médecins : « des pratiques traumatisantes et injustes »
Elle fustige la troisième campagne en deux ans contre les « gros prescripteurs » d’arrêts maladie, menée par l’Assurance maladie.
« C’est inefficace, injuste et traumatisant pour la profession. »
Elle dénonce l’opacité du système :
« Nous n’avons toujours pas eu communication de l’algorithme de ciblage. C’est inacceptable. »
Et souligne le climat de peur :
« On nous traite comme des fraudeurs. On assimile notre pratique normale à du blanchiment d’argent. C’est inimaginable. »
Cette pression aurait déjà des conséquences humaines dramatiques :
« Nous avons perdu une consœur, très impliquée, mise sous objectif et épuisée. Ces objectifs inatteignables tuent. »
Agnès Giannotti clôt sa prise de parole sur un constat grave :
« Nos patients vont de plus en plus mal, mais nos médecins aussi. »
MGF pousse des cris d’orfraie alors qu’ils se vendent depuis des décennies à la CNAM avec des conventions iniques. On ne règle pas les problèmes avec ceux qui ont contribué à les créer… trop facile de bomber le torse maintenant et difficile de se plaindre de la cause que l’on chérit. Le socialisme a toujours mené à l’inefficacité et à la faillite, cela continue et continuera.
Merci MGF