Non, la gratuité des soins pour les athlètes olympiques n’est pas une spécificité française

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Plusieurs athlètes étrangères ont fait part sur les réseaux sociaux de leur stupéfaction concernant la gratuité des soins dispensés à la polyclinique du village olympique. Une pratique pourtant habituelle qui relève plus d’un principe olympique que du modèle de soins à la française.

Non, la gratuité des soins pour les athlètes olympiques n’est pas une spécificité française

Captures d'écran des comptes Instagram et Tiktok d'Ariana Ramsey et Ebony Morrison, photos de la polyclinique olympique 

« Je viens littéralement de faire un frottis et c’était gratuit. Je vais aller chez le dentiste et j’ai un examen de la vue la semaine prochaine… Mais quoi ? », s’est exclamée la joueuse de rubgy à 7 américaine Ariana Ramsey sur son compte Tiktok ce week-end. 

La récente médaillée de bronze s’est même offert de nouvelles lunettes, partage-t-elle en se filmant lundi devant l’entrée de la clinique. Un service rendu possible grâce à un partenariat entre les organisateurs et Optic 2000.

Soins dentaires, ophtalmos, gynécos... D’autres athlètes ont également exprimé leur admiration face à la gratuité des soins dispensés pour les athlètes dans cette infrastructure de 3500 m2 située à l’entrée du village olympique

C’est le cas de la sprinteuse américano-libérienne Ebony Morrison, qui s’est elle aussi vantée d’avoir réalisé un bilan complet sans débourser un euro, visiblement conquise par ce qu’elle estime probablement être le prolongement du modèle de prise en charge à la française. 

L’américaine Ariana Ramsey va même plus loin, en décidant de faire de la gratuité des soins, son « nouveau combat » outre-Atlantique.

« Une valeur de l’olympisme » 

Pour l’une comme l’autre des sportives, les « Welcome to France » se multiplient en commentaire sous leurs vidéos, faisant référence à notre système de soins. Certains internautes plus cyniques ont même rappelé aux athlètes que l’Assurance Maladie n’était pas « gratuite » mais bien financée par les cotisations des actifs. 

Pourtant, la gratuité des soins dispensés à la polyclinique du village olympique n’est pas une spécificité de Paris 2024, et encore moins un prolongement de notre modèle de sécurité sociale. 

En effet, l’accès aux soins pour les athlètes « fait partie des valeurs portées par l’olympisme », comme le déclarait la directrice administrative de la clinique Florence Kania lors de notre visite en juillet ; et leur gratuité en est la matérialisation. 
 
« Il s’agit d’un standard né en 1932 aux Jeux Olympiques de Los Angeles », confirme à What’s up Doc une porte parole de Paris 2024. 

Celui-ci  implique que le comité d’organisation (COJOP) de chaque édition fournisse aux athlètes et à leur délégation des soins complets et gratuits à l’intérieur du village olympique, notamment pour pallier les difficultés d'accès qu'ils pourraient rencontrer dans leur pays.

Le rapport officiel du comité international olympique (CIO) pour les Jeux de Rio 2016 fait par exemple état d’« une polyclinique, installée au sein du village olympique » ayant « proposé des soins médicaux gratuits aux 11 000 concurrents et plus ».

À ce titre, la sprinteuse Ebony Morrison a même rappelé qu’elle avait pu se faire dévitaliser une dent gratuitement aux derniers Jeux de Tokyo.

Ce principe de gratuité est d’ailleurs mentionné dans le « contrat de ville hôte » conclu entre le CIO et la ville de Paris en 2018. Celui-ci stipule par exemple qu’au sein de la « polyclinique pluridisciplinaire » qui doit être établie dans le village olympique, les services médicaux « seront fournis gratuitement aux athlètes et des services de traduction seront disponibles »

26 millions d’américains sans couverture santé

Le ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux a également démenti la rumeur d’une supposée prise en charge des soins des sportifs par l’Assurance maladie sur son compte X. « Pas de fausse rumeur ! les soins dont bénéficient les athlètes à la polyclinique olympique sont pris en charge à 100% par l’organisateur Paris 2024 et non par l’Assurance maladie ».

L’admiration des athlètes américaines pour la gratuité des soins est toutefois compréhensible, puisqu’elles viennent d’un pays où près de 26 millions de personnes demeuraient sans couverture santé en 2022, et où les consultations médicales sont particulièrement onéreuses. 

Par exemple, les soins dentaires aux Etats-Unis sont les plus chers des pays du G7, selon une étude du site Healthnews. Une extraction de dent coûte ainsi deux fois plus cher qu’en France. 

Quoi qu’il en soit, le pari du COJOP en termes d’égalité d'accès aux soins semble réussi puisque le Dr Philippe le Van, médecin en chef des Jeux, estimait début juillet qu’entre 20% et 30% des athlètes ne disposent pas d’accompagnement médical dans leur délégation. Un chiffre qui double pour les athlètes paralympiques. 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/video/visitez-en-avant-premiere-la-polyclinique-des-jeux-olympiques-2024

La polyclinique du village olympique, aménagée dans les locaux d’une école de masso-kinésithérapie, fonctionne essentiellement grâce à des bénévoles et peut réaliser jusqu’à 700 actes par jour. 

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