La rentée des étudiants belges se fera sous le signe de la grève

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Il y a comme de l’huile sur la gaufre

La rentée des étudiants belges se fera sous le signe de la grève

Pour la rentrée de septembre, en Belgique, les étudiants en médecine francophones ont annoncé un préavis de grève illimitée. La raison ? Un numerus clausus trop faible. Petit retour sur la façon dont ça fonctionne chez nos voisins.
 

Vingt ans. Vingt ans que le mécontentement des carabins belges francophones de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) a débuté. Leur revendication concerne la délivrance du numéro Inami (du nom de leur caisse d’assurance maladie). Un précieux sésame qui permet aux jeunes diplômés d’exercer la spécialité de leur choix, et aux patients de se faire rembourser les soins. Sauf qu’il n’y a pas assez de numéros pour tous les diplômés. Et c’est bien là que le bât blesse.

Dans l’épisode précédent…

Remettons les choses en contexte. À la différence de la France, le concours contraignant en fin de première année n’est en Belgique pas une constante. Depuis vingt ans, au fil des mouvements de contestation des étudiants, il est voté, annulé, déplacé… Il est de retour depuis le premier juin : les carabins ayant validé leur première année ont donc dû passer un examen supplémentaire qui a vu de nombreux diplômés échouer (les « reçus-collés » ).

Ce concours entrait dans le cadre d’un accord établi en 2015 entre la ministre fédérale de la santé Maggie de Block et le ministre francophone de l’enseignement supérieur Jean-Claude Marcourt. Contre un re-calcul des quotas de délivrance des numéros Inami, les francophones devaient instaurer un système de filtrage efficace des étudiants en médecine. Un peu moins de futurs médecins, et un peu plus de numéro Inami, histoire de rééquilibrer un peu la balance.

Seulement, il y a quelques semaines, le calcul des quotas trainant en longueur côté fédéral, la ministre De Block a proposé de maintenir les mêmes que l’année précédente…La décision a été invalidée par le Conseil d’État. Retour à la case départ, sans toucher de numéro Inami. Et ça, ça contrarie une bonne partie des étudiants francophones, déjà fortement échauffés par l'affaire des « reçus-collés ». Ils ont lancé un préavis de grève pour la rentrée académique.

Quand les Flamands en ont ras-le-bol

En attendant, la Wallonie a produit trop de praticiens. « Sur six ans, ce ne sont pas moins de 1000 médecins qui ont été formés en trop par rapport aux voisins flamands », explique le Dr Jacques De Tœuf, vice-président de l’Association belge des syndicats médicaux (Absym). Un déséquilibre qui exaspère clairement les Flamands. Ceux-ci suivent l’affaire avec intérêt, et n’hésitent pas à remettre les francophones à leur place de temps en temps.

Illustration avec cette  lettre ouverte d’un syndicat de carabins local, dont le ton est plutôt franc du collier : « Nous appelons nos collègues francophones à mettre fin à cette interminable lutte contre un contingentement indispensable, à prendre leurs responsabilités et à entamer une réflexion commune constructive face aux problèmes et défis auxquels ils sont aujourd’hui confrontés ». En clair : soyez un peu sérieux et maintenez votre concours en fin de première année. 

Pour le moment, les négociations sont au point mort. On attend quelques nouvelles tribulations pour la rentrée, lorsque la grève aura commencé, mais rien de bien dramatique non plus. En effet, sans l’accord de leurs maîtres de stages, les étudiants en fin de cursus, les plus concernés par ces mesures, ne pourront pas se joindre à leurs collègues grévistes.

Source:

Johana Hallmann

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