Condamné pour trop d’arrêts maladie, ce généraliste à la retraite devient lanceur d’alerte

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Sanctionné pour trop de compassion ? À 71 ans, le Dr Dominique Tribillac, généraliste dieppois à la retraite, devient la voix dissonante de ceux qui refusent la médecine par algorithme.

Condamné pour trop d’arrêts maladie, ce généraliste à la retraite devient lanceur d’alerte

© Midjourney X What's up Doc

À 71 ans, le Dr Dominique Tribillac, généraliste à la retraite, mène un combat solitaire mais déterminé contre les référentiels de l’Assurance maladie. Comme le raconte Paris-Normandie, ce médecin dieppois a été sanctionné en 2023 pour avoir prescrit un nombre jugé excessif d’arrêts de travail, principalement dans le quartier populaire du Val Druel.

« Mon objectif, c’est que la Sécu retire son référentiel. Que les médecins qui travaillent dans des quartiers défavorisés soient vraiment considérés comme exerçant dans des quartiers défavorisés », déclare-t-il. 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/un-medecin-sous-controle-de-la-secu-sur-les-arrets-de-travail-le-cas-du-dr-dominique

Pour lui, les barèmes actuels de l’Assurance maladie ne tiennent aucun compte des réalités sociales des territoires précaires.

Le tribunal administratif de Rouen a confirmé la sanction le 16 juin 2025, mais Dominique Tribillac a immédiatement fait appel. Peu après, il a reçu une réponse favorable du Défenseur des droits : « Autour du 23 juin, j’ai reçu la réponse positive, m’accordant le statut de lanceur d’alerte. » 

Aider les plus fragiles

Pendant des décennies, le médecin a vu défiler dans son cabinet des patients fragilisés par la précarité sociale. Il estime donc que sa pratique, en particulier la fréquence des arrêts de travail, était médicalement justifiée. 

« Les habitants des quartiers pauvres présentent davantage de fragilités que les autres, donc plus de risques de se trouver en arrêt maladie », assure-t-il. En face, la CPAM considère au contraire que le médecin se montrait « beaucoup trop généreux ».

Isolé dans sa démarche, le médecin regrette l’absence de soutien de la profession : « Aucun médecin n’est venu me soutenir, excepté un médecin dieppois à la retraite, un autre vers Criel-sur-Mer et un troisième dans le sud de la France. » Il a pourtant interpellé les conseils de l’Ordre et les directions des CPAM, sans obtenir la moindre réponse. 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/medecins-en-zone-precaire-ils-tiennent-la-baraque-mais-jusqua-quand

En attendant de comparaître devant le conseil disciplinaire régional puis la cour administrative d’appel – probablement en 2026 –, Tribillac n’a pas totalement raccroché la blouse : il consulte encore trois demi-journées par semaine au centre de santé du quartier Janval. 

« J’ai encore énormément de soutien de la part de mes anciens patients. Ils ont beaucoup plus d’importance que mon petit cas personnel », conclut-il.

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