Plans blancs, lits fermés, services en sursis, l’hôpital n’a pas le temps d’attendre les promesses de Macron

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Les signaux d'alerte se multiplient à l'hôpital, où les pénuries d'effectif aggravées par la grippe et le Covid ne laissent pas de répit en attendant la "grande conférence" sur la santé promise par le président réélu Emmanuel Macron.

Plans blancs, lits fermés, services en sursis, l’hôpital n’a pas le temps d’attendre les promesses de Macron

Les mêmes symptômes ressurgissent, invariablement. Comme à chaque crise, les urgences sont les premières touchées. Des six coins de l'Hexagone remontent des témoignages de fermetures la nuit ou le weekend.

Ainsi, récemment, les services de l'hôpital de Falaise (Calvados) et de la clinique de l'Estuaire au Havre ont baissé le rideau "sur de courtes périodes, en raison de difficultés de planning sur les effectifs médicaux", explique l'agence régionale de santé (ARS) de Normandie.

Non loin, à Cherbourg et Valognes (Manche), l'accès est filtré par le Samu, qui assure depuis janvier "une régulation complète" des urgences de 19h00 à 8h30.

Idem ces dernières semaines à Jonzac (Charente-Maritime), Montmorillon (Vienne) et Marmande (Landes), où des "épisodes de fermeture ont été mis en œuvre" en avril, avec "régulation préalable par le Samu", selon l'ARS Nouvelle-Aquitaine.

Une situation devenue chronique à Laval (Mayenne) où la direction justifie "des fermetures ponctuelles mais régulées de nuit profonde" par "une démographie médicale qui ne permet pas encore d'assurer un fonctionnement normal régulier".

"Les urgences ferment onze nuits en avril faute de médecins", résume crûment Laurence Chartier, déléguée syndicale FO. Et pour cause : "Il y a davantage d'arrêts maladie chez le personnel et on a en plus le Covid et la grippe", déplore-t-elle.

Les gros hôpitaux ne sont pas épargnés : celui de Metz-Thionville a réactivé son plan blanc début avril, soulignant au passage la "saturation (de ses) services d'urgences".

D'autres plans blancs - qui permettent de déprogrammer des opérations et de réaffecter des personnels - ont essaimé, d'est (Belfort, Lons-le Saunier, Pontarlier) en ouest (La Rochelle, Vannes, Pontivy).

A Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor), il est même maintenu depuis décembre "à cause des pénuries sur les ressources humaines", de l'aveu d'Ariane Besnard, directrice de l'hôpital, qui dénombre 80 postes vacants d'infirmières et d'aides-soignantes et "beaucoup d'absents pour cause de maladie".

Malgré les hausses de salaire du Ségur de la santé, le secteur souffre

Une "situation extrêmement tendue" qui l'a conduite à "fermer une quinzaine de lits de chirurgie avant les vacances" de Pâques. En attendant de "faire le plein" d'embauches cet été grâce à la prochaine promotion de l'école d'infirmières, "on a un espoir, c'est la fin du Covid", confie-t-elle.

La décrue de l'épidémie tarde toutefois à se concrétiser à l'hôpital, où près de 25.000 malades infectés sont encore recensés.

Après deux années de crise sanitaire, et malgré les hausses de salaires sans précédent du "Ségur de la santé", le secteur souffre plus que jamais d'un manque criant de bras.

Même des services de pointe se sentent menacés : dans la capitale, l'immunopathologie clinique de Saint-Louis a sonné l'alarme après le départ de la quasi-totalité de ses infirmiers de nuit, bien que la direction des Hôpitaux de Paris (AP-HP) assure que "la fermeture de ce service d'excellence n'est pas envisagée".

"On voit de plus en plus de personnes qui veulent partir", constate Yves Morice, élu SUD au CHU de Rennes. "Les collègues en ont ras-le-bol de ne plus avoir de vie privée" et d'être "sans arrêt rappelés sur leur temps de repos", certains "sont en grande difficulté psychologique, on les voit pleurer", raconte-t-il.

Une détresse censée trouver des réponses dans la grande "conférence des parties prenantes" annoncée par Emmanuel Macron, mais dont le calendrier reste à préciser.

Or, "l'urgence, c'est maintenant", souligne Didier Birig, secrétaire fédéral de FO-Santé, "prêt à se remettre autour de la table" pour négocier de nouvelles revalorisations et des ratios de soignants dans tous les services.

Son homologue de la CGT, Mireille Stivala, veut aussi des discussions "immédiates" pour relever les salaires des soignants "au moins au niveau des pays voisins", mais aussi garantir "un départ anticipé à la retraite" pour ces "métiers pénibles".

Avec AFP

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