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À 71 ans, le Dr Dominique Tribillac, généraliste à la retraite, mène un combat solitaire mais déterminé contre les référentiels de l’Assurance maladie. Comme le raconte Paris-Normandie, ce médecin dieppois a été sanctionné en 2023 pour avoir prescrit un nombre jugé excessif d’arrêts de travail, principalement dans le quartier populaire du Val Druel.
« Mon objectif, c’est que la Sécu retire son référentiel. Que les médecins qui travaillent dans des quartiers défavorisés soient vraiment considérés comme exerçant dans des quartiers défavorisés », déclare-t-il.
Pour lui, les barèmes actuels de l’Assurance maladie ne tiennent aucun compte des réalités sociales des territoires précaires.
Le tribunal administratif de Rouen a confirmé la sanction le 16 juin 2025, mais Dominique Tribillac a immédiatement fait appel. Peu après, il a reçu une réponse favorable du Défenseur des droits : « Autour du 23 juin, j’ai reçu la réponse positive, m’accordant le statut de lanceur d’alerte. »
Aider les plus fragiles
Pendant des décennies, le médecin a vu défiler dans son cabinet des patients fragilisés par la précarité sociale. Il estime donc que sa pratique, en particulier la fréquence des arrêts de travail, était médicalement justifiée.
« Les habitants des quartiers pauvres présentent davantage de fragilités que les autres, donc plus de risques de se trouver en arrêt maladie », assure-t-il. En face, la CPAM considère au contraire que le médecin se montrait « beaucoup trop généreux ».
Isolé dans sa démarche, le médecin regrette l’absence de soutien de la profession : « Aucun médecin n’est venu me soutenir, excepté un médecin dieppois à la retraite, un autre vers Criel-sur-Mer et un troisième dans le sud de la France. » Il a pourtant interpellé les conseils de l’Ordre et les directions des CPAM, sans obtenir la moindre réponse.
En attendant de comparaître devant le conseil disciplinaire régional puis la cour administrative d’appel – probablement en 2026 –, Tribillac n’a pas totalement raccroché la blouse : il consulte encore trois demi-journées par semaine au centre de santé du quartier Janval.
« J’ai encore énormément de soutien de la part de mes anciens patients. Ils ont beaucoup plus d’importance que mon petit cas personnel », conclut-il.
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