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« L'eczéma précoce (...) pourrait avoir une origine prénatale », concluent les auteurs de cette étude, publiée dans la revue Nature et menée par des chercheurs de l’Inserm, du CNRS et de l’université de Toulouse, sous l'égide de Nicolas Gaudenzio, spécialiste des mécanismes physiologiques impliqués dans les troubles de la peau.
Le but de cette étude était d'étudier les mécanismes qui pourraient causer l'eczéma – également appelé dermatite atopique – du nourrisson. Ces lésions, qui apparaissent généralement dans les recoins de la peau du bébé ou dans les zones en contact avec leur couche, sont souvent très pénibles pour les tout petits.
Pour vérifier leurs hypothèses, les chercheurs ont accru le stress de souris – animaux nocturnes – pendant leur grossesse, en les exposant à une lumière accrue plusieurs fois par jour. Les animaux concernés ont enregistré une nette hausse de leur taux de cortisol, souvent présenté comme l'hormone du stress.
Après leur naissance, les bébés de ces souris ont développé des troubles cutanés absents chez ceux nés de rongeurs n'ayant pas été artificiellement exposés au stress.
Pertubation des gènes immunitaires
Les chercheurs ont ensuite exploré les mécanismes cellulaires à l'œuvre chez les souris pour essayer d'expliquer quel processus avait pu causer un effet du stress maternel sur la santé de la peau des bébés.
Ils ont conclu que la production de cortisol avait perturbé chez le fœtus l'expression de nombreux gènes de cellules immunitaires, les mastocytes. Elles sont habituellement inactives en temps normal et réagissent en cas d'allergie, notamment par la production d'histamine.
« Mais ici, les mastocytes sont déjà activés au repos, dans un environnement neutre, ce qui veut dire que la peau est prédisposée à développer l’inflammation », détaille Nicolas Gaudenzio, cité dans un communiqué.
Ces résultats ne prouvent pour autant pas l'existence d'un mécanisme semblable chez l'humain, au fonctionnement différent à de nombreux titres de celui d'une souris.
Seules de futures études pourront tester l'hypothèse d'un lien direct de cause à effet chez l'humain. Toutefois, les chercheurs ont constaté, à partir de prélèvements chez une cinquantaine de femmes enceintes, qu'un taux élevé de cortisol était ensuite associé à plus d'eczéma chez leurs nourrissons.
Ils souhaitent notamment poursuivre les études sur les systèmes immunitaires et nerveux in utero, notamment lors du deuxième trimestre de grossesse – où les systèmes immunitaires et nerveux se développent dans la peau chez l’humain.
« Ces résultats soulignent l’importance d'étudier comment l'expérience des femmes enceintes affecte la santé des enfants », souligne Nicolas Gaudenzio.
Avec AFP