Été brûlant pour les futurs internes. La phase de simulation de la procédure nationale d’appariement touche à sa fin et la panique se fait d’ores et déjà ressentir.
En cause, un nombre de postes d’internes ouverts par familles de spécialités et par CHU particulièrement bas par rapport aux années précédentes, en dépit de la suppression du numerus clausus. Celui-ci a été fixé début juillet par arrêté à 7 974, contre 9 484 l'année précédente, soit une baisse de près de 16%,
Une diminution en partie due au fort taux de redoublement des étudiants de 5ème année (7% contre environ 3% habituellement), qui avaient préféré passer leur tour pour ne pas « essuyer les plâtres » de la réforme du deuxième cycle (R2C).
À ceux-ci s’ajustent les quelque 300 étudiants qui n’ont pas obtenu les notes plancher aux EDN et aux ECOS, désormais nécessaires pour accéder à la procédure d’affectation.
En mars dernier, le Pr Matthieu Durand, chef du service d’urologie du CHU de Nice et fondateur de What’s up Doc, calculait déjà que plus de 800 internes manqueraient à l’appel à la rentrée, « alors même qu’on en attend plus cette année » dans les hôpitaux. La réalité est encore plus frappante.
À titre d’exemple, la médecine générale a perdu 635 places, l’anesth-réa’ et la médecine d’urgence 79 places chacune, et la chir’ plastique et reconductrice a réduit ses effectifs de moitié.
« Trop d’étudiants devront choisir une spécialité par dépit »
Inquiets de ne pas pouvoir décrocher la spécialité de leurs rêves, les étudiants de sixième année sont nombreux à s’estimer défavorisés par la réforme et à exiger l'attribution de postes en plus. Une pétition lancée la semaine dernière sur internet par ceux qui se sont renommés la « promotion crash test » a déjà récolté plus de 6 000 signatures.
Conséquence de cette diminution, les spécialités les plus prisées deviennent encore plus difficilement atteignables que d’ordinaire. « Les rangs limites pour accéder à la plupart des spécialités ont bondi de 1000 places », estime Hélène Herubel, à l’origine de la pétition.
« Par exemple, un étudiant qui souhaite faire un internat de chirurgie digestive à Paris doit être aujourd’hui classé parmi les premiers 23 % de sa promotion, contre 35 % l’année passée. Cette différence est inacceptable », détaille le texte.
On redoute ainsi que beaucoup d’étudiants se rabattent sur une spécialité « par dépit » et ne s’y consacrent pas pleinement. « Ils seront moins investis, et la qualité de leurs soins en pâtira », dénoncent les auteurs.
Moins d’internes à la rentrée, c’est également des baisses d’effectifs dont les hôpitaux vont pâtir, déjà en manque de personnel. Ce qui va nécessairement aboutir à des « recours aux FFI (faisant fonction d’interne), qui vont venir pour des stages temporaires de six mois à un an peut-être pour permettre aux services de travailler », anticipe le Pr Matthieu Durand, interrogé mercredi midi sur les antennes de RFI.
L’étranger en ligne de mire
Le Comité Interfacultaire Représentant les Externes en Médecine (CIREM), association qui dit représenter plusieurs centaines d’étudiants en sixième année, s’est lui aussi offusqué de la réduction des postes ouverts, dans une lettre ouverte au ministère de la Santé.
Son président Yanis Bendjelal y dénonce une décision « unilatérale », prise « sans aucune concertation avec les étudiants » de la promotion. Il demande une réunion collective avec les représentants ministériels et les dirigeants des ARS, pour évaluer « la répartition des postes » avant l’étape d’appariement définitif.
Les deux ministères de tutelle, en charge de l’attribution des places ont assuré au Figaro que « les chances relatives sont les mêmes, les étudiants ont accès à quarante choix différents, mais il faut tout de même accepter le principe d’un examen classant et répondre aux besoins des territoires ».
Le CNG, qui supervise la procédure d'appariement, a de son côté renchéri auprès de nos confrères d’Egora : « Il faut être très prudent sur les comparaisons avec le système antérieur ». Désormais, les étudiants ne disposent plus d’un classement unique mais « des groupes de spécialités sont constitués (…) ce n'est plus pareil ».
Dans ce contexte, nombre d’étudiants envisagent de poursuivre le troisième cycle à l’étranger : sur des groupes d’entraides, on demande des conseils sur le système belge, suisse ou encore allemand. « C’est une tentation que l’on peut comprendre », a réagi Matthieu Durand, qui conçoit toutefois difficilement l’utilité de quitter la France après six ans d’études « difficiles et exigeantes ».
Est-ce que cette pétition a une chance d’aboutir à quelque chose ? « C’est possible », selon le fondateur de What’s up Doc. Et au CNG de rappeler auprès d’Egora que « nous ne sommes que dans une phase de simulation ». À voir donc comment la situation évolue dans les prochaines semaines.
Quoiqu’il en soit, du côté des futurs internes, on tente de s'organiser collectivement sur les réseaux sociaux. Certains envisagent même de se mobiliser dans la rue pour faire entendre leurs revendications.
En attendant une éventuelle révision des attributions, nous vous invitons à consulter notre guide « Trouve ton internat » dans lequel nous détaillons l’intégralité des postes disponibles, par CHU et par famille de spécialités.
La réforme de l’Épreuve Déterminante Nationale (EDN) et des Épreuves Cliniques Objectivées et Standardisées (ECOS) pour l’année 2024-2025 suscite beaucoup de préoccupations et d'émotions parmi les étudiants en médecine... et on les comprend ! En particulier les étudiants que j'ai face à moi à la fac médecine @Nice se sentent pénalisés par les changements qui interviennent.
Je voudrais d'abord dire que toutes les années de réformes donnent toujours cette impression... et qu'elles sont parfois... justifiées. Néanmoins, je voudrais aussi partager les raisons de la réforme, leur bien-fondé - auquel je crois - et remettre dans son contexte historique ce qui a été choisi et pourquoi nous en sommes là en sachant bien que ce concours ou cet examen est là avant tout pour préparer à exercer l'un des plus beaux métiers du monde qui est aussi beau qu'il est exigeant... et qui nécessite... d'en suer pour y arriver dans l'intérêt des patients avant tout.
Pourquoi la réforme : il est essentiel de bien comprendre les objectifs de cette réforme. Elle vise à mieux évaluer les compétences cliniques et les connaissances théoriques des étudiants de manière plus pratique et alignée avec les réalités de la profession médicale, de notre métier. Cette réforme cherche à garantir que les futurs médecins soient bien préparés pour les défis cliniques qu’ils rencontreront. C'est une garantie pour les patients aussi - que nous sommes tous un jour potentiellement -. C'est aussi une réforme qui nous aligne avec les pays les plus avancés qui avaient déjà menés cette réforme de longue date.
Équité... et adaptation en question : bien que les changements puissent sembler perturbants - et ils le sont ! - , ils ont été conçus pour être aussi équitables que possible. Les ECOS, par exemple, offrent une évaluation plus directe des compétences cliniques, ce qui peut bénéficier aux étudiants qui ont une forte aptitude clinique mais qui sont peut-être moins à l’aise avec les examens purement théoriques. Avant cette évolution... eh bien, je peux le dire, jamais les aptitudes - le savoir-être - n'avait été évalué. Et je peux dire aussi, qu'aussi bon soit-on devant une copie... c'est une autre aventure devant le visage d'un patient, d'un aidant qui demande à comprendre et à être compris. Les ECOS ne sont pas tout, mais ils réconcilient un peu avec l'objectif d'être un visage humain en pleine interaction avec un patient. Chacun le comprendra, c'est une part de notre métier.
Accompagnement et préparation : les facultés de médecine et les organismes de formation ont mis en place des ressources supplémentaires pour aider les étudiants à se préparer à ces nouvelles modalités d’examen. J'entends souvent le contraire et je veux bien croire que les facultés sont toutes différentes, mais en tout cas, je loue la fac de @Nice où je suis et toute l'équipe pédagogique qui au fil des années n'a pa failli, a mis en place des entraînements à ces ECOS, notamment, nouvelle épreuves pour les étudiants mais tout autant pour les enseignants. Il est crucial de tirer parti de ces outils qui ont été inités dès la promotion parfois avant celle actuelle, tels que les simulations ECOS et les supports pédagogiques mis à jour, pour se préparer efficacement.
Perspectives à long terme... médecin : bien que la réforme puisse représenter un défi à court terme - et oui, c'est vrai, c'est difficile pour l'année 2024-25, je ne dirai pas l'inverse - il est important de garder à l’esprit que l’objectif final est de se former comme médecins encore mieux préparés à exercer dans un environnement de soins de plus en plus complexe avec des patients de plus en plus informés et connaisseurs. Les compétences acquises et évaluées dans ce nouveau cadre seront précieuses tout au long de la carrière médicale. Rendez-vous sur le terrain de l'exercice dans quelques années, nous verrons que les nouvelles générations que vous êtes seront plus pertinentes encore que ce que nous sommes aujourd'hui.
Expression des préoccupations : parlez ! : si des aspects de la réforme semblent injustes ou mal adaptés, il est essentiel que les étudiants fassent entendre leur voix par le biais des syndicats étudiants @Anemf, @Isni, @Isnar-IMG, des associations professionnelles et des canaux de communication ouverts avec les responsables de la formation. Le dialogue est essentiel pour ajuster les dispositifs en fonction des retours du terrain. Donc, des pétitions ont lieu, des revendications émergent de toute part, elles seront de toute façon entendues, il ne faut pas se taire !
Résilience et adaptation... ça fait parti de notre métier à la fin tous les jours ! : la capacité à s’adapter aux changements est une compétence essentielle dans la pratique médicale. C'est vrai dans notre pratique tous les jours. Toutes les présentations de patients sont différentes, même pour une pathologie identique, tout le monde le sait. Cette réforme... agace certes... mais bien qu’exigeante, elle est aussi une opportunité pour les étudiants de développer leur résilience, leur adaptabilité et leur capacité à faire face à des situations nouvelles et imprévues. Soigner nécessite d'être ainsi prémuni et préparé, chacun doit en être conscient, c'est ça le métier.
Solidarité et soutien mutuel... ne pas s'isoler : en cette période de transition, il est important de maintenir une solidarité entre étudiants et senior. @What's up Doc, comme d'autres, sera pleinement le porte-voix du terrain et des ressenti comme le média l'a toujours fait. Il faut aussi entre étudiants, partager des ressources, s’entraider pour la préparation des ECOS, et échanger des expériences peut alléger la charge et renforcer la cohésion au sein des promotions sans oublier son destin personnel car in fine, il restera un classement et une trajectoire pour chacun qui devient médecin.
En résumé... c'est long mais je pense que bien que la réforme de l’EDN et des ECOS présente des défis, elle doit être perçue comme une opportunité pour les étudiants en médecine de développer des compétences essentielles qui les prépareront à une carrière médicale enrichissante et durable sur un métier exigeant qui nécessitera d'être endurant et préparé. Le soutien mutuel, l’utilisation des ressources disponibles et le dialogue avec les instances de formation et des médias porte-voix sont clés pour surmonter les obstacles perçus.