« Le système a bien fonctionné », a introduit le Pr Benoît Veber, président de la Conférence des doyens, lors d’une conférence de presse jeudi 12 septembre sur le bilan de la réforme R2C, modifiant les conditions du concours d'accès à l'internat, en sixième année.
Celle qui s’est renommée la « promo crash-test » aura pourtant été chahutée jusqu’au bout. Alors que les résultats définitifs de la procédure d’appariement été prévus pour mardi 10 septembre, ils ont finalement été décalés de trois jours, à ce vendredi.
De quoi constituer « une source angoisse supplémentaire pour les futurs internes déjà occupés à organiser leur nouvelles vie », pour Lucas Poittevin, président de l’Association nationale des étudiants de médecine (ANEMF), « cette année a été une accumulation de déconvenues ».
En effet, tout au long de l’année, les étudiants ont dénoncé des couacs dans l'organisation des examens : informations de dernière minute, dysfonctionnements lors des ECOS blancs et plus récemment baisse du nombre de postes et bug informatique.
Sur ce dernier point, les doyens se défendent : « On pilote une réforme, et on doit s’adapter aux imprévus au jour le jour », a rétorqué Benoît Weber, assurant que les néo-internes en attente des résultats n’ont pas été pénalisés.
Et côté évaluation, pour cette première, « les étudiants ont réussi à massivement valider » leurs EDN, qui remplacent désormais les ECNi, et qui ont lieu dès le début de l'année universitaire.
Moins de 3% ont échoué à la première session, et ont pu se rattraper lors de la seconde session en janvier. « C'est un signe que nos étudiants en ont sous le pied et que, de temps en temps, ils ont besoin d'être un petit peu stimulés », a souligné Benoît Veber.
« Une machinerie très lourde »
En ce qui concerne les épreuves orales (ECOS), grande nouveauté de la réforme, les doyens saluent une note classante et importante (30% de la note totale), qui a « réellement permis de participer au classement » des candidats, en particulier dans la « partie médiane » du tableau.
Reconnaissant des imprévus, notamment lors des épreuves blanches, le président des doyens a rappelé que celles-ci étaient « justement là pour identifier des difficultés », qui ont par la suite été « massivement gommées ».
Les doyens espèrent toutefois pouvoir « simplifier » l’organisation des ECOS pour les années à venir, qu'ils ont décrit comme « une machinerie très lourde » à mettre en place.
Les modalités de ces oraux devraient rester identiques au moins pour cette année, du fait de leur inscription dans la loi. « On a une fenêtre de tir assez courte pour convaincre le futur gouvernement de modifier la loi en Conseil d'Etat » à temps pour l'année 2025-2026, a poursuivi le Pr Bruno Riou, secondant de Benoît Veber.
Du côté des représentants étudiants, « on espère quand même que la promo de cette année ne se heurtera pas aux mêmes dysfonctionnements informatiques et problèmes de logistiques que sa prédecesseure », a rétorqué Lucas Poittevin, faisant notamment échos à des salles d’examen mal isolées dans certaines universités, pouvant informer les étudiants sur les sujets d’évaluation.
Fausse polémique ?
Enfin, les doyens sont revenus sur la polémique autour de la baisse de postes d’internat ouverts à la rentrée, qui a fait provoqué de vives réactions, y compris au-délà de la communauté médicale. « C’est une polémique que je ne comprends pas », a répondu le Pr Bruno Riou. « Depuis des décennies, le nombre de postes ouvert est adapté au nombre d’internes postulants ».
Le vice-président de la Conférence estime que « la conséquence sur les hôpitaux va être relativement limitée », prévoyant une hausse des postes dès l'année prochaine. La variation des effectifs est, selon lui, « conjoncturelle » et « assez classique » lors de la mise en place d’une telle réforme, où nombre d’étudiants préfèrent redoubler plutôt que d’essuyer les plâtres.
Une décision pourtant peut-être pas si stratégique du point de vue concurrence selon Bruno Riou : « je pense que ça sera plus difficile l’année prochaine, car la tête de promo va être plus compétente », avec quelque 800 candidats qui ont pris une année d’avance pour réviser.