
À gauche, La Dr Marie Bringer, fondatrice et présidente de Winmed. À droite, des captures d'écran du simulateur Winecos.
D’abord, c’est l’écrit ! Les EDN se tiendront du 14 au 16 octobre prochain. Mais la Dr Marie Bringer propose aux futurs internes de déjà s’avancer sur les oraux qui auront lieu au printemps.
La trentenaire tout juste diplômée en psychiatrie a développé, avec une équipe d’ingénieurs informatiques, l'outil WINecos : les étudiants endossent le rôle du médecin le temps d’un examen clinique sur un patient virtuel, dans les conditions réelles du concours.
Cabinet de ville, box des urgences ou visite en chambre : tous les environnements médicaux possibles sont reconstitués, avec pour chacun d’entre eux un large panel de scénarios conformes aux attendus universitaires.
La fondatrice de WINmed, l’entreprise qui a développé WINecos, considère cette évaluation clinique, nouveauté de la réforme du deuxième cycle (R2C), comme « un volet essentiel » de la formation médicale.
Pour autant, elle reconnaît les difficultés identifiées au cours de l’année dernière, et les inquiétudes qu’elles ont générées chez les candidats des promos passée et à venir.
« Je voulais aider les étudiants à se familiariser avec le déroulé de l’examen clinique, de l’interrogatoire au diagnostic, pour qu’ils soient le plus en confiance possible le jour du concours », explique-t-elle.
Comme le jour J
Le simulateur, que What’s up Doc a pu essayer, est assez facile à prendre en main.
À l’ouverture du logiciel, des centaines de scénarios dans différents environnements possibles s’affichent, ainsi que tous les éléments matériels dont dispose le médecin.
Le scénario lancé, l’étudiant se retrouve face à un avatar qui incarne le patient standardisé du jour de l’évaluation.
Et dans les mêmes conditions que le jour J, il dispose de 7 minutes pour réaliser l’examen. « On a rajouté deux minutes pour prendre en compte le temps que l’étudiant prend pour taper ses réponses au clavier », précise le Dr Sylvain Bodard, enseignant à la faculté de médecine de Paris Cité, également impliqué dans la gestion de WINecos.
Sur l’interface, la boite de dialogue permet d'interagir avec le patient, de lui poser les bonnes questions et d’affiner son diagnostic en fonction de ses réponses et des éléments visuels à disposition.
« Selon ce que je tape, l’algorithme reconnaît les synonymes et me fait des propositions au plus proche de ce que j’ai écrit », illustre Sylvain Bodard, qui est aussi radiologue à l’hôpital Necker. Une intelligence qu’il impute au « très gros travail des ingénieurs » en amont.
La consultation continue ensuite sur la table d’examen, où l’utilisateur peut faire « naviguer » le curseur sur le corps de l’avatar-patient, qui, en retour, pose des questions, les mêmes encore qu’attendues à l’évaluation.
« Et comme le jour J, il peut aussi y avoir une phase de prescription », complète la fondatrice de WINecos, en précisant que de plus en plus de scénarios seront incorporées progressivement au logiciel.
« Le futur des ECOS »
À la fin de la session, le logiciel génère ensuite une notation, conformément au barème officiel, ainsi qu’une correction détaillée.
De manière générale, « tout ce qui est intégré au logiciel est calqué sur les standards universitaires », continue Sylvain Bodard, chargé notamment de valider les scénarios rédigés par des universitaires dans chaque spécialité, pour lesquels ils sont rémunérés.
Le radiologue veut même aller plus loin, en dotant les facultés de médecine de cet outil. Pour lui, le logiciel constitue « le futur des ECOS » et devrait à terme remplacer les sessions d’entraînements en faculté, « hyper complexes à organiser ».
« Il faut mobiliser des centaines d’examinateurs, qui pendant ce temps-là ne sont pas dans les services hospitaliers, il faut bloquer quasiment toutes les salles de la faculté…. Même pour nous enseignants, c’est l’enfer », déplore-t-il.
Plus encore, institué à l’échelle nationale dans les facultés de médecine, un outil comme WINecos permettrait de gommer les « inégalités d’évaluation », liées selon lui au caractère trop subjectif de ces épreuves, régulièrement soulevé par les candidats.
« Le problème des ECOS, c’est qu’en fonction de la personne qui joue le patient, elle peut choisir d’aider ou ne pas aider l’étudiant », analyse l’enseignant, « ça casse un peu le côté républicain du concours, où tout le monde était à égalité devant sa feuille ».
Sylvain Bodard espère ainsi montrer par une étude l’intérêt d’un tel outil dans la réussite des étudiants au concours, tout en en maintenant son caractère « égalitaire ».
Mais pour le moment, l’égalité à un coût, alors qu’une récente étude de l’ANMEF a montré que les frais de rentrée pour les étudiants ont augmenté à tous les niveaux.
Comptez 150 euros pour 3 mois d’accès au pack complet de WINecos, 300 euros pour un an. Un coût que Marie Bringer assure avoir calculé après consultation des étudiants.
« On peut aussi acheter à l’unité, si l’étudiant souhaite se concentrer sur une spécialité en particulier », détaille-t-elle, en précisant que « les bénéfices générés sont réinjectés dans le développement de l’outil ».
WINmed propose également un service de préparation aux EDN, qui comporte des QCM transversaux ou focalisés sur une matière.