Un interne de 23 ans meurt, foudroyé par une crise cardiaque. La Chine submergée par le Covid s’indigne

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Le décès soudain d'un jeune interne en médecine en Chine provoque aujourd’hui l'indignation des internautes, inquiets que sa mort soit liée à un possible débordement du système de santé face à l'afflux de cas de Covid.

Un interne de 23 ans meurt, foudroyé par une crise cardiaque. La Chine submergée par le Covid s’indigne

© IStock 

L'épidémie se propage très rapidement en Chine après la levée la semaine dernière de la plupart des restrictions sanitaires, et les autorités ont reconnu qu'il leur était désormais "impossible" de comptabiliser l'ensemble des cas.

Cette vague représente le plus gros défi pour le système de santé chinois - qui souffre de sous-financement chronique - depuis début 2020, quand de nombreux hôpitaux avaient été débordés et de nombreux personnels de santé étaient tombés malades.

Agé de 23 ans, l'étudiant est décédé d'une crise cardiaque hier, a annoncé aujourd’hui l'école de médecine de Chengdu (sud-ouest). Il avait dit se sentir mal après sa journée de travail à l'hôpital.

L'école de médecine n'a pas lié son décès au Covid ni à des problèmes de santé pré-existants.

Mais un mot-clé évoquant l'incident, sur le réseau social Weibo, équivalent de Twitter en Chine, affichait plus de 390 millions de vues, les internautes exigeant de savoir la cause de sa mort.

Nombre d'entre eux demandaient si l'étudiant, dont on connaît seulement le nom de famille, Chen, travaillait en étant malade du Covid.

La tragédie a aussi suscité la colère en ligne au sujet des conditions de travail des médecins en Chine, sur fond d'inquiétudes d'un possible débordement du système de santé, alors que de nombreuses personnes âgées ne sont toujours pas vaccinées.

Les étudiants en médecine sont de plus en plus mobilisés face à l'épidémie en raison d'un manque de personnel, certains employés ayant contracté le virus.

Cette semaine, des centaines d'étudiants en médecine dans les provinces du Sichuan (sud-ouest) et du Jiangxi (sud-est) ont manifesté contre leurs conditions salariales et le manque de protection face au virus.

Aujourd’hui, un responsable de la Commission nationale de santé, qui a valeur de ministère, a suggéré que des médecins retraités pourraient être appelés en renfort.

Plusieurs maisons de retraite et usines à travers le pays ont annoncé ces derniers jours qu'elles maintiendraient un fonctionnement "en circuit fermé"

Une docteure d'un hôpital situé en zone rurale du Sichuan a confié à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que "plus de la moitié" de ses collègues sont atteints du Covid.

"Les médecins et les infirmiers sont sous pression, car l'hôpital manque de personnel", a-t-elle témoigné, précisant que le nombre de patients dans son établissement a doublé depuis que les restrictions ont été levées.

Une capture d'écran d'une discussion de groupe entre étudiants de médecine circulait largement aujourd'hui sur les réseaux sociaux. Des camarades de l'interne décédé y racontent avoir dû travailler même en étant fiévreux.

"Les internes ne gagnent que quelques centaines de yuans (quelques dizaines d'euros, ndlr) par mois (pour faire leurs gardes), alors que leurs frais de scolarité s'élèvent à des dizaines de milliers de yuans", a écrit un internaute.

Les médias d'Etat et plusieurs experts médicaux ont appelé les patients à rester chez eux en cas de symptômes légers, mais les médicaments contre la fièvre sont devenus difficiles à se procurer dans plusieurs villes.

Plusieurs maisons de retraite et usines à travers le pays ont annoncé ces derniers jours qu'elles maintiendraient un fonctionnement "en circuit fermé" - une mesure de confinement où le personnel doit dormir sur place - pour se protéger de cette vague de Covid.

De nombreuses entreprises y ont eu recours ces dernières années en Chine pour assurer la continuité de leurs opérations.

Avec AFP

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