« Avec mon appli vous avez toute l’anatomie du corps humain en 3D dans votre poche, un rêve pour les étudiants »

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Florian Bernard, 34 ans, neuro-chirurgien au CHU d’Angers et maître de conférences en anatomie, a décidé de se servir des nouvelles technologies pour les mettre au service des étudiants. Entretien avec un médecin novateur.

 

« Avec mon appli vous avez toute l’anatomie du corps humain en 3D dans votre poche, un rêve pour les étudiants »

Florian Bernard, fondateur d'Akivi

What’s up doc : En quoi consiste Akivi ?

Florian Bernard : Akivi est une plateforme d’enseignement de l’anatomie pour aider les étudiants en médecine dans la compréhension du corps humain grâce à une vision en 3D. Nous avons effectué un partenariat avec l’université de Stanford afin d’avoir une banque d’images de dissection conséquente. Pour avoir une vision en 3D, il y a deux options : soit vous prenez un casque de réalité virtuelle à 500 euros, soit vous utilisez l’Iphone et une boîte en carton. Cette dernière solution est celle que nous avons choisie, un peu low-tech. Les étudiants peuvent aussi voir la plate-forme en 2D dans le métro, ou à la BU, s’ils préfèrent. Akivi est Made in France, ce qui n’est pas courant pour ce type de support. Les gros acteurs du marché sont anglophones, irlandais ou américains. Les profs d’anatomie français ont une longue tradition d’enseignement, mais il existe un cloisonnement entre les ressources technologiques disponibles et l’école d’anatomie française.

Vous aviez constaté ce manque dans votre propre enseignement ?

FB. : Quand j’étais étudiant, j’ai toujours eu du mal à apprendre l’anatomie, malgré la conscience de l’importance de comprendre le corps humain pour l’appréhension des maladies… En tant qu’étudiant en médecine et futur chirurgien, j’ai toujours eu à cœur de la comprendre. Quand je me suis dirigé vers une carrière hospitalo-universitaire, il y a 7-8 ans, je me suis rendu compte que ces difficultés étaient aussi exprimées par les étudiants.

J’ai alors cherché comment utiliser les moyens modernes pour leur enseigner le corps humain. L’idée était de leur offrir les bons côtés d’internet, c’est-à-dire l’accessibilité à un contenu de qualité, sous un format ludique, dans un langage qui est le leur, avec la certification du contenu. Nous avons travaillé au CHU et au laboratoire d’anatomie d’Angers. Nous avons réuni les étudiants, les professionnels de santé, les anatomistes. Nous avons déterminé ensemble quels étaient les objectifs et les valeurs du projet. Et Akivi est née !

« Oui, on a fait une enquête locale pour savoir si les étudiants étaient intéressés par Akivi. On a eu un taux de positivité à 95 % »

Quels ont été les moyens mis en œuvre, le temps passé, l’argent dépensé ?

FB. : C’était mon projet pour passer maître de conférence d’anatomie. Tout a été impulsé pour mes étudiants. Je suis à mi-temps, car je suis hospitalo-universitaire. J’ai donc passé beaucoup de temps à créer du contenu.  Aujourd’hui, 20 % de mon temps est alloué au projet. Nous avons été financés d’abord par l’Université, et ensuite par la SATT ouest valorisation, un dispositif né des CHU, des Universités et de la BPI pour accompagner les jeunes chercheurs lors d’une innovation. J’ai créé une innovation pédagogique. Ils m’ont accompagné pour diffuser cette innovation dans un marché, dans une politique plus large, pour qu’on puisse la diffuser aux étudiants. Ils nous ont alloué des fonds pour assurer la structure juridique, embaucher des graphistes et faire naître cette entreprise. Cela représente 350 000 euros. La moitié est issue d’Ouest valorisation, et l’autre moitié vient de fonds régionaux alloués par l’Europe et débloqués par la région Pays de la Loire. Dans le cadre du projet national France relance 2030, la France te l’Europe font beaucoup de choses pour que les enseignants, les enseignants-chercheurs et les médecins puissent avoir l’occasion de passer le cap de l’entreprenariat, chose inconcevable il y a 10 ans.

Avez-vous eu des retours des étudiants ?

FB. : Oui, on a fait une enquête locale pour savoir si les étudiants étaient intéressés par Akivi. On a eu un taux de positivité à 95 %. À ce moment-là, on nous a dit « ce sont vos étudiants, ils vous aiment bien, ils vous ont dit ça pour vous faire plaisir ». La société SATT ouest valorisation a demandé une enquête en externe faite par un autre cabinet de marketing, et là on a eu des taux de positivité à 98 %. Donc il y a un besoin qui est exprimé, une attente maintenant, il faut pouvoir financer. On a envie que l’application puisse être dans la poche des étudiants.

Y a-t-il une vraie différence dans l’apprentissage par les étudiants ?

FB. : Oui on a fait des études en pédagogie pour juger les étudiants qui avaient le contenu et ceux qui n’avaient pas le contenu. Les deux ont eu l’enseignement traditionnel et la note a été améliorée de 15 %. Le vrai changement, au-delà de la technologie, c’est de pouvoir faire de l’anatomie tous les jours, d’avoir une anatomie qui explique aussi les signes cliniques. La place d’Akivi est d’aller dans la poche des étudiants. Et entre deux tours sur FB … on révise.

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Est-elle aussi destinée aux autres professionnels de santé ?

FB. : On peut s’identifier en tant que kiné, que sage- femme, orthoprothésistes. Les kinés vont voir l’appareil locomoteur de manière plus pointu… On a créé 1 700 fiches de synthèse, des vidéos et des QCM. Ce contenu se veut adapté. On ne peut pas avoir les mêmes cours quand on sort du lycée, quand on est neuro-chirurgien ou orthopédiste.  L’enjeu est de pouvoir apprendre l’anatomie à tout le monde et en adapter le contenu.

Cela pourrait-il s’adresser à un médecin généraliste en exercice ?

FB. : Oui, cela peut faire office de formation continue. La difficulté pour les personnels médicaux, c’est souvent le temps médical, donc ce n’est pas notre première cible. On essaie d’abord d’améliorer la formation initiale des médicaux, des paramédicaux avant de viser un public plus avancé de spécialistes.

« On aimerait l’étendre à toutes les facultés de France et à l’ensemble de la francophonie »

Quels sont vos objectifs pour les années à venir ?

FB. : On aimerait l’étendre à toutes les facultés de France et à l’ensemble de la francophonie : la Suisse, le Luxembourg, le Canada Montréal, l’Afrique du Nord. Après l’ensemble de la francophonie, le but est d’angliciser les choses pour toucher un public beaucoup plus large. Et à terme distribuer Akivi en Europe, puis partout dans le monde.

L’application est payante, comment se la procurer ?

FB. : Il faut aller sur les stores et noter Akivi. C’est une application qui est gratuite 3 jours. Ensuite elle est payante. Il y a plusieurs possibilités d’abonnements un mois, 6 mois, un an. Si cela ne vous plaît pas, vous vous déconnectez.  Si cela vous plaît, vous continuez et vous êtes débité. La gratuité est impossible pour nous même si on aimerait. Mais on paye le store, le graphisme. On fait des prix au format de groupe. Pour l’instant, le prix unitaire est à 70 euros par an, donc 5,80 par mois. Il y a des possibilités d’abonnement pour les universités.

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