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Le procès de Jean-Bernard Fourtillan, pharmacien et professeur honoraire, s’ouvre ce 8 décembre 2025 devant le tribunal correctionnel de Paris. Il est accusé d’avoir conduit, entre 2018 et 2019, des essais cliniques illégaux sur plus de 380 patients atteints de maladies neuro-évolutives ou de troubles du sommeil. Trois autres prévenus – le Pr Henri Joyeux, Marianne Fourtillan et le médecin Jean-Patrick Pruvot – sont jugés pour complicité.
Jean-Bernard Fourtillan affirmait avoir découvert la valentonine, hormone apparentée à la mélatonine, qu’il considérait comme une avancée thérapeutique majeure. Convaincu de « révolutionner » la prise en charge de millions de malades, il a lancé avec sa femme Marianne et le médecin Henri Joyeux une vaste campagne de promotion et d’appels aux dons via le fonds Josefa.
Des essais réalisés en dehors de tout cadre réglementaire
Conférences, vidéos, recrutement de volontaires et mobilisation d’infirmières : le dispositif était présenté comme un essai « clinique », bien que totalement dépourvu d’autorisation de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Les expérimentations ont été menées dans l’abbaye de Sainte-Croix, près de Poitiers.
Le Pr Philippe Damier, alors président du conseil scientifique de France Parkinson, a donné l’alerte en 2019. Il affirme, dans Le Parisien que des patients auraient été incités à interrompre brutalement leurs traitements habituels pour tester les patchs expérimentaux, avec des risques potentiellement « graves, voire mortels ».
L’intervention de l’ANSM en 2019 et la poursuite des activités
En septembre 2019, après signalement, l’ANSM suspend les essais sauvages et saisit la justice. Mais Jean-Bernard Fourtillan aurait continué à promouvoir ses patchs, solliciter des dons et contacter des patients malgré son contrôle judiciaire.
Les investigations le décrivent comme le véritable maître d’œuvre de l’opération. Il est poursuivi pour exercice illégal de la médecine, exercice illégal de la pharmacie, escroquerie, faux, usage de faux et abus de confiance.
Le rôle controversé d’Henri Joyeux
Personnalité connue pour ses positions antivaccin, le Pr Henri Joyeux affirme, selon Le Parisien ignorer le caractère illégal des essais. Les enquêteurs relèvent pourtant son rôle dans la diffusion et le financement du projet, soulignant que sa notoriété a contribué à lui donner du crédit.
Selon La Croix, le fonds Josefa, dont il est co-fondateur, a servi de structure de financement à ces essais illégaux.
Des victimes peu nombreuses mais une possible emprise
Sur près de 400 patients, seuls quatre se sont constitués parties civiles. Le Monde cite l’avocat Me Philippe Marion, qui évoque une forme d’« emprise » sur certains participants, toujours persuadés qu’un traitement prometteur a été empêché d’aboutir. L’ANSM, l’Ordre des médecins et l’Ordre des pharmaciens se sont également portés parties civiles.
Une figure devenue centrale dans la sphère covidosceptique
Jean-Bernard Fourtillan est ensuite devenu une figure covidosceptique, notamment via le film complotiste Hold-Up, où il affirmait que le virus SARS-CoV-2 avait été fabriqué par l’Institut Pasteur, ce qui lui a valu des poursuites pour diffamation.
Âgé de 82 ans, il ne devrait pas assister au procès : Le Parisien indique qu’il aurait été de nouveau interné en hôpital psychiatrique début décembre 2025, information relayée par ses soutiens.
https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/josefa-lordre-des-medecins-porte-plainte-contre-huit-medecins
Un procès prévu jusqu’au 18 décembre
L’audience doit se tenir jusqu’au 18 décembre. Les prévenus devront répondre de leurs responsabilités dans cette affaire qui interroge la vulnérabilité des patients, la porosité avec les milieux pseudoscientifiques et les failles de protection dans l’encadrement des essais cliniques.
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