Etats-Unis : Joe Biden déclare la guerre au fentanyl

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Le gouvernement américain a décidé de fortement augmenter le budget consacré à la lutte contre la drogue et notamment au fentanyl.

Etats-Unis : Joe Biden déclare la guerre au fentanyl

© IStock

Depuis cinquante ans, les Etats-Unis semblent engagés dans une guerre sans fin contre la drogue. Après la cocaïne dans les années 1970, le crack dans les années 1980 et l’oxycodone dans les années 2000, c’est désormais le fentanyl qui fait des ravages parmi les toxicomanes américains. Considéré comme 50 fois plus puissant que l’héroïne et 100 fois plus que la morphine, cet analgésique opioïde aurait causé 72 000 décès par overdose en 2021, près de 20 fois plus qu’en 2014. La Californie est particulièrement touchée par cette drogue qui a emporté quelques célébrités comme le chanteur Prince, mort en 2016.

Depuis 2020, la Food and Drug Administration (FDA, l’agence américaine du médicament) s’inquiète de l’utilisation croissante de fentanyl couplée à la xylazine, un tranquillisant utilisé en médecine vétérinaire. Les saisies de cette drogue, appelée « drogue du zombie », car elle provoque des escarres, ont augmenté de 200 % dans certains régions du pays depuis 2020. La xylazine a également pour effet de diminuer l’efficacité de la naloxone, le principal antagoniste des opioïdes utilisé aux Etats-Unis : la xylazine a ainsi été détectée dans 31 % des décès par surdose en 2019, contre seulement 2 % en 2015. Les décès liés à la xylazine ont notamment augmenté de 1 127 % dans le sud du pays en 2021.

La naloxone désormais disponible sans ordonnance

Une crise sanitaire qui inquiète jusqu’au sommet de l’Etat. Comme ses prédécesseurs Barack Obama et Donald Trump, le président Joe Biden a, depuis le début de son mandat, pris à bras le corps la question de la lutte contre la drogue. Dans son projet de budget, récemment présenté au Congrès, il propose ainsi d’augmenter de 2,3 milliards de dollars le budget du programme national de lutte contre la drogue, pour le porter à 46,1 milliards de dollars. Cette augmentation du budget permettra notamment d’augmenter la production et la distribution de naloxone. Depuis le 29 mars, ce produit, commercialisé sous forme de spray nasal sous le nom de Narcan, est disponible sans ordonnance et peut être acheté dans un supermarché, une station-service ou sur Internet.

Sur le plan sécuritaire, le gouvernement américain a également annoncé sa volonté de renforcer les opérations de contrôle aux frontières et de démantèlement des laboratoires. Les autorités ont également annoncé ce vendredi avoir mis en examen 28 personnes pour trafic de fentanyl, dont plusieurs membres haut placés du Cartel de Sinaloa, l’une des organisations criminelles les plus puissantes du monde, qui fait régner la terreur dans le nord du Mexique. D’un point de vue plus symbolique, le gouvernement américain a également officiellement qualifié le fentanyl et la xylazine de « danger émergent pour les Etats-Unis ». « Par cette déclaration, nous montrons notre détermination à vouloir sauver des vies et à créer de nouveaux outils pour la santé publique et les professionnels de santé à travers le pays » a déclaré le Dr Rahul Gupta, directeur de l’agence fédérale de lutte contre la drogue.

Une guerre internationale contre la drogue

Mais le président Joe Biden a bien conscience que cette lutte contre le fentanyl doit être menée au niveau international, afin de casser les réseaux de distribution. Le fentanyl est en effet produit au Mexique, grâce à des composés chimiques importés de Chine puis distribués aux Etats-Unis et au Canada. Sur les 28 personnes récemment inculpées aux Etats-Unis on compte d’ailleurs 23 citoyens mexicains et quatre chinois.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/addiction-les-opiaces-debarquent-en-france-saisie-record-dans-les-landes

En janvier dernier, Joe Biden s’est ainsi rendu au Mexique pour tenter de négocier le renforcement de la coopération entre les forces de police américaine et mexicaine dans la lutte contre la drogue. Mais le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador n’a pas montré un grand enthousiasme a l’idée d’aider son voisin américain. « Ici au Mexique, nous ne produisons et nous ne consommons pas de fentanyl » a-t-il déclaré, suggérant au président américain de plutôt s’attaquer à la « décadence morale » de son pays.

Nicolas Barbet
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