« Le 28 avril nous lançons la journée sans interne, car personne ne s’occupe de nos conditions de travail désastreuses »

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La colère fait rage dans le monde médical et particulièrement dans les rangs des internes. La journée nationale sans internes va voir le jour le 28 avril. Une journée instaurée par l’ISNI qui tend à se pérenniser, comme nous l’explique Olivia Fraigneau, présidente de l’ISNI.

« Le 28 avril nous lançons la journée sans interne, car personne ne s’occupe de nos conditions de travail désastreuses »

© IStock 

What’s up doc : Pourquoi cette journée de mobilisation ?

Olivia Fraigneau : Depuis le début de mon mandat de présidente, nous passons notre temps à éteindre des incendies, à parler d’exercice futur et d’allongement des maquettes. Il y a finalement assez peu de place pour parler des conditions d’exercice et de vie des internes qui pourtant portent atteinte à la dignité humaine. Aucun projet de loi n’a été porté par les parlementaires, même si à chaque fois qu’un projet de loi concerne de près ou de loin les internes, nous avons rappelé qu’il était indispensable de travailler sur ces sujets. Comme nous n’arrivons pas à en parler, nous avons voulu créer une journée qui donnerait la possibilité de parler des problématiques de l’internat.

Quelles sont vos revendications ?

OF. : Elles sont assez simples, toujours les mêmes : la mise en place d’un décompte du temps de travail des internes fiables et objectifs. Les internes travaillent 58 heures par semaine en France, sans parler de certaines spécialités comme la chirurgie qui atteignent les 90 heures par semaine sans vergogne. Actuellement nous sommes en procédure judiciaire contre l’ensemble des CHU de France. Aucun n’a mis en place quoique ce soit, même si plusieurs CHU sont en train d’y travailler. Les textes sur le temps de travail des internes ont quand même 10 ans maintenant, et nous sommes encore en train demander qu’ils soient appliqués. Nous demandons aussi la revalorisation du salaire des internes. Ils sont des professionnels de santé du premier ordre. Ils représentent 40 % du personnel médical de certains hôpitaux. Ils sont un maillage indispensable à leur bon fonctionnement. Il est temps de les rémunèrer à hauteur du travail qu’ils fournissent. Gagner moins qu’un SMIC horaire en première année d’internat ce n’est pas digne. Enfin, il faut aussi une prise en compte des surcoûts liés au logement et au transport qui ont un impact colossal sur le pouvoir d’achat des internes.

Si demain il n’y a plus de revendications et de combats syndicaux, ces journées s’arrêteront, mais malheureusement, je pense qu’elles ont de beaux jours devant elles.

Pensez-vous que la mobilisation sera importante ?

OF. : Nous sommes à un mois de la journée de mobilisation et beaucoup d’internes nous ont sollicités pour savoir quand le préavis de grève serait déposé afin se déclarer grévistes. Actuellement nous travaillons avec les syndicats de grévistes séniors pour que l’information soit bien diffusée, que les internes aient la possibilité de ne pas aller en stage. Nous espérons avoir un taux de grévistes important.  Nous serons aux derniers jours du semestre, pour rappel la dernière fois que nous avons fait une mobilisation à cette période nous avions eu jusqu’à 20 à 25 % de grévistes toutes spécialités confondues. Donc oui, il est probable qu’il y ait du monde mobilisé.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/tribune-dun-interne-medecins-internes-engagez-vous-quel-que-soit-le-parti-le-syndicat-le

Comptez-vous pérenniser cette journée sans internes ?

OF. : Le projet de journées sans les internes va être réutilisé et a vocation à être pérennisé dans le temps pour sensibiliser la population, les pouvoirs publics, nos institutions de tutelle sur le quotidien des internes. Nous voulons qu’ils se saisissent du sujet. Faire en sorte que l’internat arrête de rimer avec décès. Il faut trouver la bonne fréquence pour que les internes puissent y participer.

Si demain il n’y a plus de revendications et de combats syndicaux, ces journées s’arrêteront, mais malheureusement, je pense qu’elles ont de beaux jours devant elles.

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