Les médecins cubains à la rescousse des Antilles et de la Guyane

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Sous la pression de sénateurs d'Outre-mer, un article du projet de loi d'organisation et de transformation du système de santé a été adopté, qui permet le recrutement de médecins cubains. 

Les médecins cubains à la rescousse des Antilles et de la Guyane

C’est un article de la loi de transformation du système de santé, qui sera voté définitivement le 16 juillet prochain, passé quasi inaperçu. Sur proposition de sénateurs d’Outre-mer, dont le sénateur de la Guadeloupe Dominique Théophile et la sénatrice de la Martinique Catherine Conconne, le Sénat, avec l’accord du gouvernement, a finalement adopté l’article 21 bis, après l’avoir retoqué à l’Assemblée nationale.
Cet article autorise le recrutement de médecins, chirurgiens-dentistes, de sage-femmes ou encore de pharmaciens provenant d’Etats autres que ceux de l’Union européenne, du Maroc, de la Tunisie, « ou partie à l’accord sur l’Espace économique européen ».
En clair, il s’agit, pour les directeurs des ARS de Martinique, Guadeloupe et Guyane, ainsi que pour Saint-Pierre et Miquelon, de pouvoir recruter des médecins cubains, comme l’a clairement exprimé la sénatrice Catherine Conconne : « Je vous remercie madame la ministre d’avoir pu nous permettre d’avoir accès à cette ressource dans cette région du monde qu’est la caraÏbe de 42 millions d’habitants région dans laquelle se trouve une nation qui n’a pas fait l’impasse sur la santé de son peuple, je veux parler de Cuba. nous sommes vraiment content que la réécriture de cette disposition puisse permettre de faire appel à cette ressource qui se trouve à une heure d’avion de chez nous, autrement dit à des médecins cubains formés. Il sera bientôt envisageable de ne plus attendre un an et demi pour avoir un rendez-vous chez un cardiologue, un ophtalmologue, voire chez un gynécologue. »

Tout aussi satisfait, le sénateur Dominique Théophile a exprimé sa joie dans un communiqué : « Aujourd’hui, grâce à l’amendement n°604 adopté, avec un double avis favorable du gouvernement et de la commission, de nouvelles opportunités s’ouvrent pour la venue de médecins cubains aux Antilles, afin de lutter contre la désertification médicale »

La collectivité territoriale de Guyane avait souhaité recruter des médecins cubains comme le rapportait What’s up Doc, mais la ministre de la Santé Agnès Buzyn avait émis des conditions, comme de soumettre ces médecins cubains à des examens de compétence. À noter que le recrutement de médecins cubains - de manière individuelle et non pas en accord avec un État - était déjà effectif en Guyane depuis 2005, mais n'a pas donné les résultats escomptés. D'après les autorités sanitaires locales, ce "système est très critiqué en Guyane car il a donné lieu à certains recrutements de mauvaise qualité ; la population a perdu confiance par endroits en ses médecins qui "parlent à peine français"". L'actuelle disposition adoptée dans le cadre de l'examen du projet de loi de transformation du système de santé étend ce dispositif à la Martinique et à la Gaudeloupe, tout en le sécurisant, en évaluant les compétences des médecins, et en mettant fin à ce système en 2025. "Nous maintenons un refus clair de toute importation massive de médecins cubains en ce sens nous ne sommes pas en accord avec certains élus locaux", explique les autorités sanitaires de Guyane. 

Depuis lors, l’ARS de Guyane s’est lancé dans une vaste de campagne de recrutement de médecins français avec l’aide de l’agence de communication Planete med. Le recours aux médecins cubains intervient au moment où des ONG ont déposé des plaintes devant la Cour pénale internationale contre le régime de Cuba, accusés de graves violations des droits de l’hommes contre ses médecins en mission. Les médecins en mission sont privés de 70 à 90% de leur salaire, risquent des peines de prison de 3 à 8 ans s’ils abandonnent, entre autres choses. 

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